La Commission parlementaire diligentée au Fonds de promotion de l’industrie (FPI) a, dans son rapport final, contraint l’Etat congolais à tout mettre en œuvre pour récupérer les créances douteuses de 140 millions Usd dues au FPI par des particuliers et opérateurs économiques. Si l’initiative est louable, il faut craindre que ces conclusions ne servent d’alibi pour une chasse aux sorcières du comité de gestion de cette entreprise du portefeuille, principalement son ADG, Constantin Mbengele.
Les conclusions du rapport parlementaire sur le Fonds de promotion de l’industrie (FPI) sont disponibles. Ce rapport est plein de renseignements, dans la mesure où il donne l’étendue de 25 ans de gestion de cet important outil de promotion de l’industrie locale.
Dans la presse locale, ce rapport a été commenté de diverses manières. Certains en ont vu une marque de mégestion de l’actuel comité de gestion du FPI. Erreur ! En effet, tous ont ignoré que le rapport parlementaire a rendu compte d’une situation antérieure à la gestion du comité Constantin Mbengele, actuel Administrateur directeur général du FPI.
En réalité, le rapport a fait l’état des lieux de 25 ans de gestion du FPI, faisant état de toutes les créances accumulées entre-temps, soit une bagatelle de 140 millions de dollars américains.
Après ses investigations, la commission parlementaire chargée d’enquêter sur le FPI, à la suite de interpellation de ADG du FPI initiée le 27 décembre 2014 par le député national Fidèle Likinda Bolom’elènge et examinée en plénière en sa séance du 22 janvier 2015, a finalement déposé son rapport final le 14 novembre 2015.
A l’issue de l’enquête, les membres de la commission parlementaire ont formulé une série de recommandations. Nulle part, le rapport n’épingle directement un problème managérial imputable à l’actuel comité de gestion. Cependant, le rapport prédit de sérieuses difficultés auxquelles devait faire face le FPI. Pris au piège par ses nombreux débiteurs qui détiennent, tout compte fait, près de 140 millions Usd au FPI, la commission parlementaire a donc formulé des inquiétudes qui se justifient à tout point de vue.
La commission a, notamment, fait mention d’un problème qui ronge le FPI depuis sa création il y a 25 ans. Aussi, dans ses recommandations, la commission parlementaire a-t-elle convenu de « dépolitiser et rationnaliser les conditions d’octroi des crédits et des subventions », estimant au passage le vœu de « requalifier les conditions d’octroi des subventions ».
En amont, la commission parlementaire a levé l’option de « procéder au recouvrement forcé des impayés du portefeuille en force ; poursuivre en justice les promoteurs insolvables et les bénéficiaires des subventions non justifiées ».
Prenant en compte les difficultés structurelles du FPI, la commission a recommandé l’application des dispositions légales et réglementaires relatives à la transformation. Dès lors, il a proposé à l’exécutif dont dépend le FPI de « diligenter un audit externe au FPI afin d’établir les responsabilités collectives et individuelles et prendre des sanctions qui s’imposent ».
Que retenir dès lors de ce rapport parlementaire ? A première vue, il faut dire que la commission parlementaire n’a pas explicitement remis en cause la gestion de l’actuel comité de gestion du FPI.
Se référant aux termes de l’interpellation du député Fidèle Likinda, la commission parlementaire a fait état de problèmes structurels auxquels est confronté, à l’instar d’autres entreprises du portefeuille, le Fonds de promotion de l’industrie. A moins d’une chasse à la sorcière, le rapport ne condamne pas prématurément l’ADG Mbengele. Bien au contraire, le rapport rend compte de gros efforts qui, malgré Une trésorerie serrée; ont été fournis par l’équipe dirigeante du FPI pour résister par ces temps difficiles. Le rapport n’envoie pas Mbengele à la guillotine. Loin de là !
En réalité, le rapport doit servir d’interpellation à l’Etat congolais, seul propriétaire du Fonds de promotion de l’industrie. La voie idéale est celle d’aider le FPI à recouvrer les 140 millions Usd de dettes que détiennent certains opérateurs économiques.
En effet, le rapport de la commission parlementaire ne doit pas non plus être une occasion de déclencher la chasse aux sorcières pour faire couler l’actuel comité de gestion du FPI. Les difficultés de trésorerie du FPI qui ne sont pas aussi catastrophiques. Elles sont la résultante de 25 ans de gestion de cette entreprise du portefeuille. Elles ne peuvent nullement être imputées à une seule personne. Ça serait une grave erreur d’approche. De toute façon, pendant ces sept dernières années, la paix sociale a régné au FPI. C’est rare qu’on enregistre une grève ou un arrêt de travail au FPI. Preuve de la bonne tenue des comptes, dans un contexte de trésorerie tout aussi serrée.
Pour l’instant, le plus important est de rétablir le FPI dans ses droits en l’aidant à recouvrer ses créances.
LA TROIKA STRATÉGIQUE S’EN MELE
Lundi dernier la Troïka stratégique s’est penchée sur la situation dans les entreprises du portefeuille.
«Face à la nécessité de conjuguer les efforts en vue d’une part assurer la, diversification de l’économie nationale, et d’en garantir la soutenabilité d’autre part, la Troïka stratégique a passé en revue la gestion des entreprises publiques en général, et celle du Fonds de promotion de l’industrie en particulier », indique le communiqué de presse diffusé à l’issue de cette réunion.
Epinglant globalement « le problème de gouvernance et d’éthique qui ferait encore défaut dans le chef de la plupart des mandataires », la Troïka stratégique a convenu d’approfondir la question au niveau technique en vue de « lever des options stratégiques visant à améliorer la gouvernance desdits entreprises et se vices publics ».
Dans les tout prochains jours, le gouvernement sera obligé de faire le choix - le bon. Pour le cas spécifique du FPI, il ne faut que l’exécutif se retrouve dans la situation de jeter l’eau et son bébé. Le FPI a fait ses preuves sur le terrain. Certes, il y a eu des ratés dans sa politique d’octroi des crédits ces 25 dernières années, mais tout n’a pas été noir. Il y a des points positifs à rentabiliser. Cependant, il faut craindre, comme c’est souvent le cas, que la politique ne prenne le dessus sur un dossier éminemment technique.
Par LP