L’Institut National de Santé Publique (INSP), par le biais de son directeur général, Dr. Dieudonné Mwamba, en mission d’évaluation stratégique dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, a annoncé le lancement d'une vaste étude scientifique visant à analyser l'impact sanitaire des conflits armés qui ravagent l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC) depuis plusieurs décennies, rapporte un communiqué consulté ce jeudi 26 septembre 2024 par 7SUR7.CD.
Cette recherche, la première de cette envergure, a pour objectif d’analyser les répercussions à court, moyen et long termes des conflits militaires sur la santé des populations locales ainsi que sur le système de santé. En adoptant une approche intégrée « une santé », l’étude vise non seulement à évaluer les dommages physiques et mentaux causés par les violences, mais également à explorer les effets collatéraux sur d'autres secteurs sociaux.
L’étude se concentrera sur les effets à long terme des conflits, notamment l’augmentation des maladies infectieuses, la malnutrition – qui touche plus de 41,8 millions de personnes dans les zones affectées –, les violences basées sur le genre et les troubles psychologiques causés par des décennies de violence.
L'une de ses principales ambitions est de fournir des données fiables, basées sur des preuves scientifiques, afin d'aider à formuler des politiques de santé publique adaptées et de guider la réponse internationale.
« Le monde connaît les morts et les déplacés, mais l'ampleur des conséquences sanitaires des agressions et des conflits armés est largement sous-estimée. Notre étude vise à combler ce vide », a déclaré Dr. Mwamba.
Le directeur général de l’INSP a déploré que la situation soit particulièrement alarmante dans la province du Nord-Kivu, où 19 des 34 zones de santé sont en état d'insécurité totale, dont 13 sous le contrôle de groupes armés comme le M23, soutenu par des acteurs extérieurs. Il a également évoqué les conséquences dramatiques sur les infrastructures de santé : depuis 2014, plus de 72 établissements ont été pillés ou détruits, et 39 ont été incendiés, entraînant la perte tragique de plus de 16 agents de santé.
Pour lui, l’impact des conflits armés sur la santé ne peut être dissocié des autres dimensions de la vie en société. La destruction des infrastructures sanitaires aggrave l’insécurité alimentaire, freine l’économie locale et sape la confiance des populations envers les autorités. Un point de préoccupation majeur est la résurgence de maladies infectieuses dans un environnement déjà vulnérable. L'épidémie de MPOX (Monkeypox) en est un exemple tragique, se propageant rapidement dans les zones de conflit en raison de l'effondrement des infrastructures sanitaires.
« Quand la santé publique s'effondre, c'est l'ensemble du tissu social qui s'écroule », a-t-il averti.
Il convient de noter que les résultats de cette étude devraient non seulement servir de base aux interventions médicales et humanitaires, mais aussi contribuer à sensibiliser la communauté internationale sur les conséquences invisibles et souvent durables des conflits armés.
Merveil Molo