RDC : De 1964 à ce jour, les regroupements politiques ont perverti l'expression politique en muselant les partis, (Pr Eugène Banyaku)

Jeudi 1 juillet 2021 - 08:26
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Au cours d'une interview accordée à la rédaction de 7SUR7.CD à l'occasion du soixantième anniversaire de l'accession de la RDC à l'indépendance, le professeur Eugène Banyaku a brossé un bilan négatif du pays sur le plan politique.

Il a affirmé que l'émergence des regroupements politiques en 1964 avec le CONACO de Moïse Tshombé, a perverti la scène politique congolaise en muselant les partis politiques, seules formations politiques dotées de la personnalité juridique et de droit, qualifiées pour exprimer les aspirations du peuple.

"Depuis 1960, quelles que soient les vicissitudes des partis, il y'avait quand même un espace serein. C'est avec la tendance des regroupements politiques, Tshombé l'a instauré en 1964 et cela nous a donné ce qui accable et assombrit l'espace politique congolais. La réapparition des regroupements politiques avec les élections de 2006, de  2011 et de 2018, constitue un grand handicap, car les partis politiques qui ont un statut et une personnalité juridique ne s'expriment pas suffisamment", a-t-il déclaré.

En lieu et place, souligne ce professeur   politologue, ce sont les regroupements politiques, fruits des montages électoraux, à titre de plateforme, qui s'expriment.

"Si les regroupements agissent dans la vie fonctionnelle du Parlement, du Gouvernement, comprenez que l'on a perdu la boussole. C'est la situation qui nous préoccupe actuellement.
En 1960, ce sont des partis politiques qui ont joué un grand rôle. L'expression politique était plus transparente et correspondait mieux à la réalité. Même si ces partis étaient à la base socio-ethnique, professionnelle et confessionnelle, mais il y avait quand même une transparence
", a fait remarquer le professeur Eugène Banyaku.

Il précise que les regroupements politiques, dont il est question ici, ne sont pas  des partis et leurs alliés. Il s'agit plutôt des plateformes formées à des fins électoralistes. Ce professeur rappelle que, conformément à l'article 6 de la Constitution, ce sont les partis politiques qui concourent à l'expression des suffrages. Pas les regroupements politiques.

Pour ce scientifique, de 1960 à ces jours, l'espace politique est buté à deux difficultés. Il s'agit du manque de légitimité des acteurs politiques au pouvoir et ceux de l'opposition, mais aussi du manque de transparence dans la gestion de la chose publique.

Selon ce politologue, la restauration insolite des regroupements politiques au détriment des  partis politiques avec l'AMP, la MP et le FCC, a non seulement englouti toute aspiration démocratique mais a favorisé aussi une vampirisation de l'Etat par les chefs politiques hiérarchisés en pyramide renversée au service d'un individu ou d'un cluster des malfaiteurs politiques et leur prolongement truffé des opérateurs économiques véreux". 

Il conclut en disant que  si l'Union sacrée de la Nation ne se donne pas la vocation d'un creuset d'alliance autour des valeurs démocratiques et républicaines consenties et convenues entre des partis politiques ayant chacun sa personnalité juridique, il n'y aura ni démocratie, ni Etat de droit, qui constitue le cheval de bataille du chef de l'État Félix-Antoine Tshisekedi.

Orly-Darel Ngiambukulu