Une équipe du Fonds Monétaire International (FMI), dirigée par Mercedes Vera Martin, a mené des discussions virtuelles du 04 au 13 octobre et des réunions avec des autorités congolaises à Kinshasa, du 20 au 27 octobre dernier, dans le cadre de la première Revue de l'accord triennal au titre de Facilité Élargie de Crédit (FEC) qui soutient le programme du gouvernement de la République.
Ce vendredi 29 octobre, dans la capitale congolaise, le représentant résident du FMI en RDC a fait la restitution des principales conclusions préliminaires de ladite Revue à la presse. Gabriel Leost a expliqué qu'il s'agissait d'une mission de l'équipe du FMI en charge de la RDC venue de Washington DC, aux États-Unis d'Amérique, pour évaluer la première Revue de cet accord au titre de la FEC.
"À ce titre, nous avons examiné les performances au titre de cette Facilité élargie de crédit. C'est-à-dire, par rapport, aux engagements qu'avait pris le gouvernement, par exemple, sur le niveau des réserves de change, sur le déficit public. Et d'autre part, en termes de réformes mises en œuvre ou à mettre en œuvre dans les années à venir sur cette base et aussi sur la base du projet de budget 2022 qui est en ligne avec ces objectifs du gouvernement soutenu par le FMI. Nous avons pu déterminer que nous pouvions parvenir à ce que nous appelons un accord au niveau de l'équipe du FMI qui est en fait, une étape nécessaire avant de pouvoir élaborer un rapport spécifique qui est en suite présenté au Conseil d'administration du FMI", a-t-il fait savoir.
Il a, par ailleurs, rappelé le rôle du FMI qui est, d'après lui, celui de catalyseur des financements de l'ensemble des acteurs qui concourent au développement de la RD Congo.
"Le rôle du FMI est plus de catalyser les financements de l'ensemble des autres acteurs. En premier lieu, des autres partenaires financiers et des autres partenaires au développement de la République démocratique du Congo qui, grâce au programme soutenu par le FMI et l'exemple que nous donnons par ces financements, peuvent finalement se joindre à nous et augmenter leurs propres enveloppes d'aide et d'investissement dans le pays. Et au-delà des partenaires multilatéraux et bilatéraux, c'est aussi important d'essayer d'entraîner le secteur privé et les investisseurs étrangers à investir plus au Congo dans des projets importants et de développement pour le pays", a affirmé le représentant résident du FMI au Congo-Kinshasa.
Attentes du FMI par rapport au budget 2022 de la RDC
Au cours de ce même face-à-face avec des professionnels des médias congolais, Gabriel Leost s'est exprimé sur le projet de budget 2022 de la RD Congo, évalué à plus de 10 milliards de dollars américains, et qui a été déposé à l'Assemblée nationale depuis le 15 septembre de cette année. À l'en croire, le FMI souhaite que ce projet de budget soit crédible côté recettes mais aussi côté dépenses.
"Nous attendons et nous avons de bons espoirs que ce soit le cas, que ce budget soit crédible. Qu'il soit crédible côté recettes c'est-à-dire il faut avoir des objectifs ambitieux. Augmenter la mobilisation des recettes fiscales est primordial en RDC. Vous savez que le niveau reste très faible et qu'il y a besoin des ressources pour toutes les dépenses nécessaires pour le développement du pays. Mais d'un autre côté, il faut qu'il soit crédible", a dit Gabriel Leost.
Et d'ajouter : "Il ne faut pas baser un budget sur un niveau des recettes qui serait inatteignable. Côté dépenses, il est important que ces dépenses soient orientées le plus possible vers des dépenses prioritaires. Il est à la fois important de maîtriser les dépenses qui sont nécessaires et indispensables comme la masse salariale, par exemple. Mais de garder un espace budgétaire le plus important possible pour d'autres types de dépenses ; des dépenses sociales et des dépenses d'investissement en particulier".
Les défis de la RDC pour le maintien de l'accord avec le FMI
Pour que la RD Congo accède à d'autres financements du FMI, elle doit, notamment renforcer la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption. D'où, cette institution de Bretton Woods encourage les autorités congolaises à doter les institutions qui mènent ces combats des moyens nécessaires
"On voit, depuis quelques mois, un rebond des recettes. Il est difficile de dire exactement à quoi est du chaque dollar, en plus de recettes fiscales. Cela dit, on a quand-même quelques idées. Clairement, il y a un impact du aussi à la hausse des prix des matières premières. Donc, on a un impact un peu mécanique sur le paiement des taxes, impôts par le secteur. Mais au-delà de ça, on voit aussi de meilleures performances que ce soit à la DGI (Direction générale des impôts), à la DGDA (Direction générale des douanes et accises) ou à la DGRAD (Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations) qui vont au-delà du prix des matières premières", a laissé entendre ce diplomate.
Et de renchérir : "Et là, on peut voir en partie les premiers résultats de certaines actions qui sont prises en terme de gouvernance. Il y a quelque chose d'important, par exemple, c'est tout ce qui est mis en œuvre en terme de digitalisation. Après, par ailleurs, il y a le travail de l'IGF, de la Cour des comptes, etc. (...) Je peux vous dire que nous appuyons ce travail et que nous avons encouragé le gouvernement à doter les organes de lutte contre la corruption et pour l'amélioration de la gouvernance des moyens nécessaires tant humain que matériel et financier".
Quid de l'accord triennal entre la RDC et le FMI ?
Il sied de préciser que l'accord formel conclu en juillet 2021 par le gouvernement congolais et le FMI est assorti d'une Facilité Élargie de de crédit (FEC) de 1,5 milliard USD à décaisser en 7 tranches durant 3 ans. Le FMI a decaissé en juillet 2021 une première tranche de 216 millions USD. À la suite de la première Revue effectuée par les services du FMI, tout parrait concluant du fait que la RDC a atteint les objectifs quantitatifs et structurels convenus dans ce programme triennal conclu avec cette institution de Bretton Woods. C'est ce qui donne droit au gouvernement congolais de bénéficier à la fin de cette première Revue qui court jusqu'en décembre 2021 d'une deuxième tranche estimée à 215 millions USD.
À côté de cette FEC de 1,5 milliard USD, la RDC a bénéficié, en août 2021, de 1,5 milliard USD de Droits de tirage spéciaux sur les 650 milliards USD que le FMI a disponibilisés pour tous ses pays membres en vue d'amortir le choc de la pandémie de Covid-19.
A noter que ces fonds issus de DTS ne sont pas un crédit mais sont devenus des avoirs financiers de la RDC que le gouvernement va consommer en retour des réformes nécessaires devant améliorer tant le climat des affaires que la mobilisation des recettes publiques en interne.
Prince Mayiro