RDC - Appels d’offres des blocs pétroliers et gaziers : C. Lubaya demande au Gouvernement de prendre toutes les précautions pour épargner au pays d’un énième procès pour scandale économico-financier

Jeudi 28 juillet 2022 - 10:44
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Le député national Claudel Lubaya a réagi ce jeudi 28 juillet 2022 au sujet des appels d’offres des blocs pétroliers et gaziers que le Gouvernement de la République démocratique du Congo s’apprête à lancer via le ministère des Hydrocarbures.

D’entrée de jeu, l’élu de Kananga dit trouver suspect « l’empressement » avec lequel le Gouvernement Sama Lukonde compte lancer ces appels d’offres.

« Dans un contexte politique tendu à Kinshasa et sécuritaire fortement détérioré dans l’Est, caractérisé notamment par la recrudescence des violences contre les populations civiles dans l’Ituri où les groupes armés ont fini par achever le peu d’autorité de l’état qu’il y avait, et par l’occupation au Nord Kivu d’une partie importante du territoire national par le M23 opérant avec le soutien du Rwanda et la complicité ougandaise, dans un environnement mondial marqué par des conflits autour de l’accès et du contrôle des ressources naturelles, le Gouvernement prévoit, avec un empressement intéressé non dissimulé et d'un air futé cachant un activisme enjoué, de vendre au pied levé et aux enchères dès ce jeudi 28 juillet, 27 blocs pétroliers et 3 gaziers du pays, dans une période aussi suspecte, où il peine à asseoir son autorité sur toute l’étendue du territoire national et, comble de tout, à l’approche des élections », a indiqué Claudel Lubaya.

Dans la foulée, le président du parti politique UDA Originelle accuse le ministre des Hydrocarbures de créer un flou en parlant tantôt de vente aux enchères, tant des appels d’offres.

« Imperméable à toute remarque objective et imperturbable face aux interrogations que soulève cette opération parmi tant d’autres, le Gouvernement cultive en la matière une communication tout à la fois brouillée, obscure et ambiguë sur toute la ligne, maniant le flou sur le processus en lui-même. Tantôt le Ministère des hydrocarbures affirme procéder à la vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers «pour mobiliser les ressources nécessaires au développement du pays», tantôt il déclare lancer juste des «appels d’offre pour l’attribution des droits des hydrocarbures» ! Que retenir ? C’est flou. Et quand c’est flou, c’est qu’il y a le loup, dit-on. A l’appui de ses dires, le gouvernement évoque le «besoin d’argent pour développer le pays». C’est trop beau pour être vrai. Le besoin d’argent ne peut servir de prétexte aux irrégularités, à l’opacité et à la légèreté qui entourent ce marché annoncé avec fracas », a-t-il renchéri.

Par ailleurs, Claudel Lubaya rappelle au Gouvernement qu’il est astreint par la Loi, au devoir de redevabilité et de transparence dans sa conduite des affaires du pays. 

« Il doit des comptes au peuple et à la postérité, sur plusieurs contrats obscurs. Les accords économiques, militaires et sécuritaires conclus avec nos voisins rwandais et ougandais qu’il accuse aujourd’hui d’appuyer les multiples factions de rebellions internes et étrangères qui déstabilisent le pays ; les accords signés en toute opacité entre la Présidence de la République et Dan Gertler et qui n’ont jamais été rendus publics au prétexte d’une clause de confidentialité. De même, la suite réservée à la révisitation des contrats chinois. Les cas sont légion, de quoi s’inquiéter que le pays soit bradé au préjudice de ses citoyens », a-t-il souligné.

À en croire cet élu du peuple, les études n’ont pas été actualisées de même que les réserves n’ont fait l’objet d’aucune certification.

« Malheureusement, des informations en ma possession, corroborées par celles postées sur le site du Ministère des hydrocarbures, révèlent que le Gouvernement a plutôt opté pour un raccourci et ce, au mépris des principes énoncés par la législation en la matière. Ainsi, les études n’ont pas été actualisées de même que les réserves n’ont fait l’objet d’aucune certification. Par conséquent, la classification actuelle de différents blocs pétroliers et gaziers mis en vente est aléatoire et non conforme aux prescrits de la Loi et du Décret repris supra », a affirmé Claudel Lubaya.

Pour ce député national, à l’instar du secteur minier, la RDC ne dispose pas d’une cartographie de potentialités pétrolières ou gazières. 

« Faute de n’avoir jamais fait appel à un cabinet spécialisé pour une expertise sérieuse de ses potentialités, le pays ne dispose à ce jour, d’aucune donnée fiable sur ses réserves probables, prouvées ni certifiées. D’où la crainte légitime qu’une évaluation biaisée de ses réserves l’expose à une logique de bradage et de prédation inconsidérée au profit des étrangers et leurs complices locaux », a-t-il fait savoir.

Claudel Lubaya poursuit en signifiant que les réserves datant de 2002 évoquées sur le site internet du ministère des hydrocarbures, faute d’avoir été actualisées, s’avèrent donc obsolètes. 

« C’est ainsi le cas du Bloc de catégorie D dont l’évaluation parait fantaisiste. Pour illustrer cette faille, citons en exemple la situation de la société Perenco, évoluant dans la zone susmentionnée sous le régime de concession et propriétaire des hydrocarbures produits, elle a signé depuis 2017 l’avenant N°8 à la Convention du 09 août 1969 régissant l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans la zone maritime de la RDC. Elle jouit ainsi du droit d’exploitation en offshore jusqu'en 2043. En outre, elle bénéficie d’un autre avenant N° 9 en onshore (terre ferme) qui lui, court jusqu'à 2049 », a relevé le président de l’UDA Originelle.

« Pour éviter tout bradage des ressources du pays en la matière », Claudel Lubaya encourage « vivement » le Gouvernement à prendre toutes les précautions légales et réglementaires nécessaires en veillant autant à l’intégrité et à la conformité de cette opération qu’aux lois de la République et à l’intérêt supérieur de la Nation ainsi que des générations futures. 

« Il n’est jamais tard pour épargner au pays d’un énième procès pour scandale économico-financier », conclut Claudel Lubaya.

Pour rappel, le ministre des Hydrocarbures Didier Budimbu a, lors d’une conférence de presse tenue le 26 juillet dernier, insisté sur le fait qu’il ne s’agit nullement d’une quelconque vente aux enchères des blocs pétroliers et gaziers de la République démocratique du Congo. 

Didier Budimbu avait rassuré que tout se fera dans la transparence et que le peuple saura ce que la RDC va gagner en contrepartie de l’exploitation de ses 27 blocs pétroliers et 3 gaziers. À noter que ces appels d’offres seront lancés ce jeudi.

Jephté Kitsita