Crise politique en RDC: Joseph Kabila répond à Barack Obama

Jeudi 30 juin 2016 - 12:03

La fête de l'indépendance de la RDC, célébrée le jeudi 30 juin à Kindu, a donné lieu à une passe d'armes inédite entre le président congolais et son homologue américain. Objet de la controverse: l'alternance politique en RDC.
Tout est parti d'une lettre de voeux, datée du mardi 28 juin, écrite par le président Obama. Missive à l'attention du président Kabila à l'occasion de la fête de l'indépendance de la RDC. Sans surprise, le président américain y a abordé la question qui fâche dans la Kabilie. Le prix Nobel y écrit notamment ceci:« Nous sommes aux côtés du peuple de la RD Congo et nous soutenons le premier passage pacifique et démocratique imminent du pouvoir». Avec ces mots, bien que diplomatiques, il est clair que Washington conjugue désormais Kabila au passé dans un futur proche. D'où l'usage de l'adjectif «imminent». Le premier président américain d'origine africaine n'est pas prêt de renoncer à la pression qu'exerce son pays sur les autorités congolaises soupçonnées de saboter le processus électoral et de violer les droits humains. Au contraire en lisant sa correspondance entre les lignes on s'aperçoit que la pression sur les autorités congolaises ira crescendo. Pour cela, Obama utilise des sanctions ciblées. Célestin Kanyama, patron de la police, est le premier à avoir goûté aux sanctions américaines avec le gel de ses avoirs.
Barack Obama ne laisse planer aucun doute sur les intentions de l'Oncle Sam en RDC en écrivant ceci: « Nous attendons avec impatience nos relations futures avec une République démocratique du Congo stable, démocratique et prospère.» Ces bribes de passages de sa lettre ont été révélées par notre confrère Jeune Afrique qui s'est procurée une copie.
Comme on pouvait s'y attendre, cette lettre a fortement déplu Joseph Kabila et sa majorité présidentielle. Sa réponse n'a pas tardé. Elle est venue un jour plus tard, le 29 juin. Dans une allocation télévisée pré-enregistrée diffusée sur la chaîne publique RTNC, le président Kabila a dénoncé une fois encore l'ingérence étrangère.

Notre histoire ne sera pas écrite en lettre de sang mais par nous même a-t-il déclaré. Il a promis que les élections se feront. Mais comme toujours n'a pas dit lesquelles, dans quel délai et surtout n'a pipé mot si lui-même y participerait ou pas alors que frappé par une disposition constitutionnelle de ne pas se représenter à la présidentielle. Kabila dans son discours a aussi confirmé la tenue du Dialogue politique. Il a pressé le facilitateur à vite l'organiser.
Finalement, ce discours comme les autres déjà prononcés laissent toujours un goût d'inachevé. Dommage et dommageable pour un Etat qui a besoin d'un cap clair.

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