La réintroduction de la peine de mort par le gouvernement congolais est un recul, car cette mesure contrevient à l'article 16 de la Constitution, qui consacre la sacralité de la vie humaine, a réagi Me Emmanuel Kabengele, coordonnateur du Réseau pour la Réforme du Secteur de Sécurité et de Justice (RRSSJ), lors d'une interview accordée ce lundi 25 mars 2024 à 7SUR7.CD.
Tout en exprimant son inquiétude quant à ce revirement, il a souligné les risques d'erreurs judiciaires dans un système judiciaire déjà défaillant.
« Nous considérons que c’est un recul, car dans le cadre de la réforme du secteur de sécurité et de justice, nous avons un cheval de bataille qui concerne la promotion et la protection des droits de la personne humaine. Dans ce cadre, nous nous opposons à cette décision du gouvernement, car malgré la justice que le président lui-même a qualifiée de malade, il peut toujours y avoir des erreurs judiciaires aboutissant à la condamnation d'un innocent à la peine de mort. Si une telle erreur se produit et qu'une personne est exécutée, comment pourrait-on la réparer ? La vie humaine étant sacrée, nous ne pensons pas que la peine de mort soit la solution. Il est vrai qu'il existe des cas de trahison, mais il y a des mécanismes pour y faire face, sans mettre en avant la peine de mort. C'est véritablement un recul dans le domaine des droits de la personne humaine. Le droit à la vie est sacré », a déclaré Me Emmanuel Kabengele.
Cette décision, prise à travers une circulaire signée par la ministre de la Justice, Rose Mutombo, vise à éliminer les traîtres au sein de l'armée et à lutter contre le terrorisme et le banditisme urbain, selon le communiqué officiel.
Cependant, de nombreuses organisations nationales et internationales, dont l'Union Européenne, ont vivement critiqué cette mesure. L'UE a souligné que la peine de mort ne dissuade pas efficacement la criminalité et qu'elle peut conduire à des erreurs judiciaires irréversibles.
Merveil Molo