Elections : l’Eglise catholique bouscule Matata !

Vendredi 18 décembre 2015 - 16:43

 L’adresse du président de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), Corneille Nangaa Yabeluo, au siège de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), n’a pas laissé indifférents les prélats catholiques. Le successeur de l’abbé Malu Malu a affirmé, à cet effet, que l’actualisation du fichier électoral et les financements des élections sont les deux préalables majeurs de la centrale électorale en République Démocratique du Congo avant de publier un nouveau calendrier électoral.

Pour Corneille Nangaa, la Ceni fait face à des contraintes budgétaires pour organiser des élections avant d’estimer que cette institution d’appui à la démocratie a besoin de voir clair dans le financement des opérations électorales avant de publier un nouveau calendrier.

Ce, avant d’avouer qu’on ne peut publier un calendrier que lorsqu’on est sûr d’avoir des ressources nécessaires pour le mettre en œuvre.

Ces affirmations n’ont pas été du goût de l’Eglise catholique qui a pointé du doigt le gouvernement qu’elle a exhorté à dégager en toute urgence les ressources nécessaires pour les scrutins.

Selon le secrétaire- général adjoint de la Cenco l’abbé André Masingana, qui a présenté le rapport d’observation pré-électorale de cette institution, « la RDC a tenu des élections générales en 2011, le pays est en train de faire son chemin démocratique, et cet élan ne doit pas être brisé ».

Les Congolais sceptiques

 Pour enfoncer le clou, la Commission justice et paix de l’Eglise catholique a publié les résultats de l’enquête qu’elle a menée sur l’ensemble du territoire du 29 août au 5 décembre de .cette année. Elle fait état d’une population sceptique qui ne croit pas au processus électoral en cours. Ce, pour dire que 75 % de Congolais doutent du processus électoral.

Pour l’abbé André Masinganda, il faut vite rétablir cette confiance pour garantir des élections apaisées. Ledit rapport fait état d’une forte tension qui précède la période électorale. L’Eglise catholique demande au gouvernement de mettre à la disposition de la centrale électorale des moyens nécessaires pour lui permettre d’organiser la présidentielle et d’autres scrutins.

Ainsi pour réitérer la sensibilisation de la population pour le respect de la Constitution, l’Eglise catholique a réaffirmé pour le 16 février prochain, une marche pacifique avant de recommander aux autorités d’assurer la sécurité des journalistes et aux partis politiques d’aligner beaucoup plus de femmes qu’en 2006 et 2011.

Du fichier électoral

Dans son rapport publié en novembre dernier, l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) avait préconisé l’enrôlement de nouveaux majeurs après avoir indiqué que plus ou moins deux millions d’électeurs sont déjà décédés.

Le président de la Ceni a indiqué que son institution n’est pas capable d’extirper ces morts du fichier électoral. Il a fait savoir en ces termes : “Avoir des morts dans la liste électorale, ça biaise. Dans un pays où il n’y a pas de registres d’état-civil, la Ceni n’a pas la capacité légale, ni technique d’extraire ces morts du fichier électoral ».

Et Corneille Nangaa de poursuivre : « Tout le monde est d’accord, partis politiques de la Majorité comme de l’Opposition qu’on ne doit pas organiser les élections sans avoir intégré les nouveaux majeurs. Ça pose déjà un problème du fichier électoral. Pour nous, nous pensons qu’il y a déjà un consensus sur ce point et c’est sur ce point que nous commençons déjà à travailler”.

Entre-temps, le Chef de l’Etat reste déterminé à réunir prochainement un Dialogue national en vue de dégager un consensus plus large possible sur l’organisation et le financement des élections à venir.

Par LP