CADTM publie « Les mensonges théoriques de la Banque mondiale »

Jeudi 13 novembre 2014 - 08:20

Les prêts sont considérés par les bailleurs de fonds publics (gouvernements des pays les plus industrialisés et BM en particulier) comme un puissant moyen d’influencer les pays qui s’endettent. Les actions de la Banque ne se résument donc pas à une succession d’erreurs ou de mauvais coups. Au contraire, elles participent d’une vision cohérente, théorisée, conceptualisée que l’on enseigne doctement dans la plupart des universités. Des centaines de livres d’économie du développement la distillent. La Banque a produit une véritable idéologie du développement. Lorsque les faits démentent la théorie, la Banque ne remet pas en cause la théorie. Au contraire, elle cherche à déformer la réalité pour continuer à protéger le dogme.

Au cours des dix premières années de son existence, la BM produit très peu de réflexions concernant le type de politique économique à soutenir à l’égard des pays en développement. Plusieurs raisons l’expliquent : cela ne fait pas encore partie des priorités de la BM. En 1957, la majorité des prêts de la BM (52,7%) est encore octroyée aux pays industrialisés ; la matrice théorique des économistes et des dirigeants de la BM est d’inspiration néoclassique. Or la théorie néoclassique n’attribue pas de place spécifique aux PED ; la BM ne s’est dotée d’un instrument spécifique pour octroyer des prêts à bas taux d’intérêt aux pays en développement qu’en 1960 (création de l’Association internationale de développement (AID) - voir http://cadtm.org/SUNFED-versus-Banque-mondiale).

La BM élabore peu mais cela ne l’empêche pas d’exprimer des critiques à l’égard des autres. C’est ainsi qu’en 1949, la Banque critique un rapport de la commission des Nations unies pour l’emploi et l’économie, qui plaide pour un investissement public dans l’industrie lourde des PED. La BM déclare que les pouvoirs publics des PED ont assez à faire avec la réalisation de bonnes infrastructures, et qu’ils doivent laisser la responsabilité de l’industrie lourde à l’initiative privée locale et étrangère.
A suivre
CADTM