En fin mandat : Kabila peu à peu esseulé

Vendredi 18 septembre 2015 - 16:06

SeptfrondeursdelamajoritéontétéexclusdelacoalitionaupouvoiraprèsunelettredemandantàJosephKabiladerespecterlaConstitutionenquittantlepouvoiren2016.L’éclatementdesamajoritéobligeleprésidentcongolaisàtrouverdenouveaux.
C’est un mini tsunami politique que vient de vivre ce mercredi le microcosme politique kinois. Au lendemain d’une lettre envoyée au président Joseph Kabila lui demandant de respecter la Constitution en quittant le pouvoir en 2016, les sept frondeurs à l’origine de la missive ont été exclus de la coalition présidentielle. Deux frondeurs : le ministre du Plan, Olivier Kamitatu et Pierre Lumbi conseiller sécurité de la présidence ont également été révoqués de leur fonction dans la journée. En débarquant ce que l’on appelle maintenant le G7, Joseph Kabila se prive de sept composantes importantes de sa majorité au parlement. Le MSR, l’ARC, l’Unafec, l’Unadef, l’ADP, le PDC et l’ACO ne font désormais plus partie du camp présidentielle.
Le flou de 2016

Deux lettres, l’une en février et l’autre le 14 septembre, auront suffi pour sceller le destin des frondeurs de la majorité présidentielle . Dans la dernière missive envoyée au chef de l’Etat, ces responsables politiques dénoncent le flou savamment entretenu par Joseph Kabila sur ses intentions pour 2016, date de la prochaine présidentielle. La Constitution lui interdisant de briguer un troisième mandat, les frondeurs affirment « qu’il y a des intentions inavouées de ne pas (la) respecter ». En cause, un possible glissement du calendrier électoral qui prolongerait de facto le mandat du président Kabila au-delà de 2016. De retards en reports, le calendrier des prochaines élections apparaît de moins en moins tenable. Pour les frondeurs, « chaque jour qui passe apporte plus de confusion que de clarté ». La solution proposée par le G7 serait « de se limiter à l’organisation des élections présidentielle et législatives » et donc de reporter les scrutins locaux plus complexes et coûteux à organiser. « La stratégie actuelle nous paraît suicidaire » écrivent ces ex-membres de la majorité. Et visiblement le texte n’a pas été apprécié à la présidence.

Une majorité à reconstruire

Avec le départ du G7, le chef de l’Etat se retrouve désormais bien seul pour négocier sa fin de mandat. Un de ses derniers partenaires, le Parti lumumbiste unifé (Palu), beaucoup moins critique que le G7, a tout de même fait savoir qu’il ne cautionnerait aucune modification de la Constitution pour prolonger le mandat de Joseph Kabila. Et après l’échec des discussions avec les opposants de l’UDPS, qui refusent d’aller plus loin dans l’organisation d’un probable « dialogue national », la possibilité pour Joseph Kabila de négocier une prolongement de son mandat ou une transition s’éloigne. Une fois balayé la fronde du G7, Joseph Kabila devra s’atteler à reconstruire sa majorité. Le MSR de Pierre Lumbi, désormais exclu de la majorité, le chef de l’Etat perd l’un de ses plus gros partenaires avec une vingtaine de députés. Avec l’exclusion des partis frondeurs, Joseph Kabila perd environ 70 députés à l’Assemblée nationale, mais garde une majorité (plus courte) avec 288 parlementaires.

Bienvenue dans l’opposition

Les poids lourds du G7 : Gabriel Kyungu qui pèse au Katanga, Olivier Kamitatu, Pierre Lumbi ou Mwando Nsimba risquent désormais de venir grossir les rangs des opposants au troisième mandat de Joseph Kabila, qui deviennent de plus en plus nombreux. Des opposants qui se sont d’ailleurs manifestés ce mardi lors d’une importante mobilisation place Sainte-Thérèse à Ndjili, dans la banlieue de Kinshasa. Ironiquement, Vital Kamerhe, qui a fait une bonne partie de sa carrière à l’ombre de Joseph Kabila avant de rejoindre l’opposition, déclarait sur son compte Twitter : « félicitations au G7 qui vient de s’assumer. Invitons tous ceux qui se battent pour le triomphe de la démocratie à la création d’un front commun ». La situation commence donc à devenir périlleuse pour le président congolais, qui ne s’est toujours pas prononcé sur son avenir politique. Mais Joseph Kabila ne peut s’en prendre qu’à lui-même. Sa stratégie du silence sur ses intentions et sa politique du pourrissement ont fini par lui jouer des tours. L’isolement guette.

Ouverture politique ?

Pour résoudre la crise et la colère qui monte dan son propre camp, Joseph Kabila doit maintenant reconstruire une majorité et retisser des alliances politiques. Un remaniement aura obligatoirement lieu, au moins pour remplacer Olivier Kamitatu. Le chef de l’Etat pourrait en profiter pour être tenter d’ouvrir son gouvernement encore plus largement. Et pourquoi pas une « gros poisson de l’opposition » ? Les rumeurs reprennent de plus belle sur une possible entrée de l’opposant Félix Tshisekedi de l’UDPS au gouvernement même si celui-ci a toujours démenti vouloir un maroquin. Mais dans le contexte actuel l’opposant n’aurait que peu d’intérêt à rejoindre le camp Kabila… alors que certains commencent à quitter le navire.

Par Christophe RIGAUD
In www.afrikarabia.com (titre Congo Nouveau)