Agression rwandaise: "Celui qui n'est pas avec nous est contre nous" (Lettre ouverte du Prof Tshilumbu au Cardinal Ambongo)

Samedi 6 avril 2024 - 13:56
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Celui qui n'est pas avec nous par ces temps de guerre d'agression est manifestement contre nous, lance le professeur Paul Tshilumbu, au cardinal Fridolin Ambongo qu'il appelle à se désolidariser très clairement de l'entreprise rebelle de Corneille Nangaa, allié du M23 qui est soutenu par l'armée Rwandaise. 

Ci-dessous, l'intégralité de cette lettre ouverte 

Son Éminence Cardinal Fridolin Ambongo, je rêve ou vous vous obstinez à donner des béquilles aux terroristes du M23/AFC 

Votre Éminence, 

Le rubicon qui a été franchi dans votre refus délibéré d'admonester les terroristes à la solde du Rwanda rejoints par des traîtres congolais bien identifiés m'oblige à sortir de ma réserve pour en appeler à votre conscience pastorale, jadis aux avant-postes de la mobilisation nationale contre la balkanisation.

Au début j'étais de ceux qui croyaient encore à une polysémie malencontreuse survenue dans votre homélie pascale, sur laquelle le renégat Corneille Nangaa fonde son argumentaire dans le mémorandum épistolaire qu'il vous adressé en guise de blanchisserie, après avoir trempé son honneur dans la marre du sang de plus de 10 millions de nos compatriotes,  coupables aux yeux de Paul Kagame d'être originaires des régions mitoyennes du Kivu et de l'Ituri…

Tous comptes faits,  après avoir lu le brûlot de Nangaa vous adressé le jeudi 04 avril 2024 passé,  j'étais convaincu que ce dernier et l'engeance des terroristes à laquelle il a choisi de s'affilier allaient hérisser votre fibre patriotique par un recadrage historique. 

Que nenni ! Au lieu de cela,  je viens de suivre à travers les médias mainstream votre répartie dans laquelle vous bottez astucieusement en touche,  préférant entretenir le flou en soufflant le chaud et le froid en même temps. 

Votre Éminence,

Les propos de Corneille Nangaa ne souffrent d'aucune ambiguïté. Ce nouveau porte-étendard de la guerre d'agression à l'Est de notre pays, mondialement conspuée, s'est ostentatoirement frotté les mains après vous avoir entendu, du haut de la sainte chaire, à l'occasion de la célébration de la résurrection du Messie, soutenir qu'il aurait probablement eu raison de s'engager aux côtés des ennemis de notre peuple, "parce qu'à Kinshasa nous continuons à poser des gestes qui blessent les autres, fragilisent la cohésion, excluent les autres du gâteau national", et tutti quanti… Vous badigeonnant d'éloges pour cette absolution inattendue, Nangaa a voulu prendre l'opinion nationale à témoin sur l'existence d'une communauté d'intérêts entre sa mésaventure et votre magistère divin. Votre réaction à une telle abomination devrait davantage consister à séparer vigoureusement le bon grain de l'ivraie. Quelle déception de vous voir de nouveau caresser le nouveau satrape pro Kagame dans le sens du poil, avec une réaction amphibologique qui semble dissimuler une complicité inavouée !

Plutôt que d'appeler le diable par son nom en lui enjoignant de quitter notre territoire national à l'instar de Sa Sainteté le Pape François lors de sa dernière visite pastorale en terre Congolaise,  vous avez choisi de trouver refuge dans une formule langagière aussi creuse que stérile. 

Votre Éminence, 

Un Cardinal ne devrait pas dire ça. Face au mal, la réprobation totale est de rigueur de la part de tout guide spirituel. Il ne suffit plus de survoler la question comme vous le faites vaguement en alléguant tout simplement que l' "on ne peut pas comprendre que des personnes qui aiment véritablement le Congo deviennent des alliés aux groupes armés qui sèment le chaos et la désolation"... Vous le savez mieux que quiconque, Votre Éminence, Nangaa n'a pas rejoint un groupe armé lambda. De toutes les forces négatives qui s'illustrent par des crimes odieux à l'Est, Corneille Nangaa a, quant à lui, résolu de jeter son dévolu sur les supplétifs de l'armée rwandaise missionnés pour amputer un pan essentiel de notre territoire national. D'où vient que vous puissiez renvoyer un terroriste de cette trempe avec les auteurs des infractions de droit commun tapis à Kinshasa, fussent-ils du pouvoir ? 

Éminence,  

Vous venez malheureusement de rater le coche dans votre réaction de ce jour à la lettre ouverte vous adressée hier par le terroriste Corneille Nangaa.

Vos fidèles catholiques congolais auraient sans doute souhaité que vous puissiez vous lever au-dessus de tout soupçons. Ce qui n'est pas le cas. Car celui qui n'est pas avec nous par ces temps de guerre d'agression est manifestement contre nous. Désolidarisez vous clairement de la sédition de Corneille Nangaa dans une déclaration autrement mieux élaborée. Votre honneur en sortirait sauf. Et en plus, cela ne vous coûte rien. 

Professeur Paul Tshilumbu, député national