Le chef coutumier Jean-Marie Kasongo Kembi II, du groupement Kasongo dans le territoire de Kasenga, a accusé le gouverneur sortant du Haut-Katanga, Jacques Kyabula Katwe, "d'avoir commandité son arrestation" il y a quelques mois de Lubumbashi jusqu'aux services des renseignements militaires à Kinshasa.
Dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux et dont une copie est visualisée par ce mardi 26 mars 2024 par 7SUR7.CD, le chef coutumier Jean-Marie Kasongo rappelle la genèse du conflit entre lui et le chef de l'exécutif provincial du Haut-Katanga. Il explique que tout est partie de l'organisation de la cérémonie de l'installation du chef Kasongo Kembi II à la tête de ce groupement.
A l'en croire, lors d'un tête-à-tête avec le conseiller juridique du gouverneur Jacques Kyabula, ce dernier lui demandera de commencer à "prendre 20 millions de dollars sur 42 et laisser le reste au numéro un de la province". Une demande qui lui a été , a-t-il poursuivi, difficile à expliquer au cas où il lui sera demandé le compte de cet autre partie de l'argent.
« Mais le gouverneur Jacques Kyabula comme c’est lui qui a la main mise sur sur l’argent de la redevance minière, 42 millions de dollars américains qui sortent, chez nous, on n’envoie que 20 millions. Il avait fait appel à moi via son conseiller juridique que si je vais être installé à la chefferie Kasongo, il faut accepter de lui donner ses droits. Que je commence à recevoir 20 millions et le reste, lui commence à récupérer ça. Si j’accepte, ils vont m’installer et au cas contraire, non », a-t-il relaté.
Par ailleurs, dans cette vidéo, le chef coutumier Jean-Marie Kasongo soutient qu'après avoir refusé l'offre de l'envoyer du gouverneur, sa résidence sera encerclée et il sera "enlevé" pour être amener des bureaux de renseignements à Lubumbashi pour Kinshasa. Sur les motifs de son arrestation, le chef coutumier Jean-Marie Kasongo affirme qu'on lui avait collé l'affaire des collaborations avec certaines personnes dont John Numbi et de vouloir exterminer les habitants du Kasaï vivant dans le Haut-Katanga.
« Ce n’était pas l’arrestation mais l’enlèvement. Parce que j’étais chez moi en train de dormir et 84 policiers sont entrés chez moi. Ils ont dit que c’était le gouverneur Jacques Kyabula qui leur a envoyé pour me récupérer. Arrivé au BCRS, ensuite à l’aéroport de Lubumbashi pour entrer dans un jet pour directement Kinshasa à la DEMIAP. C’est là-bas qu’on me dira que le rapport des autorités de Lubumbashi montre que John Numbi dort chez moi, que Moïse Katumbi m’a donné 2 ballons de machettes pour commencer à tuer la communauté kasaïnne. Et pourtant, mon chauffeur est du Kasaï et même mes deux avocats et docteurs. Tout ça était faux. C’est pourquoi, sur ordre du chef de l’Etat, j’ai été libéré le 10 février 2024 », a-t-il fait savoir.
Des accusations mensongères ?
Du côté du gouvernement provincial du Haut-Katanga, cette affaire des accusations à l'endroit du gouverneur Jacques Kyabula a été prise au sérieux. Dans un communiqué signé ce mardi 26 mars et dont une copie est parvenue à 7SUR7.CD, Polidore Masengo Mafuta, directeur de cabinet du chef de l'exécutif provincial qualifie les accusations de ce chef coutumier de "mensongères, gratuites et non fondées".
« Le cabinet de monsieur le gouverneur de province dément de la manière la plus catégorique et énergique ces accusations mensongères et intrinsèquement dénuées de tout fondement », lit-on dans cette correspondance.
Dans la foulée, le directeur de cabinet du gouverneur Jacques Kyabula affirme que les propos du grand chef du groupement Kasongo ne sont que "des diffamations inacceptables" diffusées pour ternir l'image du numéro un de la province à l'approche des élections des gouverneurs.
« En tout état de cause, il ne s'agit que de calomnie et de diffamation inacceptable. En effet, par cette manifestation sordide dont le chef Kasongo se plaît à être l'acteur, l'objectif visé est manifestement de ternir et de saper le prestige et l'image confiante du gouverneur Jacques Kyabula Katwe, à la veille du scrutin des gouverneurs de provinces, très attendu par la population dans notre province », conclut ce document.
Il est à noter que selon Georges Mawine, ancien ministre provincial des mines dans le Haut-Katanga, sur les 0,3% de fonds de chiffres d'affaires des entreprises que doivent bénéficier les populations impactées par l'exploitation minière, le gouvernement provincial a droit à 25% et les 15% restants, sont repartis à toutes les entités territoriales décentralisées pour la construction des ouvrages à impact visibles des communautés et d'autres, au gouvernement central. Pour le cota des provinces, explique cet ancien ministre des mines, seul le gouverneur est le principal ordonnateur des dépenses versées par les sociétés installées dans une province.
Alphonse Muderwa