Depuis quelques temps, dans la capitale rd congolaise, Kinshasa, des jeunes à la recherche de " la force " ou d’exploits sexuels, se ruent sur tous les produits présentés comme stimulant la libido, convaincus qu’ainsi ils feront mieux l’amour. Ces produits vendus par des commerçants et vantés par les consommateurs, inquiètent cependant les médecins. Ces derniers sont formels : « l’usage excessif des boissons fortifiantes et aphrodisiaques provoque des maladies cardiaques ».
On assiste actuellement à Kinshasa à un foisonnement des marques des boissons énergisantes fabriquées localement. Elles sont pour la plupart fabriquées par les « chimistes » des coins de rues.
Sans une prescription médicale préalable, encore moins l’avis d’un médecin quant à ce, les jeunes à Kinshasa consomment plusieurs bouteilles de 300 ml de ces produits en une seule journée. Cela, avec le seul objectif, être performant pendant les rapports sexuels.
" J’ai l’habitude de consommer au moins deux bouteilles de ces produits lorsque j’envisage une relation intime avec ma copine, avance un conducteur de transport en commun, desservant la ligne Lemba- Beau Marché. La consommation de cette boisson aphrodisiaque me permet d’être fort sexuellement et satisfaire à 100% ma partenaire ".
" Actuellement les filles à Kinshasa sont devenues très exigeantes en matière de relations sexuelles, indique Freddy, K., la trentaine révolue. Si vous ne la comblez pas sexuellement elle vous quitte au profit d’un autre partenaire. Pour éviter cela, la solution réside dans la consommation des boissons énergétiques. Quand je prends quelques bouteilles, je suis rassuré de lui donner ce dont elle a besoin".
Pour séduire l’imagination de la clientèle, les fabricants de ces boissons brandissent plusieurs astuces. Ils avancent notamment que ces produits purifient le sang, soulagent l’arthrite, soignent la dépression et la fatigue mentale, régulent le foie, contrôlent la pression artérielle, facilitent l’élimination des graisses et dopent le système immunitaire naturel.
Ils affirment surtout que ces boissons augmentent la quantité de spermatozoïde, la libido et la virilité masculine. C’est d’ailleurs pour ces raisons que les jeunes à Kinshasa les affectionnent tant.
Pourtant, à en croire les spécialistes en andrologie et sexologie, l’usage exagéré et non recommandé des boissons aphrodisiaques et énergisantes provoque des troubles cardiaques. "L’usage exagéré des produits aphrodisiaques peut être à la base de plusieurs maladies cardiaques dans l’avenir ", indique le docteur Ossam Odio, médecin aux cliniques universitaires de Kinshasa.
" Ces produits aphrodisiaques provoquent l’érection prolongée, qui n’est autre que la concentration du sang à la partie génitale. Ce qui, par conséquent empêche le retour aisé du sang dans le cœur tout en augmentant de facto le rythme cardiaque. Ceci qui peut provoquer l’accident cardiovasculaire, l’arrêt cardiaque, ainsi que plusieurs formes de palpitation cardiaque", poursuit le médecin.
Pour sa part, le docteur Felix Monza met en garde la jeunesse congolaise contre la consommation abusive de ces breuvages. " La consommation excessive des boissons énergétiques provoque des maladies psychologiques et organiques", avance-t-il.
" Sur le plan psychologique, les produits aphrodisiaques provoquent la dépendance dans le chef des consommateurs. A force de consommer ces produits, l’usager en devient dépendant, rapporte le docteur Monza. Outre des maladies cardiaques, la consommation exagérée des boissons énergétiques pour des fins sexuelles provoque le cancer des intestins, le cancer de prostate et d’autres maladies rénales ", ajoute-t-il.
UNE AUBAINE POUR LES CABINES TELEPHONIQUES
Au regard de l’affluence que suscitent actuellement les boissons aphrodisiaques dans le chef des jeunes à Kinshasa, plusieurs tenanciers des cabines téléphoniques et des changeurs de monnaie se sont vite lancé dans leur commercialisation. Nombreux parmi eux sont ceux qui écoulent une journée seulement plusieurs paquets de ces produits.
" Actuellement les bouteilles des boissons énergétiques coulent presqu’au même titre que les cartes prépayées. Rien qu’en une journée, je parviens à finir plusieurs paquets ", avance George Bapia, tenancier d’une cabine téléphonique à Matonge, place Victoire.
Les médecins en appellent à la responsabilité de l’Office congolais de contrôle (OCC) afin de prévenir les conséquences néfastes que ces produits pourraient avoir sur l’organisme des consommateurs. " À lire les étiquettes placardées sur les bouteilles de ces boissons énergétiques, et à comparer les réactions que cela produit chez les clients, j’ai comme l’impression que les fabricants dissimilent expressément certains principes actifs néfastes de ces produits. D’où la responsabilité de l’OCC, ainsi que des autorités du pays. Car la santé de la jeunesse congolaise est en jeu ", conclut le docteur Felix Monza. Orly-Darel NGIAMBUKULU
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