Accord-cadre d’Addis-Abeba : trois ans de passage à vide

Mercredi 24 février 2016 - 11:30

24 février 2013 - 24 février 2016. Voici trois ans qu’a été signé dans la capitale éthiopienne, sous l’égide des Nations unies, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix, la sécurité et la coopération dans la région des Grands Lacs.

 

C’est dans un contexte d’instabilité généralisée que les Nations unies, accompagnées de l’UA et d’autres organisations sous régionales, que cet accord a été signé. Dans l’espoir de ramener la paix dans la région des Grands Lacs. Trois ans après, l’Accord- cadre d’Addis-Abeba peine à s’affirmer.

Est-ce pour cette raison que le secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-Moon, fait le déplacement de la région?

 

Il convient de rappeler qu’à la proclamation des résultats de l’élection présidentielle de novembre 2011, qui ont donné vainqueur le président sortant Joseph Kabila face au leader de l’opposition, Etienne Tshisekedi, c’est la psychose du chaos.qui avait gagné les esprits des Congolais, partagés quant aux verdicts de la Commission électorale nationale indépendante (CENT). Les uns parmi eux soutenaient la victoire de Kabila, tandis que les autres étaient convaincus de la victoire écrasante de Tshisekedi, 83 ans. Bien que la Cour suprême ait officiellement reconnu la victoire de Joseph Kabila après l’avoir investi président de la République pour un deuxième mandat, Etienne Tshiekedi, lui, avait trouvé un autre moyen. Celui de s’autoproclamer président de la RDC. C’est dans sa résidence de la commune de Limite que cet opposant, convaincu de sa victoire, avait prêté serment, suscitant du coup une crise politique à laquelle il fallait trouver des réponses appropriées. C’est entre autres raisons qui ont conduit à la signature de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba.

 

UNE CRISE PERSISTANTE

Ce document qui impose également un certain nombre d’obligations aux autres Etats membres de la sous- région, s’est révélé à l’époque comme un instrument de la résolution de crise politique congolaise. Pour l’heure, les analystes soutiennent que la crise électorale de 2011 n’est toujours pas résolue, trois années après la mise en œuvre de cet accord, dont tout un mécanisme de suivi a été mis en place, côté congolais. A ce jour, la crise politique actuelle, sans doute conséquence du contentieux électoral de 2011, est encore plus complexe que celle qui a prévalu il y a cinq ans.

 

Alors que le mandat du président Kabila touche à sa fin et qu’il n’est plus éligible pour avoir brigué deux mandats (2006 et 2011), dans l’opinion politique, c’est l’incertitude de ce qui va arriver après l’expiration de son mandat (le 19 décembre 2016 à minuit) qui gagne du terrain. D’autant plus que ce dernier ne se prononce pas encore sur son avenir politique. Au sein de sa famille politique, les stratégies se mettent en place pour tenter un passage en force pour leur autorité morale. Les tentatives échouées de la modification de certaines dispositions de la Constitution, notamment l’article 220, en disent long.

 

Pendant ce temps, l’opposition politique dans son ensemble ne s’avoue pas vaincue. Elle ne jure que par le respect des mandats présidentiels tels que prévus dans la Constitution.

 

Bien évidemment, l’organisation de la présidentielle 2016 n’est pas encore garantie. Et pour ne pas laisser pourrir la situation qui sera par la suite difficile à maîtriser, en RDC l’on évoque l’idée du dialogue politique, des discussions qui devront permettre, selon certains observateurs, un atterrissage en douceur. Même si à ce niveau les points de vu des uns et des autres restent divergents.

 

Pour ce qui est de la RDC, l’accord-cadre d’Addis-Abeba devrait permettre un approfondissement des réformes dans le secteur de la sécurité, la consolidation de l’autorité de l’Etat, particulièrement dans l’Est du pays. Ce document prévoit également la réalisation des progrès en matière de décentralisation et la poursuite de développement économique et de la réforme structurelle des institutions publiques, le tout sous un élan de réconciliation nationale.

 

Trois ans après, l’Accord-cadre d’Addis-Abeba peine à prendre de l’envol. Raison pour les Nations unies, son principal, de pousser toutes les parties signataires à s’impliquer à sa mise en œuvre pour une paix durable dans l région des Grands Lacs.

Par Cyprien KAPUKU