
Face à la nouvelle épidémie de la maladie à virus Ebola dans la province du Kasaï, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) a lancé un appel d'urgence de 17 millions de francs suisses (environ 21,61 millions de dollars américains) pour soutenir les efforts de la Croix-Rouge de la République démocratique du Congo (CRRDC) sur le terrain. L’objectif est de freiner la propagation de la maladie et de renforcer la résilience des communautés les plus exposées.
Ce plaidoyer a été présenté ce mercredi 17 septembre 2025 à Kinshasa, lors d’un briefing diplomatique organisé par le Secrétariat de la FICR, en appui aux efforts de mobilisation de ressources de la CRRDC. L’événement a réuni près de 60 représentants de missions diplomatiques, agences techniques et partenaires internationaux accrédités en RDC.
La CRRDC, avec le soutien technique et opérationnel de la FICR, concentre son intervention sur cinq piliers jugés essentiels pour une riposte efficace :
- Enterrements dignes et sécurisés (EDS) : Le nombre d’équipes formées passera de 2 à 10, afin d’assurer des enterrements sûrs dans un délai de moins de 24 heures, réduisant ainsi les risques de transmission.
- Prévention et Contrôle des Infections (PCI/WASH) : Des actions ciblées seront menées pour la décontamination, la promotion de l’hygiène et l’accès à l’eau potable dans les zones affectées.
- Soutien psychosocial (MHPSS) : Un accompagnement psychologique sera offert aux patients, aux familles et aux volontaires afin de réduire la stigmatisation et les impacts émotionnels liés à l’épidémie.
- Communication sur les Risques et Engagement Communautaire (CREC) : Des campagnes de sensibilisation, le suivi des rumeurs et la mobilisation des leaders communautaires et religieux permettront d’impliquer activement les populations.
- Surveillance et feedback communautaire : Des mécanismes de collecte d’informations et d’alerte précoce seront mis en place pour renforcer la redevabilité et l’adaptation des interventions.
Selon le Dr Fatou Mwaluke, coordinatrice de la santé d’urgence à la FICR, les équipes de la Croix-Rouge sont déjà opérationnelles sur le terrain.
« Nous avons déjà un dispositif en place. À Bulape, 100 volontaires sont mobilisés depuis la déclaration de l’épidémie », a-t-elle précisé.
Elle a également souligné que, malgré les 16 décès recensés sur 33 cas confirmés, la Croix-Rouge a pris en charge 27 enterrements, tous réalisés dans le respect des normes sanitaires.
Le risque de propagation reste élevé, en raison de la faiblesse des infrastructures de santé, de la forte mobilité des populations et d’une confiance communautaire encore fragile. La Croix-Rouge estime que 680 000 personnes sont exposées à un risque immédiat dans les zones de Bulape, Mweka, Mushenge et Kanzala, tandis que 2 millions de personnes sont concernées par le risque étendu dans le Kasaï et les provinces voisines.
Le président de la Croix-Rouge de la RDC a lancé un appel à la solidarité internationale.
« Aujourd’hui, nous nous tournons vers vous, non seulement en tant que représentants des nations, mais aussi en tant que partenaires de l’humanité. Votre soutien est le maillon essentiel qui nous permettra de transformer l’espoir en actions concrètes. Chaque contribution, chaque geste, quelle que soit sa forme, renforcera notre capacité à aider ceux qui souffrent en silence, à protéger nos volontaires et à offrir un avenir plus sain aux communautés. Ensemble, nous pouvons faire une différence durable. Ensemble, c’est possible », a affirmé Grégoire Mateso.
Le professeur Christian Ngandu, coordonnateur du Centre des opérations d’urgence de santé publique (COUSP), a salué les efforts du gouvernement et souligné l’importance de la collaboration avec la Croix-Rouge.
« La Croix-Rouge est avec nous. Elle fait partie des organisations activées pour les centres d’opérations d’urgence. Nous avons mis en place des équipes et comptons sur ses ressources et procédures pour contrôler cette épidémie », a-t-il dit.
La nouvelle flambée d’Ebola au Kasaï a été déclarée le 4 septembre 2025 par le ministère de la Santé, après les précédents épisodes de 2007 et 2009. L’épicentre se situe actuellement à Bulape et Mweka, avec 33 cas confirmés à ce jour.
Merveil Molo