« Nous attendons un consensus sur le calendrier électoral ... en vue de faire du progrès immédiatement. Mais le plus important, c’est de faire la révision du fichier électoral et maintenant ». Ce ton du diplomate britannique est assez explicite. Face à lui, le président de la CENI, Corneille Nangaa, a bien perçu la préoccupation de l’ambassadeur Graham Zebedee du Royaume-Uni qui tient à voir le chronogramme électoral demarrer au plus vite. Il en est de même pour l’émissaire du Pape. « Même pour nous, la mise à jour du fichier électoral est un préalable pour avoir des élections régulières, acceptées par tous », a affirmé Luis Mariano, le Nonce apostolique, au sortir de son entretien avec Corneille Nangaa. Pas besoin d’être devin pour comprendre que la CENI est sous pression.
L’ambassadeur du Royaume-Uni, le Nonce apostolique représentant le Pape François et la représentante de l’ONG Human Rights Watch ont échangé hier jeudi 17 décembre avec Corneille Nangaa. Les trois rencontres de haute portée électorale ont permis au président de la CENI de présenter, tour à tour, les différents contours du processus électoral en RDC.
Au cours de cette rencontre avec le président de la CENI, l’ambassadeur de la Grande-Bretagne a souligné "l’urgence de travailler sur des choses concrètes : cas du fichier électoral ". Le diplomate britannique a manifesté sa volonté de travailler pour le soutien d’une opération préalable aux scrutins, celle relative à la révision du fichier électoral. "Nous attendons un consensus sur le calendrier électoral pour voir ce qu’il faut faire maintenant en vue d’avancer les choses. Mais, le plus important, c’est de faire la révision du fichier électoral. Il faut que le Gouvernement alloue un budget conséquent qui puisse être et voté par le Parlement. C’est un signe fort pour la Communauté internationale, y compris mon pays. Nous pouvons travailler ensemble avec le Gouvernement et surtout avec la CENI sur les choses concrètes pour faire du progrès, sinon on aura des problèmes l’année prochaine".
« FAIRE DU PROGRES IMMEDIATEMENT »
Devant Corneille Nangaa, l’ambassadeur du Royaume- Uni a précisé qu’ " il y a une position très claire du Conseil de sécurité de l’ONU » qui estime « qu’il faut respecter les délais constitutionnels. Je sais que cela est aussi la position du Gouvernement mais, il faut faire du progrès, immédiatement. Pas attendre longtemps ».
Tout doit démarrer d’ici janvier 2016 pour que le processus électoral soit concret, a claironné le diplomate britannique.
Pour sa part, le représentant personnel du Pape François a discuté avec Corneille Nangaa au sujet notamment de l’urgence de travailler sur la révision du fichier électoral. Le Représentant du Saint-Père a également promis ses bons offices pour qu’un consensus soit vite trouvé autour du fichier électoral et même des autres scrutins électoraux du pays.
L’ambassadeur du Pape s’est dit conscient des responsabilités de la CENI en cette période. " Je voulais commenter avec Corneille Nangaa sur ses déclarations pour la mise à jour du fichier électoral. Même pour nous, c’est un préalable pour avoir des élections régulières acceptées par tous. On a échangé un tout petit peu sur les questions techniques, les modalités possibles et la coopération de différents acteurs pour pouvoir y arriver".
Hier à la CENI, Luis Mariano a promis tout son soutien à la nouvelle équipe de la CENI. " J’ai promis la coopération de la Nonciature et du Saint Siège, car la CENI a aussi besoin de l’appui de la Communauté internationale. C’est vrai que la responsabilité première est dans les mains des Congolais, mais le Congo partage ses frontières avec neuf pays dans la région. Raison pour laquelle il peut compter sur l’appui de la Communauté internationale ".
Face aux divergences qui opposent les opérateurs politiques congolais sur le Dialogue, le nonce apostolique se veut conciliant : " Il y a des questions qui nous divisent mais il y a aussi des questions sur lesquelles il y a presque un accord naturel. L’une de cette question, c’est le fichier électoral. C’est nécessaire et peut être un premier pas pour rapprocher les différentes positions pour créer un état de confiance mutuel et commencer à surmonter les obstacles qui empêchent encore un processus électoral régulier et apaisé comme la population le désire ".
PARTENARIAT CENI-CNDH
Ida Sawyer, représentante résident de l’ONG Human Rights Watch en RDC, a noté qu’en période électorale, s’invitent trop souvent des moments de tension et de violence. D’où, son souci de rendre opérationnel et dans les meilleurs délais un cadre de concertation entre la CENI et la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH). " Je viens, dit-elle, de discuter avec le président de la CENI sur le processus électoral surtout sur les droits humains. J’ai discuté avec lui sur les violations des droits humains liées aux élections et au processus électoral qu’on a documenté pendant les derniers mois. Surtout sur nos inquiétudes par rapport aux cas dont des opposants et des activistes des droits humains ont parlé à propos du glissement. Ils pensent que les élections pourraient être reportées. Nous redoutons que si les élections ne sont pas organisées à temps, qu’on puisse assister à plus de de violence et d’instabilité ".
Ida Sawyer a aussi soulevé la question liée à la collaboration entre la CENI et la CNDH. " Les institutions de la République devraient réagir à chaque fois qu’il y a une violation dans le cadre des élections, afin que les auteurs soient réellement punis. Nous comptons sur la collaboration de la CENI et du CNDH pour continuer à documenter les cas de violation. Nous croyons parvenir ensemble à mettre fin à ces violations ", a-t-elle précisé en substance. Rachidi MABANDU