Lors d'une conférence de presse organisée ce jeudi 08 octobre 2020 à Kinshasa, le comité d'administration provisoire de la Mutuelle d'Epargne et de Crédit du Congo (MECRECO) a dénoncé la disparition de plus de 20 millions de dollars américains collectés par les Coopératives d'Epargne et de Crédit (COOPEC) primaires sous la gestion de l'ancien comité directeur de la mutuelle.
"Globalement, plus de 20 millions USD collectés par les COOPEC primaires de la MECRECO auprès de plus de 200 milles congolais membres demeurent indisponibles à ce jour. Les raisons de la mise en place du comité d’administration provisoire (CAP) par la BCC. C’est dans ce contexte que les COOPEC primaires ont eu à déposer auprès de la MECRECO leurs excédents de liquidité évalués à plus de 10 millions USD, dont plus de 6 millions USD se sont volatilisés et la différence également en souffrance parce accordée à certaines COOPEC du réseau et à des sociétés apparentées.", a dit Julien Mao, chargé de communication de la MECRECO.
Le comité d'administration provisoire a, à cet effet, noté que le principe de gouvernance responsable voudrait que le montant ci-dessus se retrouve intégralement ou réparti principalement au niveau des emplois ci-après :
- Encours de crédit : Le total de crédit octroyé par la MECRECO à ses assujettis ne s’est élevé qu’à l’équivalent de 3,9 millions de dollars américains, du reste non couvert par des garanties probantes et en retard de remboursement, soit 100% à suivre hors bilan parce que radiés ;
- Trésorerie globale : À ce niveau, seulement un total de 8,7 milles USD ont été retrouvés en caisse et 50,8 milles USD en banque en octobre 2016 et ;
- Immobilisations : Le registre indiquait un solde de 4,1 millions USD, dont pas moins de 1,6 millions non justifiés.
Par ailleurs, le comité d'administration provisoire de la MECRECO a dit reprocher à l'ancien comité notamment :
- L’utilisation d’une bonne partie des avoirs des MECRE primaires pour le financement de plusieurs activités sans leur accord, en violation de l’article 55 des statuts, frisant l’abus de confiance. A titre illustratif, le comité d'administration provisoire a évoqué l'octroi d'un crédit global à la société de transfert STC, une structure non affiliée, sans réclamer aucune garantie et fustige le non remboursement de cette somme.
- L’acquisition successive des logiciels de gestion au prix hors marché, soit un total de 858.392,92 USD investis, avec des frais de maintenance de 72.000 USD par an. Le dernier logiciel, dont la MECRECO ne dispose d’aucun droit de propriété, ayant coûté 332.815,74 USD n’a jamais été entièrement implémenté et sa base des données est gérée depuis Nairobi, au Kenya. Le fournisseur reconnaît n’avoir touché que 20.000 USD, a précisé la même source.
À l'en croire, ces malversations financières orchestrées au sein de la MECRECO par les anciens dirigeants corroborent la décision de la Banque Centrale du Congo (BCC) de mettre en place le CAP à la tête de la mutuelle.
"Vous comprendrez donc que la décision prise par la Banque Centrale du Congo contre les dirigeants respectifs des MECRE et de la MECRECO, en mettant en place un comité d'administration provisoire réunit toutes les conditions requises par la réglementation en vigueur. D'autant qu'elle repose sur l'article 41 de la loi 003/2002 du 02 février 2002 relative à l'activité et au contrôle des établissements de crédit qui autorise la BCC à désigner un administrateur provisoire ou un gérant provisoire à la tête d'un établissement de crédit dès lors que ses affaires sont conduites de manière à compromettre sa solvabilité, les intérêts des épargnants ainsi que ceux des actionnaires, associés ou sociétaires", a ajouté Julien Mao.
Quant à l'affaire relative aux anciens dirigeants de la MECRECO au niveau de la justice, l'équipe provisoire de la mutuelle s'insurge contre l'image de la BCC qui est vilipendée. Il fustige aussi un jugement rendu par le Tribunal de Paix truffé des fautes tant sur le fond que sur la forme, en acquittant un des anciens dirigeants de la MECRECO.
"Le regret de ce feuilleton est que c'est l'image d'une grande institution comme la Banque Centrale du Congo qui est vilipendée par des personnes pourtant reprochables qui tentent de défier l'autorité de régulation et de contrôle dans ses prérogatives légales", a conclu le chargé de communication de la MECRECO.
Prince Mayiro