Au-delà d’une trentaine de projections, les cinéastes et autres critiques cinématographiques ont réfléchi sur la problématique de la relance du cinéma en RD Congo à travers plusieurs ateliers en commission. Les voix se sont levées entre autres sur la renaissance du cinéma congolais. Tshoper Kabambi, cinéaste, producteur et directeur du festival international du cinéma de Kinshasa a donné son avis sur cette question de la renaissance du cinéma congolais en ces termes : « En fait les difficultés sont les mêmes comme partout dans le monde. Mais la plus grande difficulté que nous avions ici, c’est l’inexistence d’une structure ou encore d’une culture cinématographique au niveau de la population. Donc il faudrait commencer par réhabituer la population au cinéma, parce que, évidemment, ils connaissent les films, mais ils s’arrêtent à la télévision. Le cinéma, c’est autre chose et la culture cinématographique en est aussi une autre. Il faut également essayer de mettre en place des structures qui accompagneraient les productions cinématographiques en RD Congo ». D’où l’intérêt soulevé par certains participants de relancer des cinés club à travers la ville de Kinshasa pour faire raviver une culture cinématographique auprès de la population kinoise, il en est de même pour d’autres provinces de la RD Congo. Les participants ont évoqué aussi la mise sur pied d’une politique pour la visibilité des cinéastes et de leurs œuvres. Il est question ici de la création d’une plate-forme multimédia pour la diffusion des productions cinématographique en RD Congo. Cette plate-forme va servir d’une tribune d’échanges entre opérateurs du monde du cinéma et autres cinéphiles.
Confrontés au manque de salles de cinéma et d’une filière de production bien structurée mais toutefois le cinéma congolais a une lueur d’espoir avec le dynamisme des jeunes cinéastes qui sortent des rues de la ville de Kinshasa avec pour la plupart des matériels de seconde main et autres moyens de bord. Ces jeunes croient à la renaissance du cinéma congolais. Toutefois certaines questions restent pendantes. L’industrie du film congolais et un peu partout en Afrique a de la faiblesse s’il est financé de l’extérieur. Les donateurs indiquent la démarche à suivre dans la réalisation d’un film. Ceux qui financent, veulent le sensationnel…Ils ont tendance à attirer les gens sur les images négatives de l’Afrique. Cette approche de chose est dégradante pour l’Afrique. En effet, le cinéma africain en général et congolais en particulier doit renaître sur des nouvelles approches plus objectives. A ce jour, il est question de mettre un fonds pour la promotion cinématographique. En réalité, les besoins sont les mêmes en Afrique. C’est dans cette option, d’une part, que les Etats africains par l’entremise de leur ministère de la culture où équivalant doivent mettre les bouchés double. Et d’autre part, les cinéastes doivent réaliser des films qui parlent de la culture africaine. Jusqu’ici, les cinéastes africains ont fait des films conformément à la volonté des bailleurs et avec une ligne esthétique qui plait à l’Occident », constatent certains observateurs avertis de la question. Et dire que le cinéma africain bien exploité peut servir de vecteur des valeurs des civilisations africaines. Tshoper Kabambi, cinéaste, producteur et directeur du festival a retenu aussi l’attention des participants aux ateliers Fikin sur la prise en compte de certaines valeurs de la culture africaine dans la réalisation de film.
Du sensationnel sur la misère des autres
Le cinéma congolais doit renaître de ses cendres. Cette renaissance implique la mise sur pied d’un fond conséquent pour sa relance. A ce jour lorsqu’on parle des images de la RD Congo, celles-ci se résument sous forme des stéréotypes axés sur les violences, la misère, la guerre, quartier obscur, enfants de la rue. Ce chapelet de malheur intéresse plus les objectifs de ce cinéma sensationnel sur l’Afrique. Et dire que l’Afrique en général et la RD Congo en particulier dans son étendue ne vivent pas en exclusivité de ces images apocalyptiques.
Par la renaissance du cinéma congolais, il est question d’impulser plus d’éclairage sur un cinéma plus objectif sur d’autres aspects de la vie africaine. Il faudra donc attendre de cette démarche ressortir des valeurs africaines perdues. L’orateur s’insurge encore sur la fornication sur la scène artistique qui discrédite la valeur de certaines œuvres. Surtout dans le domaine théâtral, l’art a cédé sa place à l’obscénité, à l’orgie, au nom d’une certaine performance artistique. Ces nouvelles approches artistiques énervent certains spectateurs.
(Saint Hervé M’Buy)