Dialogue, aménagement du calendrier, nouvelles provinces, forcing … Le pourrissement ne profite à personne

Mardi 20 octobre 2015 - 10:44

Le schéma en exécution actuellement en République démocratique du Congo suit une logique d’impasses devant aboutir au pourrissement. Une stratégie pilotée avec une forte dose de malice au point qu’il serait hasardeux de sabler trop tôt le champagne. Le dialogue national, le pénible réaménagement du calendrier électoral, l’installation de nouvelles provinces, la détermination affichée dans des passages eh force en toute circonstance..., sont autant d’éléments du pourrissement qui, au final, ne profitera à personne. Surtout pas au peuple meurtri et confiné dans son statut de dindon de la farce.

 

Tout est fait pour favoriser des impasses dans les démarches politiques qui jonchent la voie conduisant à l’alternance en 2016. Les acteurs de tous les bords foncent droit comme des forcenés sans tenir compte des conséquences désastreuses qui peuvent découler de leurs actes, déclarations et autres visions aussi surréalistes que destructrices.

 

Lorsque la Majorité a proposé à la nation de partir sur des bases saines dans l’organisation de futures élections, en organisant le recensement de la population, l’Opposition s’y est catégoriquement opposée. Elle n’a vu que l’ombre du glissement du calendrier électoral qui permettrait au président Kabila de demeurer aux affaires au-delà du délai constitutionnel. Une analyse froide aurait permis d’obtenir depuis le recensement de la population et connaître de manière sans équivoque le corps électoral en République Démocratique du Congo.

 

Le jeu est désormais connu. A une impasse de la Majorité, répond celle l‘Opposition. Au bout du compte, il n’apparaît pas la moindre piste de sortie de crise. Une crise sempiternelle mais voulue et entretenue par les uns et les autres.

 

En son temps, l’Opposition a scié les côtes à la Ceni en exigeant un calendrier global. Le 12 février 2015, ce fut chose faite. La suite, on la connaît : la feuille a souffert au niveau de son exécution. Impasse ! Bloquée par un manque criant de moyens financiers et matériels pour la bonne exécution de ce calendrier assorti de 23 contraintes, la centrale électorale tourne en rond. Le chronogramme de son travail est enchevêtré et constitué d’éléments qui limitent ses marges de manoeuvre sur le terrain de l’exécution. Même les élections les plus élémentaires sont apparues comme les compliquées du monde.

 

Puisant dans une gibecière pleine de stratégies de conservation absolue du pouvoir, la Majorité ne s’est pas vouée vaincue. Elle a sorti de la besace une nouvelle trouvaille démembrement des provinces. Une opération qui a peiné à se mettre en place durant les deux mandatures. Mais dans le souci de corser les choses et d’alimenter davantage le pourrissement, la MP a remis en selles cette exigence constitutionnelle en l’érigeant en une question de vie ou de mort pour la République.

 

Prise au dépourvu, l’Opposition a laissé faire. Une seule promesse était faite par l’ensemble des analystes ayant les pieds sur terre: rien ne marchera!

 

La prophétie s’est concrétisée, car l’installation de nouvelles provinces a du plomb dans l’aile. Le processus patauge dans la marre de la confusion depuis son lancement. Les nouvelles provinces «mort-nées ou prématurées» souffrent d’une absence totale de gestion. Le «collège» des commissaires spéciaux, créé pour la circonstance, en est encore au niveau du concept. A quand sa matérialisation ? J’ai donné ma langue au chat.

 

Question : qu’est-ce que le gouvernement a gagné en neutralisant toutes les administrations existantes ? Rien qui vaille si ce n’est un dysfonctionnement dont la MP est seule à avoir tiré le dividende. Les commissaires de districts, qui pouvaient expédier les affaires courantes pendant cette période transitoire, ont été mis hors service. Même les assemblées provinciales de nouvelles entités ont été interdites de siéger pour des motifs qui ne résistent pas à une analyse politique rationnelle. Et pourtant, elles ont été boostées pour précipiter un processus qui s’est estompé tel une machine grippée. A ce jour, la confusion est totale.

