Elections : l’équation demeure

Mardi 11 août 2015 - 13:11

Le processus électoral avance en dents de scie. In utile de se leurrer, son aboutissement devient une gageure. La Ceni est prise en sandwich par rapport à l’enrôlement des nouveaux majeurs en termes de préalables financiers, logistiques et temporels. Dès lors, sera-t-elle en mesure de gagner le pari d’organiser les élections conformément à son calendrier global rendu public le 12février2015 ? C’est cette équation qui demeure quand on sait qu’un fil conducteur relie nouveaux majeurs, calendrier électoral, dialogue et glissement.

Le processus électoral suit désormais un cheminement qui passe par l’enrôlement des nouveaux majeurs, avec comme conséquence directe le réaménagement du calendrier électoral. Pour y arriver, le dialogue devient ainsi un passage obligé. Eventuellement, le glissement pourrait s’obtenir sans beaucoup de casse. Un schéma qui se décline étape par étape, au point qu’i1 serait quasi impossible d’éliminer une partie de la chaine.

L’enrôlement des nouveaux majeurs, c’est une exigence constitutionnelle que l’Opposition a toujours embouchée. Dans un discours à la nation, le président la République a adhéré à l’idée. Joseph Kabila estimait qu’il n’était pas constitutionnel de priver à autant de Congolais le droit civique de vote, alors qu’ils n’auraient enfreint aucune loi de la République. Dans la classe politique ainsi qu’au sein de la Société civile, personne ne veut porter cette lourde responsabilité. Le Parlement qui avait prévu d’ignorer «les nouveaux majeurs » lors des locales et législatives provinciales risque d’être rattrapé. Il est inadmissible que des Congolais ayant un casier judiciaire vierge soient exclus du processus électoral pour des raisons non apparentes.

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) ne l’entend pas de cette oreille. Poussée sans ménagement par l’Opposition à publier un calendrier global, la Ceni défend depuis bec et ongles le calendrier rendu public le 12 février. Pour la centrale électorale, cette opération ne pourrait se tenir qu’en janvier 2016. En d’autres termes, les nouveaux majeurs ne voteront pas lors des locales et les provinciales qui sont prévus pour le mois d’octobre prochain. En juillet dernier, le rapporteur de la Ceni a estimé que la question était prise en charge par le calendrier du 12février2015. Toutefois, il a relevé à l’occasion quelques préalable à remplir avant de boucler l’opération de manière satisfaisante. Des préalables essentiellement techniques, à savoir « le lancement de l’appel d’offres pour le recrutement d’une entreprise techniquement apte à fabriquer et à livrer le matériel d’enrôlement (kits) ; la mise à disposition des fonds nécessaires... ».

Mises ensemble, toutes les exigences liées au seul processus d’enrôlement des nouveaux majeurs conduisent inévitablement au réaménagement du calendrier de 2015. C’est le deuxième chainon. Dans l’éventualité de la tenue de cette opération avant les locales et les provinciales de manière à éviter une grave violation de la Constitution,’ des retouches du calendrier seront nécessaires. Dans le cas contraire, ces millions de Congolais, désignés sous le vocable de « nouveaux majeurs », seront privés du droit de vote.

Cette option étant inconstitutionnelle, personne ne pourrait porter sur lui pareille responsabilité historique. C’est à croire que les jeunes qui ont atteint l’âge de voter après 2006 jusqu’à ce jour, voteraient en faveur d’un camp au détriment de l’autre. Or me frange d’électeurs estimée au tiers du corps électoral est capable de faire basculer le vote vers un camp ou vers un autre. Ce serait un crime contre la démocratie que de ne pas enrôler ces nouveaux majeurs. Cependant, pour ne pas impacter négativement le calendrier, l’opération doit débuter « maintenant» ainsi que la conseillé un vieux routier de la politique en RD Congo, le doyen Mwando Nsimba. L’opération qui peut prendre une dizaine de mois laisserait une’ marge suffisante à la passation des commandes, au dispatching sur le vaste territoire de la République Démocratique du Congo.

LE DIALOGUE PASSAGE OBLIGÉ DU GLISSEMENT

Il ne suffit pas d’opérer un forcing et de gérer des contestations après les scrutins. Il est plutôt temps de tenter d’obtenir par la voie du dialogue ce qui convient le mieux et qui éviterait au pays de connaître des élections entachées de graves irrégularités comme celles’ organisées en son temps par le pasteur Ngoy Mulunda. Des scrutins décriés par les perdants, mais aussi par les gagnants voire des observateurs indépendants. Toutes justifications’ allant dans le sens de balayer d’un revers de la main les anomalies constatées lors des votes de 2011 n’ont été que la consécration de l’indéfendable.

Et pourtant, ce qui se prépare actuellement, c’est du déjà- vu par l’ensemble des Congolais. Dans la précipitation, on tente de démontrer qu’on serait disposé à organiser des élections alors que durant les deux mandats, rien n’a été fait pour atteindre cet objectif. Pour ce faire, le dialogue prôné par le chef de l’Etat est cette voie de sortie qui pourrait permettre de traverser 2016 sans casse. Mettre tous les Congolais autour d’une table avec comme objectif obtenir des concessions majeures sur le processus et sur le comportement à tenir avant, pendant et après les élections. Le dialogue devient donc un passage obligé pour réussir des élections apaisées en RDC.

Le processus tel que détaillé pourrait conduire au glissement. Or il est encore possible de l’éviter, car le peuple tient à des élections dans les délais prévus par la Constitution. Même avis du côté des partenaires extérieurs qui rappellent de temps en, temps le respect de la Constitution. Ce serait le gage de stabilité du pays.

Par LE POTENTIEL