Des organisations de la société civile, tant congolaises qu'internationales, ont lancé le mercredi 30 octobre, à Kinshasa, la campagne « Notre terre sans pétrole ». Cette initiative a pour objectif de sensibiliser le public à la nécessité d'abandonner complètement les projets liés aux énergies polluantes, notamment le pétrole et le gaz, au profit des énergies renouvelables telles que l'hydroélectricité et le solaire.
Les organisateurs de cette campagne demandent pour la RDC « l'abandon définitif de tout projet futur visant à attribuer de nouveaux droits d'exploitation d'hydrocarbures, ainsi qu'à l'annulation des deux contrats de partage de production relatifs aux blocs gaziers du lac Kivu déjà signés par le gouvernement ».
Emmanuel Musuyu, secrétaire exécutif de la Coalition des organisations de la société civile pour le suivi des réformes et de l’action publique (CORAP), a affirmé que la RDC a tous les atouts nécessaires pour devenir un leader mondial dans le domaine de la transition énergétique.
« Le monde, y compris la RDC, s’est engagé à atteindre l’objectif d’émettre zéro carbone d'ici à quelques années. Les projets d’énergies fossiles vont donc disparaître au profit des énergies renouvelables. Pourtant, la RDC a tout pour se positionner comme leader mondial en matière de transition énergétique. La campagne que nous lançons vise à protéger nos terres contre l’exploitation du pétrole, car celle-ci a des conséquences néfastes sur la vie, l’économie et l’environnement. Nous ferons la promotion de projets alternatifs pour encourager le pays à mieux se positionner afin de tirer profit de la transition énergétique grâce à l’hydroélectricité, au solaire, à l’éolien, à la biomasse, entre autres », a-t-il déclaré.
Un autre membre de la CORAP, Patient Muamba, a expliqué que la campagne « Notre terre sans pétrole » représente un cri de détresse pour les communautés qui souffrent souvent d'abus de pouvoir de la part des gouvernements et des entreprises impliquées dans l'exploitation des énergies fossiles.
« Notre terre sans pétrole est un message que nous adressons à toutes les communautés qui subissent les conséquences de l’exploitation pétrolière. Ces communautés demandent que leurs terres ne soient pas polluées par le pétrole. Elles vivent également des violations graves des droits humains ; parfois, elles n’ont plus le droit de vivre sur leurs terres parce qu’elles doivent céder leur espace à l’exploitation pétrolière. À travers cette campagne, nous donnons donc la parole à toutes les communautés en RDC et ailleurs qui disent non à l’exploitation du pétrole », a-t-il ajouté.
Pour rappel, le ministre congolais des Hydrocarbures, Aimé Sakombi Molendo, a récemment annulé le processus d'appel d'offres relatif aux 27 blocs pétroliers lancé en juillet 2022 par son prédécesseur. Cette décision fait suite à « une absence de candidatures, d’offres non recevables, de dépôts tardifs, d’offres inappropriées ou irrégulières, ainsi que d’un défaut de concurrence... qui ont empêché la poursuite de la procédure vers l'attribution des droits d'hydrocarbures », avait-il écrit dans son communiqué.
Néanmoins, le ministre a annoncé avoir décidé de mettre en place un mécanisme pour relancer rapidement la même procédure. Les organisateurs de la campagne « Notre terre sans pétrole », quant à eux, s'opposent fermement à cette relance.
Bienfait Luganywa