Le commerce responsable des minerais en discussion à Kinshasa

Mardi 4 novembre 2014 - 10:28

Le vice-Premier ministre et ministre du Budget, Daniel Mukoko Samba, représentant le Premier ministre et chef du gouvernement, a ouvert, hier lundi 3 novembre 2014 à l’hôtel Fleuve Congo Kempiski, le 8ème Forum CIRGL-OCDE-Groupe d’experts des Nations unies sur « les chaînes d’approvisionnement en minerais responsables ». Il s’agit d’un cadre de réflexion et de dialogue entre les gouvernements des pays des Grands- Lacs, les entreprises, les organisations professionnelles, les organisations intergouvernementales et celles de la Société civile pour promouvoir et renforcer les actions menées en faveur du Devoir de Diligence de l’OCDE et du Mécanisme Régional de Certification(MRC) de la CIRGL « afin d’éviter toute politique ou pratique susceptible d’exclure des producteurs responsables des chaines d’approvisionnements du commerce mondiale des minérais ». «J’ai la ferme conviction que la tenue des présentes assises augure
une ère nouvelle entre les pays producteurs, les fonderies et les utilisateurs finaux pour l’établissement d’un partenariat gagnant-gagnant favorisant l’instauration d’un commerce responsable des minerais », a déclaré le vice-Premier ministre dans son allocution d’ouverture des travaux marqués par le retour du Rwanda représenté par son ministre des Ressources naturelles, Vincent Biruta.

Session visant à doter  l’Afrique non seulement des minerais libres de conflit mais aussi et surtout des minerais de développement, quatre thèmes principaux sont inscrits à ce forum international dont la modératrice est l’ambassadrice du Canada en RDC, Ginette Martin.
Le premier vise à « dresser le bilan et faire progresser la mise en œuvre du devoir de diligence en amont de la chaîne d’approvisionnement dans la région des Grands Lacs ». Dans ce panel, les participants vont évaluer les progrès enregistrés et les obstacles à la mise en œuvre des dispositifs clés du devoir de diligence dans la région tels que le Mécanisme régional de certification (MRC) de la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et d’autres processus de certification. Ils étudieront les différents systèmes  promouvant et facilitant l’exercice du devoir de diligence sur le terrain.
«Insister sur la question du respect des droits humains dans le cadre de l’exercice du devoir de diligence, comme décrit dans l’annexe II du Guide de l’OCDE » est le deuxième thème. Pour le troisième, les participants au forum vont « débattre de la formalisation de l’artisanat minier et de l’exploitation minière à petite échelle dans la région et réfléchir aux moyens d’intégrer l’or et les 3T produits de manière responsable aux canaux de distribution officiels et aux chaînes d’approvisionnement mondiales ».
Enfin, ils vont chercher à « comprendre quels sont les éléments clés pour mettre en place un climat d’investissement responsable et attractif dans la région des Grands Lacs et comment, de manière générale, la gouvernance du secteur minier peut soutenir la mise en œuvre du Guide de l’OCDE et du Mécanisme régional de la CIRGL ».

La RDC engagée à jouer pleinement son rôle

Le ministre des Mines, Martin Kabwelulu, a réaffirmé dans son mot de bienvenue l’engagement de la RDC à « jouer pleinement son rôle dans l’instauration d’un commerce des minerais 3T (coltan, cassitérite et tungstène) et de l’or dans la région des Grands Lacs et dans les autres pays du monde ».
Secrétaire exécutif de la CIRGL, le Pr Ntumba Luaba s’est réjoui « des avancées réalisées dans la mise en œuvre de l’Initiative régionale de lutte contre l’exploitation illégale des ressources naturelles ». « Le 24 juillet 2013, nous étions à Kinshasa pour inaugurer le lancement du certificat régional de la RDC, dans le cadre du Mécanisme régional de certification. Ce lancement a constitué un grand espoir pour la région. Dans la foulée, la République du Rwanda a procédé aussi au lancement de son certificat en novembre 2013 en délivrant son premier certificat régional », a-t-il rappelé.
Quant au Burundi, il a lancé le système de traçabilité qui constitue une étape importante vers la certification. Très récemment, il vient de se doter d’une fiche d’inspection des sites miniers qui reprend les normes et l’esprit du Mécanisme régional de certification de la CIRGL. L’Ouganda a annoncé à son tour la mise en place d’une Commission de certification pour opérationnaliser le certificat régional, a-t-il observé.
Enfin, le Pr Ntumba Luaba a également noté que « le Comité d’audit régional a finalisé le processus d’accréditation des auditeurs tierce partie dans le but d’assurer la crédibilité des certificats régionaux ». « Quatre maisons d’audit ont été créditées et publiées sur notre site. Au moins huit audits initiaux dont trois en RDC, trois au Rwanda, un en Ouganda et un autre au Burundi, sont déjà planifiés à partir de janvier 2015 », a-t-il annoncé.
Par ailleurs, a-t-il révélé, le Secrétariat de la CIRGL prépare une conférence de tous les exportateurs  de la région pour annoncer officiellement l’opérationnalisation des audits tierce partie et échanger sur les rôles et responsabilités des uns et des autres pour garantir des audits crédibles.

Tshieke Bukasa