Elections dans les délais constitutionnels - message fort du conseil de sécurité à KABILA

Mercredi 11 novembre 2015 - 04:00

La promesse du président Kabila « d’organiser des élections à tout moment » a mis en alerte le Conseil de sécurité des Nations unies. Lundi dernier, dans un message publié depuis son siège de New York, le Conseil a réagi à voix audible. Il enjoint les acteurs au processus électoral à « veiller à ce que les élections se déroulent sans encombres dans les délais prévus » par la Constitution. Evitant d’éventuelles ambigüités, l’organe de décision des Nations unies se veut explicite, précis et tranchant. Il fixe ses priorités, « en particulier, des élections présidentielle et législatives qui doivent se tenir conformément à la Constitution, en novembre 2016 ». Une pression supplémentaire sur Joseph Kabila, soupçonné de vouloir contourner l’interdit constitutionnel de deux mandats à travers un glissement du calendrier électoral.

Le Potentiel

 

Aussitôt l’adresse du chef de l’Etat aux chefs de missions diplomatiques accrédités à Kinshasa terminée le lundi 9 novembre 2015, des câbles ont certainement été envoyés, notamment au Conseil de sécurité des Nations unies. L’instance onusienne en charge de veiller sur la paix et la sécurité à travers le monde entier se fonde, dans un rapport publié le même lundi à New York, « sur des appréhensions perceptibles de rupture de la stabilité et de la paix, en cas de violation de la Constitution de la RDC, lors de la prochaine échéance devant consacrer l’alternance ».

Que le Conseil de sécurité ait choisi de réagir le jour où le chef de l’Etat, Joseph Kabila, recevait les diplomates accrédités en RDC, il y a de quoi s’interroger. En effet, la déclaration du Conseil de sécurité est directement destinée à Kabila.

Le Conseil de sécurité de l’ONU a donc dû inviter le gouvernement de la RDC ainsi que tous les acteurs concernés par le processus électoral en cours à « veiller à ce que les élections se déroulent sans encombres dans les délais prévus, en particulier, s’agissant des élections présidentielle et législatives qui doivent se tenir conformément à la Constitution, en novembre 2016 ».

Cette déclaration rendue publique, le lundi 9 novembre 2015 depuis New York, est une manière pour le Conseil de sécurité de tirer la sonnette d’alarme et de taper du poing sur la table face aux tensions politiques qui couvent au pays.

Au moment où les acteurs en présence multiplient des déclarations qui surchauffent l’atmosphère politique, le Conseil de sécurité craint que la situation ne dégénère. Pays post-conflit et dont la fragilité s’explique par la présence des casques bleus au sein de la plus importante mission onusienne au monde, le Conseil de sécurité ne voudrait pas voir éclater une crise artificiellement entretenue par une volonté à ne point tenir des élections dans les délais légaux.

Car, à une année de la tenue de la présidentielle et des législatives nationales, de gros nuages s’amoncellent sur Kinshasa. Une succession d’incertitudes font peser une lourde hypothèque sur l’ensemble du processus. Le financement des scrutins pour un cycle complet, la neutralisation du calendrier électoral de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) par diverses manœuvres dilatoires, les contraintes logistiques liées aux opérations électorales préalables à de bonnes élections constituent des écueils qui font craindre le pire au Conseil de sécurité de l’ONU.

It/ Réponse du berger à la bergère

Il n’y a donc aucune coïncidence dans la déclaration du Conseil de sécurité. On n’est pas encore dans la logique de l’affrontement. Loin de là ! Mais, le message est si limpide qu’il ne prête à aucune ambigüité. Le Conseil de sécurité a voulu réagir sur le vif, afin de ne point être pris de court comme au Burundi ou au Congo-Brazzaville.

Après avoir subi les deux précédents revers, le Conseil de sécurité veut faire de la prévention, en ce qui concerne le cas spécifique de la RDC.

Aussitôt que le président Kabila a déclaré aux diplomates que de moyens financiers feraient défaut pour les élections, alors qu’aux parlementaires il avait promis quelques heures auparavant « d’organiser des élections à tout moment », le Conseil de sécurité a tenu à prendre position sans équivoque. La précision de taille que l’instance onusienne ajoute est celle du respect des textes légaux, gage d’une réelle stabilité du pays qui ploie depuis deux décennies sous les menaces des groupes armés. Non seulement que les Forces armées, en pleine restructuration, sont confrontées à l’obligation de neutraliser ces forces négatives, il se fait en plus que la mission onusienne présente dans le pays n’est jamais parvenue à remplir cette tâche après autant d’années de présence sur le sol congolais.

Le Conseil de sécurité tend donc à contrer toute action qui aurait comme finalité d’importer en RDC, les mauvais exemples des pays voisins. Cette vigoureuse réaction du Conseil de sécurité donne la mesure de la détermination de la communauté internationale à accompagner la RDC dans un processus assaini.

Le référendum à tout moment ?

Selon un diplomate à New York, dont nous taisons le nom, l’annonce du président Kabila de tenir « les élections à tout moment » a été retournée dans tous les sens. Elle a été perçue comme une promesse de prendre de court toute la communauté internationale. Pour ce diplomate africain, membre non permanent du Conseil de sécurité, il est dans les intentions de Kinshasa d’organiser plutôt « le référendum à tout moment ». Une inspiration venue de Brazzaville où la stratégie a marché.

A l’instar de Brazzaville, Kinshasa veut placer la communauté internationale devant le fait accompli. Ce que redoute l’organe de décision des Nations unies.

L’UDPS qui s’inscrit dans la logique du dialogue serait-elle au courant de ce que les laboratoires du pouvoir sont en train de préparer, si l’on s’en tient aux confidences et analyses des diplomates contactés ? Le plus important pour le Conseil de sécurité est de « veiller à ce que les élections soient libres, justes, crédibles, inclusives, transparentes et pacifiques et qu’elles respectent le calendrier prévu par la Constitution congolaise afin de poser les bases d'une stabilité et d'un développement durables »

 

Ci-dessous, l’intégralité du communiqué du Conseil de sécurité des Nations unies du lundi 9 novembre 2015.

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