En engloutissant de 41 millions $US dans la construction d’un hôtel du Gouvernement : Les logements sociaux oubliés !

Mardi 21 juillet 2015 - 10:41

Pourtant avec les fonds engloutis, le régime Kabila aurait pu construire plus de quatre mille logements sociaux à Kinshasa et les donner à crédit à un prix acceptable aux Congolais gagne-petit. Ce qui pouvait soulager, tant soit peu, la misère de la population

Il était très difficile de se présenter au lieu de travail hier lundi 20 juillet 2015 dans la matinée, pour les travailleurs dont les bureaux sont situés au centre-ville de Kinshasa, particulièrement dans le périmètre proche de laplace Royale.

Le tronçon situé entre les ronds-points Socimat et Mandela était inutilement inaccessibles. Pour cause, Joseph Kabila inaugurait le nouvel hôtel du gouvernement, un luxueux immeuble de neuf niveaux, construit en moins de deux ans et qui aurait englouti 41 millions de dollars Us.

Plus de 14 ans après son accession au pouvoir, le chef de l’Etat congolais peut être fier de doter une partie de l’exécutif central de cabinets dignes.

8 ministères travailleront, désormais, dans cette bâtisse moderne, pour diminuer le nombre d’institutions de l’Etat qui sont encore locataires dans la ville de Kinshasa. Si une telle volonté politique était manifestée depuis 2001, la République démocratique du Congo serait loin sur le plan des infrastructures.

Des sources indiquent que même le président de la République a également un bureau dans cette nouvelle adresse.
Si les uns applaudissent cette nouvelle réalisation à 16 mois de la fin du mandat de Joseph Kabila, plusieurs Congolais regrettent que le gouvernement ait préféré s’offrir un édifice de 41 millions $US (construction et meubles compris) en lieu et place de logements sociaux que la population continue à attendre.

Tenez ! Avec seulement 10 000 $US (dix mille dollars), on peut construire une modeste maison de 2 chambres + salon + cuisine pour un Congolais gagne-petit et la lui donner crédit.

Donc, les 41 millions $US dépensés pour construire le fameux immeuble inauguré hier représentent plus de 4 000 maisons qu’on pouvait offrir à crédit à autant de familles. Ce qui pouvait soulager, tant soit peu, la misère des fonctionnaires, enseignants, infirmiers, et des militaires par exemple.

La nouvelle aérogare modulaire de l’aéroport international de N’djili ayant coûté 36 millions $US, cela fait aussi plus de 3 000 logements sociaux qu’on pouvait bien offrir au petit peuple !

Dans la commune de Bandalungwa, ex Pépinière, on prétend avoir construit des » logements sociaux « , alors qu’il faut débourser 180 000 $US pour s’offrir un des appartements construits sur ce site. Comment un enseignant qui touche mensuellement 80 000 FC, soit 90$US, doit-il faire pour se taper un tel appartement à Bandal ? Logiquement, il doit travailler pendant 2 000 mois, soit 16 ans et demi, pour atteindre cet objectif.

En plus, il doit serrer la ceinture pour ne rien dépenser : il ne doit pas manger, ni s’habiller, ni payer le loyer, encore moins s’acquitter des factures de la Snel et de la Régideso. Donc, c’est la dépouille d’un enseignant en décomposition qui peut habiter les appartements construits à Bandalungwa, ex Pépinière. Une très bonne manière de se moquer du peuple congolais.

41 millions de dollars, c’est aussi de l’argent qui aurait pu servir à améliorer les conditions de vie de la population à travers une bonne desserte en électricité.

Dans la ville de Kinshasa par exemple, toutes les communes, sauf celle de la Gombe et quelques quartiers, sont soumises au régime de délestage, outre les coupures intempestives dues à la mauvaise qualité des câbles. Sous d’autres cieux, toute la direction de la Société nationale d’électricité (Snel) démissionnerait. A l’intérieur du pays, la qualité de la desserte est encore pire.

Que dire du projet d’électrification dans la périphérie de la ville de Kinshasa qui est à l’arrêt depuis plusieurs mois. Les quartiers Bibwa et Mpasa sont ainsi toujours dans le noir, alors que les câbles mères sont déjà placés, exposés à la merci des voleurs.

Au même moment que le peuple congolais souffre, ses dirigeants tiennent un discours de l’ » émergence « , de la » croissance « , de la » stabilité du cadre macro-économique « … l’invitant à patienter encore pour voir le fruit des chiffres en augmentation. Patienter jusqu’à quand ?

Que dire aussi de la première récolte du parc agro-industriel de Bukanga-Lonzo qui n’a toujours produit d’effets sur le marché congolais ? Au contraire, apprend-on, ce sont les Sud-africains qui en tirent bénéfice pendant que nos compatriotes vivant au pays de Nelson Mandela sont malmenés et tués !

Que dire aussi de l’état actuel de la plupart des routes de la ville de Kinshasa qui sont dans un état de délabrement tel qu’elles sont devenues impraticables, alors qu’elles peuvent désengorger des quartiers entiers. Cet argent pouvait aussi servir à retaper ces routes, ou carrément à construire de nouvelles.

Dans le même ordre d’idées, la RD Congo a besoin de moyens suffisants pour que les provinces démembrées puissent bien fonctionner. Ces provinces n’ayant pas d’infrastructures adéquates pour leur autonomie.

L’immeuble inauguré est une bonne initiative, mais ce n’est pas une priorité pour les Congolais sous-payés et donc incapables de se procurer un logis pour leurs progénitures.

Par Lefils Matady

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