 

Discrédit des institutions

 

Dans cette stratégie du pourrissement, les choses ne se font pas faites à moitié. Le discrédit sur les institutions se fait sans coup férir. Des accusations vraies ou fausses voient le jour contre le gouvernement. Acculé, l’Exécutif national joue à la défensive, encaissant des coups de l’Opposition et de la Majorité. Le gouvernement en sort fragilisé. La technicité qui était le fort de Matata I a cédé sa place au clientélisme, à la pratique politicienne de la gestion des affaires de l’Etat sacrifiant les compétences sur l’autel des concepts aux contours flous. L’action du gouvernement «est plus ressentie par la population, malgré tous les bruits qui entourent les manifestations de jouissance qui servent de saupoudrage.

 

Le Parlement (Assemblée nationale et Sénat) se distingue par des violations graves de leurs propres textes légaux. Le Sénat a convoqué une session extraordinaire bis qui a fait jaser tout le monde. Pourquoi ? Parce qu’elle a, été expédiée en moins d’une heure, juste pour boucler l’examen et le vote d’un projet de loi qui pouvait bien attendre l’ouverture de la prochaine session ordinaire.

 

Malgré les élucubrations des juristes «les plus respectables », l’opinion interne n’a pas été dupe du tout. Le Sénat, qui avait la cote en hausse s’est noyé dans la mare du discrédit.

 

Spécialisée dans la permanente violation de son règlement intérieur et de la Constitution de la République au nom du nombre, la Chambre basse du Parlement vient d’administrer une nouvelle preuve de son obstination à ne rien respecter qui vienne de la loi. Le bureau s’est autorisé à présider une plénière qui devrait examiner une pétition déposée en bonne et due forme par une frange de députés. Juge et partie, voilà la logique qui a prévalu. Qu’est-ce que ce bureau amputé aurait perdu en se déportant juste pour quelques minutes ? Le doute l’avait-il étrillé ?...

 

LE DIALOGUE NATIONAL ET G7

 

La Cour constitutionnelle qui a ordonné la nomination des commissaires spéciaux pour les provinces démembrées est aussi passée à la trappe. Son arrêt n’est jamais exécuté par le gouvernement, plusieurs semaines après. Quiconque faisait encore confiance à la haute instance judiciaire du pays se révise désormais. Et la liste n’est pas exhaustive sur les autres institutions du pays qui sont victimes de cette stratégie du discrédit de l’ensemble des institutions de la République.

 

Voulu par le président Kabila et des ténors de l’Opposition, le dialogue national tarde à se tenir. Ceux qui ont rejoint par le chef de l’Etat ont vite fait de retourner leur veste,embouchant le langage du refus du dialogue. Impasse supplémentaire A ce jour, volontairement les acteurs politiques refusent de se mettre autour d’une table. Même l’initiateur de la rencontre prend son temps. Au point «énerver les partisans du dialogue à l’instar l’UDPS d’Etienne Tshisekedi.

 

Ancien sociétaire de la MP, le G7 a rejoint il y a peu les rangs de l’Opposition. Toutefois, il bute à un mur : la pluralité d’options et de visions au sein de sa nouvelle famille. Le seul principe de quitter le président Kabila et la MP ne semble pas avoir suffi pour qu’ils fassent facilement un front commun pour l’avenir du pays. Qu’en sera-t-il de l’alternance tant attendue en 2016?

 

LE PEUPLE VICTIME

 

Dans tout ce drame que vit le pays, le peuple est la grande victime. Toutes les souffrances qu’il endure, n’émeuvent pas une classe politique qui se complait dans un enfantillage indigeste dans sa stratégie du pourrissement. Il est incompréhensible que ceux qui ont tout reçu de la République et du peuple ne puissent comprendre qu’en agissant de la sorte, c’est le souverain primaire qui en paiera le plus lourd tribut. A-t-on l’idée de ce que, exaspéré, ce dernier sera capable en cherchant à s’affranchir de ce joug lui imposé par la classe politique?

Wait and see.

 

LE POTENTIEL

 

 

 

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