Freddy Matungulu : “J’annoncerai ma candidature à la présidentielle en RDC »

Vendredi 19 juin 2015 - 13:17

Invité hier jeudi 18 juin sut RFI, l’initiateur du parti Congo Na Biso (CNB), Freddy Matungulu, a dévoilé qu’il annoncera incessamment sa candidature à la présidentielle de 2016 en République démocratique du Congo. L’homme n’a pas manqué de passer au peigne fin les différents sujets qui font l’actualité au pays, notamment la question de la tenue du dialogue politique. Interview.

Vous rentrez à Kinshasa dans les semaines à venir pour vous lancer dans la bataille politique. Pensez-vous que le Président Kabila quittera bien le pouvoir à la date prévue, en novembre 2016 ?

Oui, je n’ai aucun doute là-dessus. Son mandat arrive à terme en novembre, l’année prochaine. Et, nous allons travailler ensemble avec lui et la Communauté internationale, ainsi que l’ensemble de la population congolaise pour qu’il y ait un transfert pacifique du pouvoir entre lui et son successeur, et j’espère que son successeur évidemment sera moi.

Vous ne croyez pas à l’hypothèse d’un glissement du calendrier électoral?
Avec un si et beaucoup de si, on peut construire énormément de châteaux en Espagne comme le dit l’expression. Mais aujourd’hui, nous sommes focalisés sur les exigences de la Constitution dont on a pu obtenir la préservation de l’intégrité. Et cette Constitution dit clairement que le second mandat et le dernier du président Joseph Kabila arrive à terme en novembre de l’année prochaine.

Vous vous battrez aux côtés de ceux qui veulent empêcher un glissement du calendrier électoral ?
Absolument ! C’est ce que je fais déjà.

Pourquoi vous ne participez pas aux concertations politiques?
Les concertations politiques, pour moi, s’apparentent tout simplement à un dialogue des dupes, parce que ce sont des concertations qui se gèrent un tout petit peu comme l’ont été celles en 2013. Comme vous le savez, c’est des concertations qui ont abouti à énormément des recommandations, dont on a jamais vu malheureusement un début d’exécution. Nous sommes dans une situation quand même extrêmement difficile. Aujourd’hui dans notre pays, les perspectives ne sont pas claires. Il y aune stabilité politique que tout le monde reconnait comme étant dangereuse pour l’avenir du pays. C’est, de notre devoir de faire en sorte que si l’on veut sérieusement travailler pour résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés, que l’on change la façon dont ces concertations ou ce dialogue est menée.

Vous parlez d’un jeu des dupes, ça veut dire quoi ? Le pouvoir a des arrière- pensées derrière ce dialogue politique ?
En ce qui me concerne, il y aucun doute là-dessus ! Je crois que l’agenda caché du gouvernement, en allant à ce dialogue, c’est d’obtenir que tout le monde vienne soutenir le président dans son effort d’obtenir un glissement de fait, qu’il n’a pas pu avoir légalement parce que la Constitution continue de lui interdire toute possibilité de rester au pouvoir au-delà de décembre de l’année prochaine.

A chaque fois qu’il y a l’épreuve des forces politiques au Congo, on l’a vu lors des dernières manifestations, il y a des morts, des violences. Est-ce que vous êtes prêts à entrer dans ce jeu, à aller à l’épreuve dés forces avec le pouvoir pour l’empêcher d’obtenir ce glissement et d’enfreindre la Constitution ?
Nous sommes prêts à l’épreuve des forces, s’il le faut, je crois que notre obligation sous l’article 64 de la Constitution, c’est de barrer la route à tout le monde qui se comporterait de nature à mettre en cause fondamentalement l’intégrité du territoire national. Si on devait y aller, je crois que c’est quand même important que nos responsables qui sont aujourd’hui au gouvernement, y compris en particulier au niveau du service de sécurité, sachent très bien que nous avons 1e devoir de protéger nos populations. Et quand nous ne pouvons pas le faire, il y a des instances internationales qui peuvent éventuellement se saisir des cas de violations massives des droits de l’homme, la CPI notamment.

Vous réfléchissez à une possible candidature à la présidentielle de novembre 2016?
Je crois que je suis maintenant au-delà de la réflexion. La décision a été prise. Mais l’annonce de cette candidature qui doit intervenir incessamment, j’ai décidé qu’elle aura lieu en République Démocratique du Congo.

Est-ce que c’est un atout encore aujourd’hui aux yeux des populations que d’avoir été un Haut fonctionnaire de la Banque mondiale ou FMI quand on voit le déficit de confiance des populations en Afrique vis-à-vis de ces institutions de Bretton Woods ? Est-ce que c’est un atout ou un handicap?

Moi, j’ai eu cette chance extraordinaire d’avoir travaillé au Fonds Monétaire International et d’avoir acquis une expérience en matière de gestion des affaires publiques qui est très claire. Mais au-delà, j’ai été ministre de l’Economie, des Finances et du Budget de la RDC avec un résultat, un bilan dont tout le monde se souvient. Il a été largement positif. J’ai cassé l’hyperinflation qui existait à l’époque, évidemment en travaillant avec l’ensemble de l’équipe. Sous notre mandat, nous avons initié le processus de reprise de la croissance dans notre pays. Et ça, ce sont des faits au-delà de ce que les uns et les autres peuvent éventuellement penser de la Banque mondiale.

Interview retranscrite par Dido Nsapu