Dialogue non inclusif : Les inquiétudes de l’Union européenne

Jeudi 1 septembre 2016 - 10:06
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L‘absence de grands partis politiques de l’Opposition au dialogue national va entacher la crédibilité des résolutions qui en sortiront. Cette faille, couplée aux demi-mesures de décrispation politique que la majorité au pouvoir prend à compte-gouttes, n’est pas de nature à garantir une issue heureuse de ces négociations. Arrivé fin mandat; l’ambassadeur de la délégation de l’Union européenne en RDC a tiré la sonnette d’alarme en exprimant ses inquiétudes quant à la tenue d’un dialogue non représentatif.

 

Les partenaires de la Ré publique démocratique du Congo sont inquiets quant au spectre de violence qui se profile à l’horizon. Au vu de la tension qui monte d’un cran chaque jour qui passe, ils ne cessent d’exprimer leurs craintes sur la situation politique congolaise.

 

En début de semaine, c’est le nonce apostolique, le représentant du Pape François en République démocratique du Congo, qui n’est pas allé par le dos de la cuillère pour fustiger la précipitation avec laquelle le facilitateur a convoqué les travaux du dialogue national politique alors que plusieurs préalables n’étaient pas encore rencontrés en vue de la tenue, dans la sérénité, de ces négociations.

 

Après le représentant du Pape François, c’est au tour du chef de la délégation de l’Union européenne à Kinshasa, Jean-Michel Dumond, d’exprimer ses inquiétudes. Au cours d’une conférence de presse tenue, hier mercredi, en guise d’au revoir puisqu’il est arrivé fin mandat après quatre ans et demi d’exercice, le diplomate européen a regretté l’absence de grands partis politiques au dialogue où le futur de la RDC devra être traité.

 

POUR UN DIALOGUE CREDIBLE

Selon Jean-Michel Dumond, il n’y a aucun doute que le dialogue, au stade actuel, n’est pas inclusif. « On constate bien que le dialogue n’est pas assez inclusif », a-t-il dit spontanément. Cependant, il attend voir si d’ici l’ouverture des travaux, il y aura de nouveaux acteurs qui vont rejoindre les travaux. «On verra demain (Ndlr : à l’ouverture du dialogue). Mais, s’il y a absence des forces politiques majeures de l’Opposition, ça pose un problème de crédibilité », pense le chef de la délégation de l’UE.

 

Et d’ajouter : « Evidemment, si les grands partis politiques de l’Opposition ne sont pas là, ça entache la crédibilité du dialogue ». Allusion faite au Rassemblement des forces politiques et sociales du changement qui maintient la récusation du facilitateur désigné et demande la libération de tous les prisonniers politiques ainsi que la réouverture des médias appartenant aux acteurs politiques de l’Opposition.

 

Sur la question de transformer le groupe international de soutien à la facilitation en une « facilitation » du dialogue, Jean-Michel Dumond a souligné que cette demande de l’Opposition n’est pas acceptée par la Majorité présidentielle. « Pour jouer le tango, il faut être à deux », a-t-il dit sur la question de la co-facilitation, laissant entendre que la famille du chef de l’Etat n’est pas de cet avis, Pour autant, Jean-Michel Dumond a souligné que l’UE n’est pas « demandeur » de jouer ce rôle mais reste disposer à « faciliter les contacts» entre les différents acteurs politiques de la RDC en vue de la participation de tous les acteurs majeurs. « Nous ne sommes pas demandeur de jouer le rôle de la facilitation mais nous sommes disponible pour essayer de faciliter les contacts et permettre l’organisation des élections dans le respect de la Constitution congolaise », a-t-il dit.

 

Bien qu’il ait noté des progrès dans la libération des prisonniers politiques, l’ambassadeur de l’UE a dénoncé la poursuite de violation des droits de l’Homme et la détention dans les cachots de l’Agence nationale de renseignements (ANR) des acteurs politiques, en violation de la loi sur la garde à vue.

 

L’APPEL PRESSANT À LA DECRISPATION

« Les arrestations arbitraires.... Dans un Etat de droit, il y a des règles très précises en matière de garde à vue. Le fait de détenir sans mandat d’arrêt des gens dans des cachots de l’ANR est tout simplement contraire aux droits et aux règles », s’est-il inquiété.

 

Sans doute, il ne s’explique pas que ces bavures continuent en ce moment où des solutions apaisées doivent être recherchées pour décrisper la situation politique, notamment à travers le dialogue. « C’est question de principe. Il faut éviter de recourir à ces pratiques qui sont tout simplement illégales», a dit Michel Dumond.

« On est ni naïf, ni inconscient. On connait très bien les appréhensions des uns et des autres », a-t-il dit, parlant de la situation préoccupante créée en RDC. Cependant, il estime que es Congolais sont les premiers responsables de l’avenir du Congo-Kinshasa. « Nous ne pouvons pas porter atteinte à la souveraineté de la RDC », pense ce diplomate.

 

A tout prendre, la position de l’UE n’a pas changé une semaine après l’ouverture des travaux du comité préparatoire au dialogue. En effet, le 24 août dernier, à l’ouverture des travaux préparatoires au dialogue, l’UE a appelé à un « dialogue politique équitable ». « Un dialogue politique équitable et inclusif en RDC demeure le moyen privilégié pour aboutir à un consensus sur l’organisation d’un processus électoral crédible et respectueux de la Constitution, en ligne avec la résolution 2277 du Conseil de sécurité des Nations unies ».

 

A cet effet, le chef de la délégation de l’UE a appelé « tous les acteurs à s’inscrire dans le dialogue et à s’abstenir de toute action qui pourrait contribuer â créer un climat de tension ».

En même temps, l’UE a invité le gouvernement à « assurer un espace politique ouvert et à multiplier les mesures d’apaisement, dont la libération d’autres prison n 1ers d’opinion, et à procéder à la libération effective des personnes annoncées le 19 août ».

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