Dans une interview accordée ce samedi 23 mars 2024 à 7SUR7.CD, le coordonnateur national de la Nouvelle Société Civile du Congo (NSCC) s'est opposé à la récente levée du moratoire sur l'exécution de la peine de mort par le gouvernement, indiquant que celui-ci devrait plutôt s'attaquer aux causes d'actes de traîtrise et banditisme urbain plutôt qu'aux conséquences qui en résultent.
Jonas Tshiombela estime que la justice congolaise n'a pas encore réuni toutes les conditions pour lever une telle option.
"D'entrée de jeu, je suis abolitionniste. Je suis parmi les gens qui pensent qu'il faut abolir la peine de mort. La décision du gouvernement de lever le moratoire de fait parce qu'il n'a jamais existé finalement ce fameux moratoire, appelle à plusieurs réflexions. La première réflexion, lorsqu'on voit le système judiciaire de la RDC, piégé par le trafic d'influence, la corruption et beaucoup d'autres faits qui ne sont pas de nature à rendre justice, donner le feu vert à un tel système paraît de l'arbitraire", a-t-il déclaré.
À en croire cet activiste des droits de l'homme, les innocents seront victimes de cette mesure pendant que les vrais bourreaux seront libres.
"La justice de la RDC étant malade comme l'a déclaré le président de la République, on ne peut obtenir d'elle une solution saine", a indiqué Jonas Tshiombela.
Ce dernier soutient que le problème posé par le gouvernement congolais relatif aux traîtres et bandits urbains reste réel mais il faille s'attaquer aux causes plutôt qu'aux conséquences de ces tares.
"Nous proposons au gouvernement de s'attaquer aux causes qui amènent les gens à trahir, à semer la terreur dans leurs quartiers. Si le gouvernement n'arrive pas à s'attaquer à cela mais qu'aux conséquences, je pense que les stratégies de ces gens pourront changer et ils continueront à trahir et semer la terreur dans nos cités. La peine de mort telle qu'elle est prononcée maintenant dans le contexte judiciaire de la RDC, ça ne peut donner des résultats qu'on attend", a-t-il expliqué.
Réagissant aux propos de ceux qui pensent que les organisations de la société civile soutiennent la position de l'Union européenne parceque c'est bien celle-ci qui les finances et les instrumentalise, Jonas Tshiombela répond en affirmant que ceux qui trahissent viennent de la politique.
"Ceux qui trahissent ne sont pas de la société civile, ils viennent de la société politique. Vous n'avez pas vu les gens de la société civile prendre des armes. C'est toujours la société politique qui prend les armes. Notre justice est décriée par le premier magistrat, Félix Tshisekedi, qui l'a taxée de malade. Est-il aussi instrumentalisé par l'Union européenne ? Qu'est ce qui empêche au gouvernement de soutenir les organisations de la société civile de son pays. Il y a une loi qui lui interdit de faire ça ?", s'est-il interrogé
Jonas Tshiombela fait savoir que l'Union européenne n'a jamais dicté quoi que ce soit aux acteurs de la société civile. C'est la conscience de celle-ci qui analyse la situation, qui voit le contexte dans lequel se trouve la justice du pays. La peine de mort, poursuit-il, n'est pas une solution. Il faille plutôt s'attaquer aux causes qui sont liées aux frustrations, rétribution des richesses du pays, et dans l'organisation de la communauté.
Jonas Tshiombela a également déploré l'absence d'acteurs de la société civile, accusés à tort de travailler de mèche avec l'Union européenne, lors des consultations en vue de la formation prochaine du gouvernement de la République.
Junior Ika