La 10e édition du festival Amani a été annulée in extremis par ses organisateurs après le refus, par le maire policier de Goma, de prendre acte de son organisation.
Plus tôt, dans un communiqué, l'autorité urbaine a revendiqué le fait de n'avoir pas préalablement été informée puis a évoqué des raisons sécuritaires pour justifier l'annulation de l'événement.
"Le maire de Goma n'a reçu aucune information préalable sur l'organisation d'une activité culturelle. Par conséquent, le festival Amani n'est pas autorisé aux dates et lieux prévus par les organisateurs pour des raisons sécuritaires. Les services de l'ordre et de sécurité sont appelés à respecter strictement cette mesure", a-t-on lu dans un document de la mairie rendu public le mardi 12 novembre.
En dépit de démarches à tous les niveaux, les organisateurs disent n'avoir pas obtenu le feu vert des autorités. Ils regrettent la décision du maître Faustin Kapend, affirmant par ailleurs l'avoir saisi depuis août dernier.
"Goma ne célébrera pas le 10e anniversaire de son festival. Le festival avait envoyé, depuis août, des correspondances annonçant la tenue de la 10e édition, y compris au maire de Goma. Les raisons évoquées ne justifient pas une mesure aussi grave qu'unilatérale. Les dates des activités étant proches et alors que plusieurs délégations sont arrivées dans la ville de Goma pour participer à l'événement, les organisateurs du Festival Amani regrettent la décision du maire, prennent acte et confirment que la 10e édition n'aura pas lieu en dépit des efforts menés au niveau local, provincial et national", écrivent-ils dans un communiqué rendu public ce jeudi 14 novembre.
Promouvoir le vivre-ensemble
Organisé 9 fois en 11 ans, comme le soutiennent ses organisateurs, le festival Amani, événement essentiellement culturel, réussit souvent à rassembler des Congolais autour des questions existentielles liées à la paix, à l'entrepreneuriat des jeunes, à la cohésion sociale, à la gestion des traumatismes dans cette contrée en proie aux violences, au bénévolat au service de la communauté, etc.
"Les organisateurs estiment que la vision, les objectifs et les valeurs du festival sont nobles. Le festival a un impact économique important pour la ville de Goma. Neuf éditions ont impacté positivement la ville et la région tant sur le plan de la culture, de l'entrepreneuriat que de la cohésion sociale", soutiennent les organisateurs.
Le porte-parole du gouvernement congolais estime, par ailleurs, que le festival Amani est un moment expressif attestant qu'en dépit de la guerre et de ses affres, les Congolais sont restés résilients et intimement attachés à leur pays.
"C'est un évènement qui marque la résilience et qui démontre que les jeunes congolais, malgré la guerre, ont le temps de parler de la paix et de démontrer que nous sommes tous rattachés à notre pays. C'est un moment de montrer que nous tenons fort à notre pays", a-t-il dit lors d'un briefing de presse, mercredi dernier, à Kinshasa
Pour la LUCHA, le festival Amani aurait permis de "rassembler, par la culture, et ainsi offrir un espace de fête, loin des problèmes quotidiens et des séquelles de la guerre, où les peuples de la région des Grands Lacs peuvent se concentrer, penser et s'engager pour un avenir commun meilleur". Il aurait également permis de "redorer l'image de Goma, de l'Est de la RDC et de la région des Grands Lacs de manière générale et montrer au monde la volonté qu'ont les jeunes et les moins jeunes de la région, de construire un avenir meilleur et d'user de leur talent pour y arriver".
La 10e édition du festival Amani, le rappelle-t-on, était prévue du 15 au 17 novembre à Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, et aurait rassemblé plusieurs groupes sociaux et personnalités publiques congolaises.
Isaac Kisatiro