Affaire A 320 de Congo Airways :Kinshasa s’engage à payer sa dette

Vendredi 28 août 2015 - 08:50

Dans un face-à-face avec les journalistes tenu hier mercredi 26 au studio d’enregistrement de la Rtnc 2, lequel a duré moins de dix minutes, le ministre des Relations avec le Parlement Tryphon Kin-Kiey Mulumba a tenté d’expliquer à l’opinion nationale les raisons de la saisie de l’un des deux avions Airbus A 320 de la nouvelle compagnie aérienne nationale congolaise « Congo Airways », à Dublin en Irlande du Sud. Le ministre s’exprimait en qualité de porte-parole intérimaire du Gouvernement.

On note qu’il a confirmé, à l’occasion, l’information que certains médias dont Le Phare avaient déjà publiée la veille en rapport avec la saisie judiciaire opérée sur cet aéronef pour non paiement de la dette que la RDC devait à la société minière de droit américain MIMINCO LLC.

Toutefois, s’il y a unanimité sur le montant de la dette qui reste à payer, des zones d’ombre demeurent quant aux causes de la créance ainsi que la période où les choses s’étaient déroulées.

Concernant le point de presse proprement dit, on ne peut passer sous silence son caractère expéditif qui a laissé les journalistes sur leur soif, parce que n’ayant pas eu l’occasion d’exprimer ce qu’ils avaient comme préoccupations sur ce dossier qui défraye la chronique.

Il faut aussi signaler que le ministre des Relations avec le Parlement, qui est lui-même journaliste, n’a pas offert à ses confrères l’élégance professionnelle recommandée afin de leur permettre de s’exprimer normalement. A la place, c’est une relation aux allures d’intimidation qui a primé.

Ci-dessous la communication du gouvernement par le biais de son porte-parole intérimaire, Tryphon Kin-Kiey Mulumba :

L’un des deux avions Airbus A320 acquis par la société d’aviation Congo Airways est actuellement cloué au sol sur un aéroport de Dublin, en Irlande. Acquis auprès de la société aérienne italienne Alitalia pour une somme d’environ 25 millions de dollars américains, cet Airbus de fabrication plus récente (2008) que le précédent (2007) livré le 30 juillet dernier actuellement au sol à l’aéroport de N’Djili à Kinshasa en attente des vols inauguraux, s’y trouvait, comme le premier, pour être peint aux couleurs de la compagnie nationale.

C’est une société minière MIMINCO LLC de droit américain en conflit avec l’Etat congolais qui a instrumentalisé la justice irlandaise en faisant prendre une ordonnance de saisie.

L’action passera le 9 septembre devant le tribunal.

Dans ce dossier, la société MIMINCO LLC est représentée par un Américain d’origine congolaise du nom de Ilunga Mukendi, qui vit à Boston aux Etats-Unis et l’un des associés de cette MIMINCO LLC.

Dans le passé, la société MIMINCO LLC avait tenté de faire main basse sur des intérêts de la République sans y parvenir. Il s’agit des biens de notre ambassade en Belgique et ceux de la Banque Centrale du Congo.

Le conflit remonte à l’époque de la guerre de libération.

Des soldats zaïrois qui auraient été conduits par l’un des fils du Maréchal Mobutu occupent des concessions diamantifères de MIMINCO LLC dans le territoire de Tshikapa, dans l’actuelle province du Kasaï.

Ils confisquent quantités de diamant disponibles, engins et matériel de production minière avant de commencer à exploiter la pierre précieuse.

Se fondant sur le traité bilatéral existant entre les Etats-Unis d’Amérique et notre pays à l’époque Zaïre concernant la protection et l’encouragement des investissements, la société MIMINCO LLC saisit le CIRDI (Centre International pour le Règlement des différends relatifs aux investissements, une organisation internationale membre du Groupe de la Banque Mondiale).

Le Gouvernement de la République et MIMINCO LLC négocient et concluent un règlement transactionnel pour mettre fin au différend qui les oppose.

La transaction ainsi conclue pour un montant de 13 millions de dollars américains au lieu de 45 millions de dollars réclamés par MIMINCO LLC, est coulée dans une sentence arbitrale par le Tribunal arbitral institué par le CIRDI et siégeant au siège européen de la Banque Mondiale à Paris.

Sur base de cette sentence arbitrale, l’Etat congolais verse à MIMINCO LLC un acompte de 1,3 millions de dollars américains.

A la suite du non-paiement du solde restant dû, MIMINCO LLC a saisi l’aéronef de Congo Airways.

Cette saisie est un coup dur pour la compagnie aérienne nationale dont l’un des actionnaires est l’Etat congolais.

Ce deuxième Airbus était attendule29 août dans la Capitale pour se joindre au premier en vue de former une flotte dont les vols inauguraux annoncés pour le 31 août, précédaient l’exploitation commerciale.

L’absence de ce deuxième avion sur le sol congolais désarticule le plan d’exploitation de la compagnie nationale.

Il va sans dire que la compagnie a pris toutes les dispositions pour faire valoir ses droits, le but étant de prendre possession le plus tôt possible de cet Airbus.

Pour l’instant, toutes les options restent ouvertes.

Le Gouvernement de bonne foi tient à la crédibilité pleine et entière du projet Congo Airways, et veut dans ce litige pousser à un règlement à l’amiable car, ici comme ailleurs, un mauvais arrangement vaut mieux qu’un bon procès.

Le Gouvernement étudie un accord entre parties qui pourrait être présenté devant le juge irlandais par les avocats des deux parties, ce qui permettrait une rapide mainlevée de cet avion et à la compagnie nationale de démarrer ses activités.

Kinshasa, 26 août 2015

Tryphon Kin-kiey

Mulumba,

Ministre des Relations avec le Parlement,

Porte-parole intérimaire du Gouvernement.

 

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