Afrique du Sud : les autorités traditionnelles zoulous condamnent les violences xénophobes

Jeudi 16 avril 2015 - 08:31

L’ANC, le parti au pouvoir en Afrique du Sud, et le prince traditionnel des Zoulous ont condamné mercredi les violences xénophobes qui ont secoué la ville de Durban (est) depuis plusieurs jours et menacent de s’étendre de nouveau à Johannesburg.

"Quelle que soit la cause de ces actes barbares, le Congrès National Africain (ANC) les considère comme des actes criminels contre des population vulnérables et sans défense, qui ont cherché refuge, réconfort et prospérité économique dans notre pays", déclare l’ANC dans un communiqué, qui appelle tous les Sud-Africains à condamner sans réserve ces exactions.
Mercredi dans la journée, la situation s’était calmée à Durban après plusieurs jours de violence qui ont fait au moins 6 morts, dont un Ethiopien brûlé vif dans l’attaque de sa maison. Comme à Soweto en janvier, les violences avaient démarré par le pillage d’échoppes tenues par des étrangers.
Rencontré dans le camp où les autorités ont regroupé par sécurité les étrangers chassés de chez eux, Tarcisse Balole, 34 ans, a 36 points de suture sur le crâne et la main gauche plâtrée, après avoir été passé à tabac vendredi, dans son échoppe d’épices.
Venu de RDCongo en 2006, il témoigne de ce que ses agresseurs lui ont dit : "+nous allons venir vous tuer+, ils m’ont dit. Ils ont tout pris dans mon appartement, et après m’être réveillé à l’hôpital, j’ai décidé de venir ici", dans le camp de "réfugiés".
Mercredi, le prince Thulani Zulu, leader traditionnel zoulou, s’est efforcé lui aussi d’apaiser les tensions : "je parle au nom du roi et de la famille royale (...) ce qui se passe actuellement, le roi le condamne dans les termes les plus fermes", a dit Thulani Zulu, au nom du roi Goodwill Zwelithini, chef spirituel de 12 millions de Zoulous.
Ce dernier a été accusé d’avoir attisé les violences par des déclarations en mars où il estimait que les immigrants illégaux devaient "faire leurs bagages et quitter le pays". La tension a par ailleurs gagné depuis quelques jours Johannesburg, où vivent de très importantes communautés étrangères africaines, et où les flambées de violence xénophobes sont récurrentes.
Dans la matinée, des commerçants du centre-ville de la capitale économique du pays avaient baissé leurs rideaux de fer, des rumeurs courant sur les réseaux sociaux que les étrangers allaient être la cible d’attaques. Quelques échauffourées ont eu lieu en ville. "Ca fait quinze ans que je suis là", a déclaré à l’AFP Milion Kassa, un commerçant éthiopien de 34 ans. "Qu’est-ce qu’on a fait de mal, sinon travailler dur pour améliorer notre vie ? Est-ce que la police nous protège ? Non. A Soweto, ils étaient là à regarder pendant que les gens pillaient les magasins", accuse-t-il, dans une référence aux violences qui avaient fait six morts à Soweto en début d’année.
Egalement rencontré en centre-ville, Mkululi White, responsable d’une ONG de défense des étrangers, expliquait à l’AFP : "nous essayons d’éduquer nos concitoyens et de leur montrer l’impact de ce qu’ils font sur l’économie. Beaucoup d’étrangers ont des commerces légaux, ils payent des impôts, ils vont vivre notre économie. Nous ne pouvons pas tolérer ce qui se passe".
Le Premier ministre de la province de Durban, le Kwazulu-Natal, a indiqué avoir parlé avec la présidente de la commission de l’Union africaine : "Mme Nkosazana Dlamini-Zuma (elle-même sud-africaine) nous a appelé au téléphone et elle nous a dit qu’elle était inquiète, personnellement, et que l’UA était inquiète aussi".
Certains pays frontaliers de l’Afrique du Sud ont pris des mesures pour rapatrier ceux de leurs ressortissants qui en font la demande.Le ministre mozambicain des Affaires étrangères Oldemiro Baloi a annoncé dès mardi "la mise en place de camps de transit et de logement pour les victimes de ces violences". Le gouvernement de Maputo, a-t-il ajouté, "a demandé aux autorités sud-africaines de prendre des mesures rapides et sévères contre ceux qui s’attaquent aux ressortissants étrangers". AFP

 

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