Tribune - Contrôle du site minier de Rubaya : la ministre Nsamba Kalambayi fait tomber les masques de Kagame

Mercredi 1 mai 2024 - 21:09
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Les récentes tentatives de la coalition RDF-M23 de prendre le contrôle de la cité minière de Rubaya (Masisi), centre de négoces de minerais du coltan, font tomber les masques de Paul Kagame quant à ses intentions prédatrices contre la RDC que le président Félix Tshisekedi vient de dénoncer une fois de plus à Berlin et à Paris. Ces attaques ont coïncidé avec, notamment, la décision prise par la ministre des Mines A. Nsamba Kalambayi de mettre de l’ordre dans le site minier anciennement PE 4731 non réaffecté depuis la déchéance de ses titres miniers et sa reprise dans le domaine privé de l’Etat afin de consolider la chaîne d’approvisionnement par la traçabilité des minerais congolais qui échouent par fraude et contrebande au Rwanda. Pris dans son propre piège, ce dernier, par son prête-nom, le M23, tente désespérément de justifier son offensive sur la localité de Rubaya.

Les soldats rwandais et leurs supplétifs du M23 ont lancé lundi et mardi derniers des intenses offensives contre les résistants wazalendo dans l’objectif de prendre le contrôle de la citéminière de Rubaya (Masisi), réputée centre d’exploitation et de négoces des minerais des 3T.  Certaines collines surplombant cette agglomération étaient même passées sous leur contrôle. L’intention pour Kigali de faire ainsi main basse sur la production minière de cette contrée était dès lors évidente.Récemment en visite à Berlin et à Paris, le président Félix Tshisekedi, dont le gouvernement a porté plainte contre la firme américaine Apple pour approvisionnement à partir du Rwanda des minerais exploités illicitement au Congo, a une fois de plus dénoncé vivement les velléités prédatrices de Paul Kagame.

Cette intention de capturer la cité minière de Rubaya a coïncidé avec la prise de certaines mesures par la ministre nationale des Mines Antoinette Nsamba Kalambayi, notamment celle visant à mettre de l’ordre dans le site anciennement PE 4731, autrefois propriété d’Edouard Mwangachuchu condamné début octobre 2022 par la justice militaire. Non réaffecté depuis la déchéance de ses titres miniers consécutive à la mesure préalable de suspension des activités minières prise le 15 mars 2023 et sa reprise plus tard dans le domaine privé de l’Etat, ce site minier était tombé sous la loi de l’anarchie, ouvrant ainsi grandement laporte à la fraude et à la contrebande des minerais congolais vers le Rwanda.
Cette mesure, couplée à la quête d’autres voies d’évacuation des minerais à la suite de la coupure des voies traditionnelles menant vers Goma en passant par Mushaki par la coalition RDF-M23, vaut son pesant d’or. A coup sûr, elle va contribuer, avec le concours des entités de traitement, à la consolidation de la chaîne d’approvisionnement par la traçabilité des minerais produits à Rubaya. L’implication des entités de traitement présage aussi bien le contrôle et la maîtrise de la production que des intervenants dans la mine, notamment les coopératives et les artisanaux miniers. Mais, cette démarche initiée par la ministre Nsamba aurait créé la panique au Rwanda qui n’entend nullement se priver de la manne congolaise. Cela au point de voir Kigali vouloir passer sous son contrôle cette contrée qu’il convoite depuis des lustres.

Cependant, la décision du Rwanda, par ses affidés, de prendre le contrôle de la grande mine du coltan du monde s’est révélée une erreur de stratégie. Elle a, de ce fait, confirmé la thèse de la guerre économique clamée par le président Félix Tshisekedi. Il le souligne en caractères gras dans son livre intitulé «Pour un Congo retrouvé» verni lors de sa visite officielle à Paris : «les vraies FDLR que cherche le Rwanda au Congo sont des minerais». Et de soutenir par ailleurs qu’«il a ainsi noué des contacts dans la communauté internationale qui lui ont permis d’être le receleur, le vendeur des minerais du sang, des minerais obtenus par la violence exercée sur les populations congolaises afin de les pousser à quitter leurs terres dans lesquelles on trouve des minerais».

Afin de parer à cette erreur de stratégie, le Rwanda, par ses prête-noms, a marqué un arrêt dans son offensive vers la cité minière de Rubaya et s’est répandu en prétextes fallacieux pour justifier les raisons de son expédition. Sur son compte X, Bertrand Bisimwa, un des chefs politiques M23, note que les combats qui ont eu lieu aux alentours de la localité de Rubayan’avaient aucune relation avec la volonté de prendre possession des gisements miniers qu’elle regorge. C’était plutôt pour neutraliser les Forces burundaises qui tiennent dans ce secteur un centre d’apprentissage des groupes armés aux techniques d’infiltration et de maniement des armes blanches afin de tuer silencieusement des civils et les mettre sur le dos de leur organisation. Lesquels ? C’est un argumentaire qui ne tient pas la route dans la mesure où les groupes locaux, s’ils existent, n’ont pas pour cibles leurs propres parents. Ce serait une absurdité.
Le Rwanda est tombé dans son propre piège. La bataille de traçabilité l’attendait au tournant. C’est ce qui explique le rétropédalage observé sur le terrain par ses hommes liges. 

La RDC, par contre, s’est révélée bonne élève de la traçabilité, de la certification des sites miniers, du Guide de l’OCDE sur le devoir de diligence pour des chaînes d’approvisionnement en minerais exemptes de lien avec le conflit et des six outils de la CIRGL auxquels le Rwanda n’a pas souscrit. C’est en appliquant scrupuleusement tous ces instruments qu’elle est devenue producteur mondial du coltan depuis 2017, voire 2016. Cela malgré la propagande mensongère sur fond des statistiques creuses que relaie à profusion la presse internationale. 

Il va donc sans dire que le Rwanda n’est pas un modèle de traçabilité. Il blanchit et s’est fait champion des minerais du sang. Plusieurs rapports des Nations unies et des ONG internationales tels Human Rights Watch, Enact et Global Witness le soulignent à suffisance. La Britannique Global Witness note dans son rapport d’avril 2022 que 90 % des minerais exportés par ce pays proviennent de manière illicite de la RDC. Les multinationales intéressées par les minerais des 3T, principalement le coltan, sont appelées ainsi à s’approvisionner en minerais propres directement à partir du Congo. Elles n’ont aucun intérêt, au risque d’être taxées de complices, à passer par un intermédiaire, réputé en minerais du sang et dont les réserves ne sont pas évidentes.

 

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