Soupçonnant que les prétendus indigents enterrés dans la fosse commune seraient des personnes tuées lors de l’opération «Likofi» et des émeutes de janvier dernier à Kinshasa, HRW et l’ASADHO exigent toute la lumière sur cette affaire
Dans un communiqué, l’Association Africaine de défense des Droits de l’Homme (ASADHO) se dit préoccupée par la nouvelle de la découverte d’une fosse commune dans la Commune de Maluku, à Kinshasa, contenant plus de quatre cents corps des personnes décédées dans les circonstances non encore élucidées.
Ainsi, l’Ongdh exige que le gouvernement congolais mette en place une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur cette découverte macabre.
L’ASADHO recommande au Gouvernement de confier l’enquête sur la fosse commune de Maluku à des personnalités indépendantes.
L’ASADHO exige aussi l’exhumation des corps pour qu’il soit procédé à des expertises qui puissent établir les circonstances dans lesquelles ces personnes sont décédées.
Doté d’un statut d’Observateur à la Commission Africaine des Droits de l’homme et des Peuples dont le siège est basé à Banjul, en Gambie, l’ASADHO invite la Communauté internationale à s’assurer que les enquêtes sur la fosse commune de Maluku soient conduites par des personnalités indépendantes et à fournir aux enquêteurs tous les moyens logistiques appropriés pour que les circonstances dans lesquelles ces personnes sont décédées soient élucidées.
Informé il y a 20 jours par les villageois
En effet, depuis plus de 20 jours, l’ASADHO avait été informée par plusieurs sources de l’existence d’une fosse commune qui contiendrait les corps de plusieurs centaines de personnes mortes dans les circonstances obscures.
Pendant que l’ASADHO était entrain de vérifier les informations lui fournies, le Gouvernement a annoncé, le vendredi 3 avril 2015, par la bouche du Vice Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur que ladite fosse commune contient les corps des indigents qui ont été gardés longtemps à la morgue de l’hôpital général de Référence de Kinshasa et qui ont été inhumés par l’Hôtel de ville de Kinshasa.
L’ASADHO émet des réserves sur la version du Gouvernement dans la mesure où elle n’établit et ne détermine pas dans quelles circonstances ces personnes sont décédées.
» Est ce que les corps portent de marque des balles ou d’autres nuisances extérieures ? Est-ce que ces personnes sont décédées à la suite de torture ou des traitements inhumains ou dégradants ou pas ? Est-ce que ces personnes sont décédées à la suite d’une mort naturelle ou pas, s’interroge l’ASADHO.
Etant donné que le Vice Premier Ministre et Ministre de l’Intérieur a, dans sa déclaration, prôné la transparence dans le traitement de ce dossier, l’ASADHO exige des réponses aux questions ci-dessus.
En plus des réponses attendues, l’ASADHO estime qu’il est important que les enquêtes sur la fosse commune de Maluku soient conduites par des personnalités indépendantes pour éviter une accréditation pure et simple de la version avancée par le Gouvernement congolais.
Une question sans réponse, selon HRW
» Il reste encore un certain nombre de questions sans réponse sur la fosse commune à Maluku, à la périphérie de Kinshasa, où le vice-Premier ministre et ministre de l’Intérieur de la République Démocratique du Congo a déclaré que près de 425 corps ont été enterrés au milieu de la nuit le 19 Mars 2015.
Selon le gouvernement, les corps enterrés sont ceux des personnes non identifiées, des indigents, des personnes qui étaient abandonnées par leurs familles ou celles dont les familles ne pouvaient pas payer l’enterrement, et des mort-nés.
Après la déclaration de Boshab, plusieurs activistes des droits de l’homme et des membres du parlement ont manifesté des inquiétudes selon lesquelles les individus illégalement tués par les forces de sécurité pourraient être parmi ceux qui sont enterrés dans la fosse commune.
Il y a lieu de rappeler que des dizaines de personnes ont été tuées lors d’une répression brutale des manifestations à Kinshasa en janvier 2015 pour protester contre les modifications de la loi électorale.
Dans de nombreux cas, les corps des victimes auraient été emmenés par la police ou les soldats de la Garde républicaine, et certaines familles n’ont toujours pas été en mesure de localiser les corps de leurs proches qui ont été tués.
Les autorités judiciaires congolaises ont commencé une enquête sur la fosse commune à Maluku. » Nous espérons que cette enquête sera rigoureuse, indépendante et crédible, et que les résultats de cette enquête pourront mettre en lumière l’identité de ceux qui sont enterrés à Maluku, y compris si la fosse commune pourrait inclure des corps des personnes tuées pendant les manifestations en janvier.
Le gouvernement devrait également mener une enquête crédible sur les tueries de janvier et veiller à ce que les responsables soient arrêtés et poursuivis en justice « , martèle Ida Sawyer, chercheuse senior à la Division Afrique de Human Rights Watch.
» Le gouvernement devrait aussi fournir des réponses sur les corps des personnes tuées lors de l’Opération Likofi, une opération de la police à Kinshasa où des dizaines de jeunes hommes et garçons ont été tués ou ont été victimes de disparition forcée.
Là aussi, la police a pris les corps des victimes pour une destination inconnue et certaines familles n’ont toujours pas trouvé les corps des membres de leur famille qui ont été tués jusqu’à ce jour. Le gouvernement devrait aussi enquêter pour se rassurer que ces cadavres n’aient pas également été enterrés dans des fosses communes. « , tance Ida Sawyer.
Par Godé Kalonji Mukendi