Comme relevé dans notre édition d’hier mercredi 15 juillet 2015, la diplomatie souterraine semble avoir récupéré le dossier du projet de « Dialogue » entre Congolais, souhaité par les uns sous conditions, et rejeté catégoriquement par d’autres car perçu comme une pure diversion en pleine année électorale. Selon des échos en provenance des coulisses, la Monusco et l’Union Européenne seraient très impliquées dans le processus de consultation des parties antagonistes.
L’on apprend ainsi qu’hormis l’UDPS, consultée lundi et mardi derniers, d’autres sensibilités de l’Opposition ont été sondées au sujet de leur vision au sujet des modalités de résolution de la crise politique actuelle et d’organisation d’un processus électoral transparent et apaisée. C’était notamment le cas de l’UNC Vital Kamerhe, qui a réaffirmé son refus et celui de ses compagnons de la Dynamique de l’Opposition de prendre part à un quelconque Dialogue, cette étape étant largement dépassée depuis la tenue de Concertations nationales.
En cette période de grand flou autour de la tenue ou non d’un Dialogue entre forces politiques et sociales congolaises, l’idée d’une co-facilitation aurait commencé à faire du chemin. Selon des indiscrétions parvenues au Phare, deux noms seraient abondamment cités dans les salons politiques de Kinshasa, à savoir Martin Kobler, Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU en RDC, et Edouardo Dos Santos, Chef de l’Etat angolais et président en exercice de la CIRGL (Conférence Internationale pour la Région des Grand Lacs).
Il parait qu’une co-médiation ayant pour animateurs les deux personnalités pourrait mettre d’accord non seulement la Majorité Présidentielle, jusque-là opposée à l’idée d’une médiation internationale - synonyme d’ingérence dans les affaires intérieures congolaises - mais aussi les différentes sensibilités de l’Opposition soupçonnant le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, de vouloir caporaliser ce forum en vue de légaliser un « glissement collectif ». Par ailleurs, on laisse entendre que le « camp du refus du Dialogue » pourrait revoir sa position si Dos Santos et Kobler étaient officiellement chargés de, le piloter. Bref, une co-facilitation afro-occidentale serait le sésame tant recherché pour ouvrir la porte aux nouvelles négociations congolo-congolaises autour des rendez- vous électoraux de 2015 et 2016.
Kobler et Dos Santos pour rassurer tout le monde
A l’heure où la méfiance est totale entre protagonistes de la scène politique congolaise, en raison des enjeux électoraux, chaque camp tient à être rassuré. Et la meilleure manière de le faire, c’est de faire monter les enchères, à travers des préalables de nature à décourager toute initiative de rapprochement. .Mais, de l’avis de plusieurs analystes politiques, l’Allemand Kobler et l’Angolais Dos Santos pourraient faire tomber le mur de la méfiance.
Le premier, qui pilote une force de pacification et de stabilisation de la RDC, est devenu un familier des questions politiques et sécuritaires congolaises, dans la résolution desquelles il a souvent apporté sa petite contribution, à travers des Résolutions du Conseil de Sécurité mais aussi, des contacts de l’ombre. Une large frange de l’Opposition ne jure que par lui, surtout depuis que l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, dont il est l’un des, architectes et parrains, avait inséré dans ses dispositions, la tenue d’un Dialogue inclusif et la réforme institutionnelle en République Démocratique du Congo. Mais sa participation, en 2014 déjà, à la campagne menée par des Envoyés spéciaux des USA, de l’ONU, de la Grande-Bretagne, de l’Union Européenne et de l’Union Africaine dans l.es Grands Lacs contre toute modification de la Constitution et toute prolongation de mandat présidentiel en RDC l’avait placé en porte à faux par rapport à la Majorité Présidentielle. C’est ainsi que cette dernière trouve suspecte l’exigence de l’Opposition pour une médiation internationale.
S’agissant d’Eduardo Dos Santos, considéré comme l’un des cc parrains » de Joseph Kabila après l’assassinat de son père, Laurent Désiré Kabila, il n’a pas, avec ce dernier, d’antécédent de nature à installer la méfiance. Président en exercice de la CIRGL, il ne devrait pas ignorer les points qui divisent la classe, politique congolaise au sujet du Dialogue préconisé par l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, dont son pays est signataire.
Rassurant pour la Majorité Présidentielle et’ son « Autorité morale », il l’est aussi pour l’Opposition congolaise, dont il connaît fort bien les têtes d’affiche, à commencer par Etienne Tshisekedi. A croire son entourage, le Sphinx de Limete ne verrait aucun mal à ce que le président angolais puisse partager la médiation avec Martin Kobler. On se demande s’il y aurait, du côté de l’Opposition, un acteur capable de récuser Dos Santos. Croisons les doigts et prions pour que le tandem Kobler-Santos s’imposent comme les sauveurs d’un processus démocratique qui s’achemine tout droit vers le mur, pour cause de manque de soubassement juridique, d’argent et surtout de confiance entre hommes au pouvoir et candidats à l’alternance politique au sommet de l’Etat.
Par Kimp