Le Réseau des organisations de la société civile pour l’économie verte en Afrique centrale (ROSCEVAC) et la Fédération des entreprises du Congo (FEC) réfléchissent à Kinshasa, du 30 novembre au 1er décembre 2023, sur la construction en RDC d’un marché carbone intègre, capable d’attirer les investisseurs internationaux.
Au cours de ces travaux financés par la fondation Olof Palme International Center, les participants discutent sur la mise en place complète et régulière d’un cadre légal et institutionnel ainsi que des conditions techniques habilitantes nécessaires, qui puissent répondre aux exigences internationales en termes d’intégrité et de qualité des crédits carbone pour obtenir les meilleurs prix à la vente des actifs générés à travers différents projets.
D’après le représentant de ROSCEVAC, Augustin Mpoyi, le processus de structuration de l’offre nationale de carbone est jusque-là mené de manière unilatérale par le gouvernement. Non seulement que ceci viole la loi mais aussi décrédibilise le carbone congolais sur les marchés internationaux. D’où, il faut rectifier les tirs.
« La RDC a entamé le processus de construction progressive du système carbone pour valoriser son stock sur les marchés internationaux. Mais nous nous sommes rendus compte que la manière dont le processus a été mené jusque-là n’a pas été inclusif. Et donc, les parties prenantes non gouvernementales, à savoir la société civile, la FEC et les autorités traditionnelles, se sont rapprochées pour discuter. L’idée est de faire une analyse globale de la situation à la suite de laquelle, des propositions seront faites pour améliorer notre système national de carbone en ce qui concerne la politique, les lois et le cadre institutionnel », a-t-il dit.
Les crédits carbone en provenance de la RDC peuvent être vendus sur le marché régulé tout comme sur les marchés volontaires. Le problème est que la RDC n’a pas encore structuré ce secteur suivant les normes internationales. C’est ce qui rend moins attrayant le carbone congolais.
« Le problème est que la RDC n’est pas encore suffisamment structurée pour accorder une sorte d’autorisation aux projets carbone qui sont développés ici. La première condition pour qu’un projet puisse être recevable au niveau d’un marché, il doit porter la preuve d’une autorisation nationale du pays de mise en œuvre. En RDC ce cadre traîne à être développé de manière que tous les porteurs de projets carbone puissent savoir quelle procédure suivre pour obtenir cette homologation nationale afin d’apporter leurs projets auprès des organismes internationaux pour la validation », a expliqué l’un des intervenants, Floribert Nyamoga.
Pour sa part, le président de la commission Environnement de la FEC, Tossi Mpanu Mpanu, a appelé les politiques à cesser de faire du crédit carbone leur chasse gardée. La RDC gagnerait plus en associant au processus les experts non institutionnels qui maîtrisent mieux la question.
« Il faut que la question de crédit carbone cesse d’être une question de quelques sachants. Si le gouvernement veut y avoir des recettes, il faut que toutes les parties prenantes nationales soient impliquées », a déclaré Tossi Mpanu Mpanu.
Il sied cependant de préciser que la RDC s’est dotée depuis le mois de juin de l’année en cours d’une Autorité de régulation du marché carbone (ARMCA). Les animateurs de cette structure ainsi que la procédure d’homologation des certificats de crédits carbone ne sont pas encore mis en place.
Bienfait Luganywa