Le Chef de l’Etat, Joseph Kabila, a adressé à ses compatriotes trois messages successifs avant la fin de l’année 2015 : le 28 novembre, le 14 et le 31 décembre. A chacune de ces occasions, il a parlé de tout, sauf de ce qui préoccupe la majorité d’entre eux : l’élection présidentielle, qui devrait marquer l’expiration de son second mandat à la tête du pays. Tous les fils et filles du grand Congo à l’écoute de ses vœux de nouvel An 2016 l’ont entendu évoquer les défis politiques, économiques et de développement sur lesquels ils invitent à se focaliser au courant de l’année qui vient de commencer.
Certes, le Dialogue s’affiche comme un défi politique majeur mais l’équivoque que les forces politiques et sociales acquises à l’alternance au sommet de l’Etat voudraient le voir levée, c’est celle relative à son avenir politique. Comme souligné dans plusieurs cercles politiques, le principal obstacle à la tenue de ce forum se trouve être la crainte de nombre de participants, même pro-Dialogue, de voir celui-ci se transformer en une officine de légitimation du « glissement ».
Il est vrai que dans son statut de Président de la République encore en fonctions, il n’est pas tenu de s’exprimer sur sa succession. Toutefois, il y a une forte attente interne au sujet de sa lecture de l’alternance politique, qui demeure plus que jamais floue. Aussi, lorsque Joseph Kabila exhorte tous ceux qui aiment le Congo à dialoguer, afin de trouver des réponses consensuelles aux questions électorales, la grande majorité des membres de la classe politique nationale ont du mal à le croire sur parole.
S’agissant précisément des signaux forts devant marquer la décrispation politique, l’Opposition politique est toujours dans l’attente de la libération des leaders politiques bien connus de la place de Kinshasa. A ce propos, les mesures de grâce qu’il vient de prendre en faveur des adeptes de Bundu dia Kongo apparaissent, aux yeux de la multitude, comme une prime à l’allégeance de leur ancien gourou, le député Ne Muanda Nsemi, qui était le premier à rouler pour le « glissement », avant de se faire caillasser dans le Bas-Congo et de prendre une « retraite politique anticipée », tout en restant membre de l’Assemblée Nationale.
Pour d’aucuns, il y aurait un agenda caché visant son maintien à son poste au-delà de décembre 2016, considéré comme le délai butoir pour la passation civilisée et pacifique de pouvoir avec son successeur. Ce sentiment est présent chez beaucoup en raison des projets économiques et sociaux que ne cesse d’égrener le Chef de l’Etat. Alors que ceux-ci s’inscrivent sur le long terme, il en parle comme s’ils faisaient partie d’un mandat à venir. Bref, certains restent dans le doute tant que persiste le flou sur le financement du processus électoral, le respect de la Constitution, l’observation des délais constitutionnels pour l’organisation des élections présidentielle et législatives, la date de la convocation effective du Dialogue, la désignation d’un médiateur international par le Secrétaire général des Nations Unies, la recomposition de la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante), etc.
Discours du président de la republique
Mes chers compatriotes,
A l’aube de l’an 2016, il m’est un réel plaisir de présenter mes vœux, les meilleurs, de paix, de bonne santé et de prospérité à tous égards ; à chacune et à chacun de vous. Les mêmes vœux, je les formule à l’endroit de tous ceux qui ont choisi de résider en RDC et de faire de celle-ci, leur seconde patrie.
Pour certains d’entre vous qui avaient perdu des êtres chers, auront été atteints dans leur intégrité physique ou morale ou encore auront été affectés par les calamités de tout genre perdant, au passage, l’essentiel de leurs biens matériels, l’année qui s’achève aura été particulièrement éprouvante. Et pour rendre aussi pour toute la Nation qui, sur des différents champs d’honneur, a vu certains de ses valeureux fils et filles tomber afin que vive la patrie. A tous ceux-ci, j’exprime ici ma sincère compassion, ma profonde solidarité et tous mes encouragements au nom de la Nation tout entière, en formulant les vœux de voir la flamme de l’espérance se rallumer, à nouveau, dans la vie de chacun, avec le concours des pouvoirs publics.
Cette espérance est belle et bien permise pour tous au cours de l’année 2016 qui s’annonce, en raison du projet de paix et de développement en pleine exécution que nous avons réaffirmé lors de notre message sur l’état de la Nation. Sa réalisation reste cependant tributaire de la cohésion nationale, fruit de la recherche constante des solutions consensuelles à toutes nos divergences.
L’année 2016 sera ainsi une année de multiples défis. Au plan politique, il nous faudra relever le défi de la consolidation de la paix. La responsabilité de la classe politique et sociale du pays est ici engagée car à travers le dialogue politique national et inclusif convoqué à cet effet, un consensus devra être trouvé sur les questions qui posent problèmes en vue de jeter les nouvelles bases des scrutins prévus par le calendrier électoral global du 12 février de cette année et dont aucun n’a été réalisé à ce jour. Aussi, le défi du développement nous impose-t-il de poursuivre les efforts de croissance économique et de modernisation des infrastructures de base entrepris dans tous les secteurs de la vie nationale afin de transformer, chaque jour qui passe, l’environnement physique de nos villes et de nos campagnes au moyen d’une bonne gestion des ressources mobilisées et d’une mise en valeur toujours accrue de celles actuelles mais restées longtemps potentielles.
Les Congolaises et Congolais étant au centre de toute notre action, l’incidence de ce double effort continuera à jaillir sur le social de nos populations à travers la création des nouveaux emplois, l’augmentation du pouvoir d’achat des masses laborieuses, l’amélioration des soins de santé pour tous et celles des conditions de scolarisation de nos enfants. Dans ce cadre, le saut significatif de l’indice du développement humain dans notre pays et le renforcement des mesures sécuritaires ayant permis à nos populations de célébrer les fêtes de fin d’année dans la paix nous réconfortent en même temps qu’ils nous interpellent sur la nécessité de maintenir le cap de notre action pour le bien-être et l’épanouissement total de notre peuple.
Je continuerais donc, au cours de l’année 2016, à œuvrer sans relâche à la promotion d’un processus électoral crédible et apaisé. Mais également à l’amélioration des conditions de vie de tous nos concitoyens et de leur sécurité en vertu des prérogatives me reconnues par la Constitution et les lois de la république.
Comme pour les années antérieures, votre concours à nos côtés, chers compatriotes, nous sera d’une grande utilité. Tous donc, restons constamment mobilisés pour la paix, la cohésion nationale et l’unité de notre pays, gages de la stabilité, plus qu’indispensable, pour l’émergence de notre cher et beau pays.
Que Dieu bénisse et protège la RDC
Mes chers compatriotes,
Bonne et heureuse année 2016 à tous.
Je vous remercie.