EN ORGANISANT UN GALA AVEC DES ATHLETES DE LA DIASPORA DENIS KAMBAYI RESSUSCITE LE CATCH À KINSHASA

Mercredi 6 janvier 2016 - 05:20
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C’est sous le signe de la cohésion nationale que le ministre congolais de la jeunesse et sport, Denis Kambayi, a organisé ’’un gala de catch international’’ le dimanche 3 janvier dernier au Stade Tata Raphaël. Une quarantaine d’athlètes, dont une délégation des Congolais de la diaspora, était à l’affiche devant une assistance déchaînée, enthousiasmée de voir le catch renaître comme au bon vieux temps.

Sur le ring planté en plein milieu de la pelouse synthétique du Stade Tata Raphaël et décoré d’une banderole bleue à l’effigie de Joseph Kabila, sur laquelle on peut lire ’’Dialoguons pour le bien du Congo’’, des catcheurs se relayent en exhibant, non seulement leur agilité, leurs forces musculaires, mais aussi quelques pratiques fétichistes, saluées par un tonnerre d’applaudissements d’un public en délire.
Sur les seize combats de la soirée, les spectateurs sont emballés par les prouesses des sportifs congolais venus de l’étranger qui, visiblement, ont gagné de l’expérience, malgré l’âge : le technicien Masonsa Yuma, l’imposant Imana Nyama Nyama, le vaillant Action Zakoto (chargé de sécurité de l’ambassade de la RDC en France), Mohamed le Congolais du Nigeria...
Sans peine, l’ancien directeur technique des catcheurs congolais, Masonsa Yuma, se débarrasse du Kinois Saïda Robot, Action Zakoto neutralise Kero wa Kero, Mohamed déclasse Nzambé…
Imana Nyama Nyama, la tête d’affiche des catcheurs de la diaspora, surprend, lui, l’assistance en infligeant une correction au volumineux City Train, son ancien coéquipier d’antan, que l’on présente désormais comme ’’le champion euro-africain’’. Après avoir encaissé plusieurs coups de son adversaire, Imana, visiblement affaibli, remporte la victoire par tombée, acclamé par un public ébloui.

LE SPECTACLE DES SIRENES ET DES HOMMES MASQUES Surgissent alors de vestiaires deux catcheurs locaux, célèbres pour leur accoutrement, leur danse et leurs ’’numéros’’ : le masqué Six Bolites et Sirène, un sportif ganté en perruque, vêtu de blouse et de jupe blanches. Emballée par la danse au son de la fanfare, la Sirène s’agite à faire danser Six Bolites qui s’exécute à peine. Et quand il sort de l’envoûtement, c’est pour distribuer des coups de tête à son adversaire et à ses complices qui, tous, se précipitent pour aller s’agripper au sommet des poteaux… sous les regards amusés du public. La victoire du catcheur masqué le plus célèbre du moment saute aux yeux.
Anyata, un autre catcheur masqué, très technique, s’impose sur Chien méchant sans trop de résistance. De même que Tyson, un autre masqué, qui neutralise le Kinois Chinois. Si la première Sirène a perdu la bataille, la deuxième Sirène, de rouge vêtu, s’impose face à Liyebo Douglas en mettant en scène sa fillette, de jupe blanche vêtue, qui s’est plu à faire danser l’adversaire de son père de Sirène.

QUAND L’ANTHROPOPHAGIE S’INVITE
Quand Edingwe se pointe sur le ring, cameramen, photographes et autres reporters accourent. Amaigri par l’âge et la maladie, ’’l’éternel champion du Congo’’ est convié à affronté un certain ’’Mal à l’aise’’ qui, comme son adversaire, est plus accrocs aux fétiches. Dès le sifflet de l’arbitre, cet athlète gras, vêtu de jupe en paille et d’un bandeau rouge, se précipite à lancer des coups dans le vide en multipliant des grimaces. Edingwe s’en moque, fait appel à sa fanfare, et hypnotise du coup son adversaire qui s’immobilise sur le ring.
La scène qui s’ensuit révolte des consciences, aussi bien dans les gradins que chez les téléspectateurs, tapis paisiblement devant leurs écrans, les combats étant transmis en direct. ’’La locomotive qui fume’’ se transforme en anthropophage et dévore en direct les intestins de ’’Mal à l’aise’’ qui s’allonge raide mort, sous les regards médusés des spectateurs et même de l’arbitre. Le sang se répand sur le ring. Edingwe est déclaré vainqueur et se retire dans les coulisses trempé de sang sur la poitrine.

EDINGWE A LA RESCOUSSE DE SON FILS
Le ministre Denis Kambayi accourt aussitôt et exige à ’’Moto na ngenge’’ de ’’ressusciter son cadavre’’. Edingwe refuse de s’exécuter. A deux reprises. Le véhicule du ministre est rappelé d’urgence pour évacuer le catcheur ’’Mal à l’aise’’, de même que son pourfendeur. Toute l’attention du public est détournée au point où le prochain combat n’intéresse plus personne, alors que ce sont des catcheurs très acrobatiques qui déploient leurs techniques sur le ring. L’habile DuCongo, venu fraichement d’Europe, remporte sa victoire sur le Kinois Tshoubou Tshoubou sans focaliser l’attention du public.
Les regards de la foule se ravivent quand Edingwe est ramené au Stade. Il a pourtant l’air serein et se rapproche du ring d’un air désinvolte, suivant de loin, le combat de son fils, Super Anguluma, qui affronte un certain TP Mazembe, visiblement très résistant aux subterfuges de son adversaire. Un simple regard d’Edingwe permet de mettre un terme à cette longue résistance quand surgit, autour du podium, une poule enflammée qui se sauve vers les vestiaires. TP Mazembe tombe soudain comme un sac de fufu, immobilisé comme un cadavre.
Super Anguluma quitte le ring, très fier de sa victoire. Il est aussi vite rappelé pour ressusciter son adversaire plongé dans le monde de Morphée. Aussitôt dit, aussitôt fait. La boucle est bouclée. C’est le dernier duel de la soirée. KM

 

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