Dans son ouvrage intitulé « Pollution de l'information : Fake News et Journalisme dans le monde et en République Démocratique du Congo », baptisé ce vendredi 5 avril 2024 à Kinshasa par le professeur Daniel Mukoko Samba, le journaliste Patient Ligodi expose comment les mécanismes de la désinformation opèrent, identifie ses canaux, et propose des solutions concrètes pour lutter contre la propagation des fausses informations, dans le but de promouvoir un espace public alimenté par des informations authentiques, fiables et vérifiées.
Ce livre de 253 pages, réparti en 7 chapitres, se présente comme un remède indispensable contre les fake news, soulignant l'importance de distinguer les contenus journalistiques des informations malveillantes qui pullulent sur les réseaux sociaux.
Selon l'auteur, la qualité du débat public et de la démocratie dépend de la capacité à comprendre les rouages de la désinformation et à favoriser les canaux d'information de qualité.
« Le message est simple, c'est de dire qu'aujourd'hui, le travail à faire au niveau notamment de l'intégrité de l'information, c'est un travail collectif. Il faut qu'on se rende compte que l'espace public dans lequel nous vivons est alimenté de plusieurs types d'informations, notamment les informations journalistiques, mais il y a aussi toutes les informations malveillantes qui circulent notamment sur les réseaux sociaux, sur les plateformes numériques WhatsApp et consorts, qu'il nous faut évidemment combattre. Car on ne peut avoir une meilleure qualité du débat public qu'en comprenant comment fonctionnent les mécanismes de la désinformation, pour que l'on puisse promouvoir les meilleurs canaux d'information et ainsi améliorer la qualité du débat public. La qualité de notre démocratie dépend de la qualité de notre débat public, qui est nourri notamment par le travail du journaliste », a expliqué P. Ligodi.
Évoquant le lien entre la qualité de l'information et la santé de la démocratie, il interpelle sur l'impact de la désinformation sur des événements cruciaux tels que les élections et la gestion des épidémies, tirant la sonnette d'alarme sur la présence insidieuse des brigades numériques qui manipulent l'information à des fins malveillantes, mettant ainsi en péril la vitalité de la démocratie.
« Nous, les journalistes, devons faire très attention dans la manière dont nous manipulons, fabriquons, traitons et gérons l'information. Ce travail n'est pas simplement un travail du journaliste, c'est aussi un travail du régulateur, mais c'est aussi un travail de la société dans son ensemble. Il faut regarder ce que font nos enfants et les membres de nos familles pour que l'on puisse avoir un débat public de qualité dans la société. Notre démocratie est également nourrie par des acteurs qui ne sont pas forcément des acteurs de bonne foi. On appelle ici des brigades numériques qui ne sont pas forcément dans la bonne information et qui sont dans la manipulation. On a tout le travail qui est fait par des laboratoires pour désorienter l’opinion », a fait remarquer l'auteur.
La régulation, l'éducation aux médias, ainsi que la professionnalisation des médias : des pistes de solutions contre les Fake News
Dans son ouvrage, P. Ligodi insiste sur la responsabilité collective dans la lutte contre la désinformation, appelant à une prise de conscience collective impliquant l'État, les institutions de régulation des médias, les écoles de journalisme, les citoyens, etc.
Il souligne la nécessité d'une régulation renforcée, d'une sensibilisation à la qualité de l'information, et d'une vigilance dans la consommation et la diffusion des contenus numériques.
« C'est un appel à plus de responsabilités de la part de l'État, des institutions de régulation des médias et des instances d'autorégulation, des écoles de journalisme, des citoyens que nous sommes, dans nos familles, dans les églises et dans les référents sociaux pour que l'on soit conscients que nous n'avons pas seulement accès aux bonnes informations, mais nous avons accès, surtout, à ce qu'on appelle la pollution de l'information, nourrie par des acteurs malveillants qui peuvent se retrouver dans la sphère politique, sanitaire, sécuritaire. Notre responsabilité est d'être conscients que les enjeux de l'information peuvent être des enjeux de vie et de mort », a fait savoir P. Ligodi.
Journaliste depuis 2003, P. Ligodi est également un entrepreneur dans le secteur des médias. Il est notamment le patron du média en ligne ACTUALITÉ.CD. Actif dans le domaine des informations professionnelles et académiques, il est également Assistant d'enseignement à l'UNISIC (Université des Sciences de l'Information et de la Communication), anciennement l'IFASIC, à Kinshasa.
Merveil Molo