Deux commerçants floués et ruinés par des escrocs

Jeudi 17 septembre 2015 - 11:45

Comme si, sur les terres congolaises, les pierres précieuses sont épuisées, le filon diamantifère congolais ayant tari à Tshikapa et Kahemba, les nouveaux trafiquants et tous ceux qui veulent tenter l’aventure dans ce domaine à la recherche du mieux-être, viennent de se tourner vers les contrées frontalières d’Angola. C’est le nouvel eldorado qui attire des jeunes congolais de tous âges, après des nouvelles assez rassurantes faisant état de l’apparition de la nouvelle classe moyenne dans le secteur de l’exploitation minière. Un engouement particulier emballe toute la jeunesse. D’ailleurs, à chacun de leur retour en RDC, ces nouveaux trafiquants, exhibent un luxe insolent, et font grosse impression dans tous les milieux.

Qui n’a pas rêvé leur emboîter le pas ? La plupart de jeunes intéressés par l’expérience de l’émigration clandestine en Occident, se contentent de forger désormais leur bonheur dans les pays voisins, dont l’Angola.

Et en dépit de vagues successives d’expulsions des irréguliers enregistrés dans les contrées angolaises, la ruée vers les mines d’exploitation artisanale continue à exercer son magnétisme sur les jeunes en chômage, dépourvus des modèles et de repères.

Derrière cette activité minière frappée par la baisse des cours mondiaux du diamant, des escrocs se sont infiltrés dans la brèche, sous le label des commissionnaires. Ils sont nombreux et travaillent en réseaux de contrebande organisés. Deux victimes flouées et ruinées ont voulu nous conter leur mésaventure, et à travers leurs récits, donner des conseils aux novices qui ignorent tout dans le secteur.

Après avoir constitué des économies de l’ordre de 1.800 dollars, Lubidi Obiem Odon, 28 ans, a été appâté par l’exploitation minière artisanale en Angola. Dans ce secteur, lui a-t-on dit, on ne peut que réussir. Car, les échecs sont rares. Deux commissionnaires en diamants l’ont convaincu qu’il devait se lancer dans l’aventure.

Sa valise faite, il a quitté sa famille, promettant d’aller tenter sa chance en Angola. Carmona l’accueille sans problème. Il est heureux d’y rencontrer quelques-uns de ses compatriotes. La gaffe, c’est qu’au cours de la première semaine, on lui a apporté quelques échantillons de pierres précieuses.

Les regrets d’une expérience malheureuse dans un domaine inconnu

Novice, il a recouru à ses guides et amis commissionnaires qui vont discuter du prix d’achat. Le marché est conclu pour 1.500 dollars. Sa marchandise empochée, le voilà qui traverse la frontière pour venir écouler son colis à Tshikapa, espérant se faire un grand bénéfice.

Dans un comptoir de diamants, grande sera sa surprise de s’entendre dire que son colis était constitué de tessons de verre. Pas un grain de diamant. Rendu à l’évidence qu’il a été victime d’une escroquerie, le jeune homme a regagné Ngaba, à Kinshasa, déçu et ruiné. Aujourd’hui, il regrette le fait de s’être lancé dans un domaine où il ignorait la matière, des notions de triage et d’évaluation des diamants. Car, il est clair qu’il n’a pas pu déceler par son regard de profane, les tessons de verre lui proposés en lieu et place des grains de diamant.

Une femme commerçante juchée sur une petite fortune, a rêvé booster ses affaires en se lançant dans le trafic du diamant. Thérèse Kisenda, Ma Tété pour les intimes, s’est longuement préparée à la réalisation de ce projet. Et c’est au mois d’août passé qu’elle a voyagé pour cette aventure hasardeuse vers l’inconnu.

Après l’achat des ballots de friperie et autres articles textiles très prisés à la frontière congolo-angolaise, elle a échangé un jour avec des commerçantes qui elles, exploitaient le commerce entre le poste frontalier de Lufu à Songololo et Kinshasa. C’est dans ces circonstances qu’elle a été approchée par des trafiquants de diamants se présentant comme des spécialistes dans ce domaine. Mme Kisenda était emballée par les discours de ces inconnus. Les relations seront approfondies au point que sans hésiter, elle a accepté de conclure à Kinshasa, quelques marchés. La marchandise qu’un faux creuseur lui a vendue au prix de 5.000 dollars, ne valait rien.

La révélation d’un évaluateur en diamant ne pouvait que la surprendre. Les jours suivants, ni les trafiquants et ni le fameux creuseur en séjour à Kinshasa, seront joignables. Ils ont tout simplement disparu de la circulation, surtout qu’elle n’avait pas pris la précaution de connaître leurs domiciles.

Flouée, la jeune dame a définitivement renoncé à ce commerce hasardeux du diamant, parce qu’elle a été roulée et en outre, ce minerai connaît une baisse des cours et de la demande sur les principaux marchés.

Dans les milieux de l’exploitation artisanale du diamant, on signale que des escrocs, membres de nombreux réseaux de malfaiteurs, font des malheurs chez les naïfs. Après des coups, ils disparaissent de la circulation, laissant les victimes dans le désespoir. Ces mésaventures constituent de leçons pour les novices dans le domaine.

J.R.T.