Corridor de Lobito : « La signature de cet accord est une bonne chose » (Adolphe Muzito)

Jeudi 19 décembre 2024 - 19:44
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Adolphe Muzito, ancien Premier ministre de la RDC.

L'ancien premier-ministre Adolphe Muzito a partagé, ce mercredi 18 décembre, avec la rédaction de 7sur7.cd sa lecture sur certains sujets d'actualité en RDC, notamment l'accord sur le corridor de Lobito, un projet visant à faciliter l’exportation des minerais produits dans les régions minières de la RDC et de la Zambie vers l'Atlantique en sortant par ce port Angolais. Il a également parlé des avancées de la coalition M23-RDF à Lubero.

S'agissant du corridor de Lobito, Adolphe Muzito estime que la signature de cet accord est déjà une bonne chose.

« La signature de cet accord, c'est déjà une bonne chose. Si ç'a des inconvénients, ils seront gérés dans le temps... Mais maintenant, nous pouvons utiliser nos matières premières pour négocier en notre faveur plein de choses comme l'emploi, les financements et il faut surtout faire des imputations d'amortissement. Quelle est notre part dans la voie ferrée dans ce capital-là par exemple, quelles sont les sources de financement et à quelles conditions financières, quelle est notre part dans cette société, le chemin de fer et les sociétés de transport (wagons et autres, ndlr), quelle est notre part dedans parce que c'est nous qui constituons finalement le gros du marché en tant que fournisseur de l'essentiel des matières premières... L'idéal reste quand-même la construction du corridor interne reliant le grand Katanga au futur port en eaux profondes de Banana via le grand Kasaï, le grand Bandundu, Kinshasa et le Kongo Central qui générera plus d'emplois, et favorisera des échanges commerciaux entre nos provinces de l'est à l'ouest et du nord au sud », a suggéré Adolphe Muzito.

Le Rwanda et son armée trop petits pour envahir la RDC et son peuple

Concernant les avancées du M23 qui est le relais du Rwanda, l'ancien candidat président de la République croit savoir que l’objectif de celui-ci est le pillage des ressources naturelles du Congo. C'est en même temps, dit-il, un moyen de pression pour pousser la RDC à négocier en position de faiblesse ses intérêts face aux occidentaux, les parrains du Rwanda.

« Le Rwanda, avec sa population de ± 14 millions d'habitants, ne représente que 10% de celle du Congo estimée à plus de 140 millions d’habitants. Le peuple rwandais est sur une superficie de ± 26 000 km², soit  près d'1 % de la superficie de la RDC évaluée à plus de 2 400 000 km². En fait, le Rwanda ne peut pas envahir le Congo ni imposer à sa tête un pion. Tout ce qui justifie ses activités rebelles, c'est sa pauvreté. Il doit sa subsistance, comme régime, comme État et comme peuple, à ces activités criminelles. Le faisant, il tente d’affaiblir la RDC dans les négociations de ses intérêts face aux occidentaux qui sont ses parrains (Rwanda, ndlr) », a-t-il déclaré.

Adolphe Muzito désapprouve toute négociation avec le M23 et même avec le Rwanda. Selon lui, s'il doit y avoir négociations, c'est avec les décideurs de la guerre imposée à la RDC qui sont ailleurs et non à Kigali.

« Le Rwanda ne saurait de lui-même faire face au grand Congo. Il bénéficie seulement de l'appui de ses parrains occidentaux qui lui fournissent les armes et les financements pour fragiliser la RDC et ainsi nous obliger à négocier en position de faiblesse. Entre temps, le Rwanda tire son épingle du jeu en pillant la RDC pour survivre. Mais en réalité, le Rwanda sait qu'il ne saura jamais envahir ou prendre des terres congolaises »,a-t-il ajouté.

Concernant le remplacement des communautés congolaises par les populations rwandaises, Adolphe Muzito estime que la titrisation des terres peut régler cette question.

« Ces populations Rwadophones et rwandaises qui viennent remplacer nos concitoyens fuyant cette guerre, vous pouvez être sûr que notre projet de la titrisation des terres en faveur des communautés locales originaires va vite  régler cette question », a-t-il conclu.

Pour rappel, la toile congolaise s'est réveillée lundi dernier avec les revendications du M23 du contrôle d'Alimbongo et de Mitembe, au Nord-Kivu. Selon la société civile locale, ces prises stratégiques ouvrent la voie aux rebelles appuyés par le Rwanda vers Lubero-centre et la ville de Butembo.

MD