Qu'est-ce qu'on reproche réellement au directeur général de l'Ecole Nationale d'Administration ( ENA), Guillaume Banga Wakimesa, "arbitrairement" suspendu de ses fonctions, lui et sa chargée des stages, par le vice-Premier ministre et ministre de la Fonction publique ?
Cette question mérite d'être posée lorsqu'on sait que les raisons avancées par le VPM Jean Pierre Lihau n'ont visiblement pas de soubassement légal et règlementaire.
Dans sa correspondance, le ministre de la Fonction publique affirme avoir suspendu le DG de l'ENA pour manquement aux devoirs et obligations des mandataires publics dans les établissements publics, notamment
au sujet de l'affectation des élèves de cette école dans les structures privées pour y passer le stage de professionnalisation.
Cependant, en analysant les textes légaux et réglementaires qui organisent l'ENA, il ressort que rien n'interdit que les élèves de cette école puissent passer le stage de professionnalisation dans les structures privées. Au contraire, l’efficacité dont fait preuve le privé peut inspirer le secteur public connu pour sa léthargie.
L'arrêté N°CAB.MIN/FP/J-CK/CJ-LID/GMK/034 du 14 décembre 2013 instituant les grands axes du programme de formation à l’ENA ne spécifie nullement que le stage de professionnalisation devrait se dérouler exclusivement au sein des structures publiques.
Le stage professionnel ayant pour objectif de permettre aux élèves d’éprouver les acquis de leur formation au contact d’une administration performante, il peut-être passé dans les structures publiques comme privées. Le plus important est de permettre aux apprenants de confronter la théorie à la pratique.
Un autre constat fait en analysant de près ce dossier est qu'on en est pas à une première expérience où on voit des élèves de l'ENA passer leur stage dans des structures privées.
Depuis la première promotion jusqu’à sa huitième promotion, les élèves de l'ENA sont affectés en stage dans les structures aussi bien privées que publiques. Rien de nouveau donc.
On apprend même que tout est fait au niveau de l'administration pour se rassurer que les élèves sont placés dans des administrations qui leur permettent de bénéficier d'une formation professionnelle de qualité, conformément aux ambitions de l'ENA qui se veut être une école d'excellence, et à la stratégie, la politique et les objectifs de stages tels que définis à l'interne.
En conclusion, le fait pour les élèves de l'ENA de passer le stage de professionnalisation dans le secteur privé, est non seulement en parfaite adéquation avec les objectifs assignés à cette école, mais aussi avec les textes légaux et réglementaires pertinents.
L’état de droit prôné par le président Tshisekedi est mis à rude épreuve par ces suspensions arbitraires. Leur levée ne serait que justice.
ODN