Les conseillers communaux de la ville de Kananga, au Kasaï-Central, ont entamé, depuis le jeudi 24 octobre 2024, une manifestation silencieuse, mais poignante devant le bâtiment administratif de la province. Là où siège le gouverneur, ces élus du peuple, privés de moyens, ont décidé de passer plusieurs jours et nuits en sit-in. Leur revendication est simple : pouvoir enfin exercer leur mission dans des conditions humaines et dignes de leurs fonctions.
Depuis leur élection, ils affrontent des difficultés qui ne cessent de s’accumuler. Pas de bureaux, pas de matériel de travail, ni salaire, ni prime et aucune allocation pour leur permettre de fonctionner.
Cette situation s’enlise et l'indifférence à laquelle ils se heurtent ne fait qu’accentuer leur sentiment d'abandon. Benoît Belangenyi, président du collectif des conseillers communaux de Kananga, confie son désarroi.
« Cher journaliste, vous-même, vous voyez les conditions dans lesquelles les conseillers communaux sont en train de faire leur travail, des conditions inhumaines. Nous n'avons ni bureaux, ni Bic, ni papiers, ni quoi que ce soit. Est-ce cette élection, c'était une utopie ? », a-t-il fait interroger.
Le désespoir de ces conseillers les pousse aujourd'hui à poser un geste symbolique. Ce sit-in n’est pas seulement une manifestation, mais un appel à la dignité. Eux, qui ont été choisis par le peuple, se retrouvent à devoir solliciter ce même peuple pour qu’il se joigne à eux, afin d’être enfin entendus.
« Nous avons pris une résolution pour faire un sit-in au bâtiment administratif, de six jours, six nuits. Si aucune réponse n'est donnée à cette revendication, nous allons associer notre population, le souverain primaire qui nous a donnés ce mandat pour nous accompagner », a-t-il ajouté.
Il convient de rappeler que gouvernement central avait pris position sur cette question. Jacquémin Shabani, vice-premier ministre de l'Intérieur, de la Sécurité, de la Décentralisation et des Affaires coutumières, avait adressé un télégramme aux gouverneurs pour assurer la prise en charge des conseillers communaux dans les chefs-lieux provinciaux.
Alain Saveur Makoba