Par souci de rétablir la vérité, le collectif du personnel congolais de l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa réagit à l’article paru dans la publication n°5379 du journal Le Phare sous l’intitulé «Hôpital du cinquantenaire torpillé par une main noire ».
Dans votre article, vous avez affirmé haut et fort après enquête que les médecins et infirmiers œuvrant au sein de l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa jouissent d’un barème salarial que leur envient leurs confrères et consœurs de plusieurs hôpitaux et cliniques du pays. Vos observateurs ne leur trouvant aucune raison de grever. Il a été également repris dans lés colonnes de votre journal que la grève du personnel congolais initié en date du 11 juillet 2016 a été instrumentalisée par le Ministre de la santé publique.
Permettez-nous de vous dire que ces allégations sont mensongères et grotesques.
Vous serez surpris d’apprendre que le barème salarial selon l’esprit du décret et du partenariat n’est pas appliqué à l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa. A titre d’exemple, le salaire mensuel global des médecins généralistes congolais travaillant à temps plein au sein de ladite institution est de loin inférieur à celui de leurs homologues des hôpitaux de l’Etat. Pourtant le salaire mensuel moyen des médecins indiens est de 7000$ (USD). Il n’existe ni prime ni honoraire de l’hôpital pour les médecins généra listes congolais. Ces derniers ne bénéficient pas non plus de la prime des risques professionnels octroyée aux médecins du secteur publique par l’Etat congolais qui s’élève à 650,000 FC à l’heure actuelle. Vos observateurs ont surement dû confondre le barème salarial des médecins congolais avec celui des médecins indiens.
L’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa est le seul hôpital du pays où médecins, infirmiers, laborantins, pharmaciens et autres personnels doivent payer pour se faire soigner au sein de l’institution dans laquelle ils travaillent 7joursl7, au même tarif que les patients qu’ils prennent en charge. C’est le seul hôpital où le personnel congolais (médecins, infirmiers...) n’a droit qu’à 10 jours de congé annuel de reconstitution sans plus ni moins alors que le code du travail prévoit 30 jours de congé annuel minimum. Le personnel indien a droit quant à lui à un congé annuel de 30 jours minimum contrairement au personnel congolais travaillant au sein du même hôpital.
Notre mouvement de grève est né des frustrations qui animent le quotidien du personnel congolais travaillant à l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa.
Mauvaises conditions de travail, mauvaises conditions sociales, horaires de travail esclavagistes, humiliations, discriminations, manque de considération et licenciements abusifs rythment le quotidien du personnel congolais.
Il n’a jamais été question d’instrumentalisation par des hommes politiques comme mentionné dans votre publication.
En tant que personnel de cet hôpital, nous nous devons d’apporter un rectificatif à certaines allégations parues dans l’article susmentionné :
* Contrairement aux affirmations de vos observateurs, l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa n’est pas solidement équipé et ne dispose pas du plateau technique adéquat. Par conséquent il n’a jamais pu endiguer le transfert des patients vers l’étranger.
* Vous avez parlé de transplantation rénale (150$) à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa. A notre connaissance, la transplantation rénale n’a jamais existé dans cet hôpital. Y aurait t-il un trafic d’organes méconnu du personnel médical congolais?
* La radiologie invasive n’a jamais existé à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa. Le service de radiologie ne dispose actuellement que de la radiographie, l’IRM et l’échographie. L’hôpital n’a plus de scanner fonctionnel depuis environ 1 an. Les examens d’imagerie comme la mammographie, l’échographie mammaire, l’échographie doppler, l’échographie musculo-tendineuse, le panoramique dentaire et autres ne sort pas réalisables à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa suite au manque d’équipements. Les seuls radiologues de l’hôpital travaillent à temps partiels.
Il n’existe pas de service de cancérologie à l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa. Ce dernier demeure virtuel. Aucun oncologue (spécialiste du cancer) disponible. Les patients nécessitant par exemple -une radiothérapie sont envoyés dans d’autres hôpitaux de Kinshasa.
* Le service de neurochirurgie de l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa est fermé depuis près d’un mois par manque de neurochirurgiens et de matériels. Les matériels de neurochirurgie utilisés dans cette institution appartiendraient à des particuliers qui le louent à l’hôpital au besoin. Les neurochirurgiens qui y prestaient jadis ont arrêté, estimant que les conditions n’étaient pas favorables.
* L’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa, a une capacité de 517 lits. Dans’ votre article vous avez parlé de 250 patients internés. Grande sera votre surprise d’apprendre que l’hôpital n’a jamais dépassé 65 malades internés, soit moins de 12% des lits occupés. Les Consultations journalières n’ont jamais atteints 500 patients, et cela même pendant les périodes de consultations gratuites.
* La plupart d’analyses biochimiques, biologiques et anatomopathologiques des patients de l’hôpital sont effectuées dans les laboratoires privés à Kinshasa (UFUK, LEBOMA...) justifiant un retard dans l’acquisition des résultats.
* Le département de pédiatrie de l’hôpital ne dispose pas d’un plateau technique suffisant contrairement à certains grands hôpitaux de Kinshasa. Les services de cardiologie pédiatrique, néphrologie pédiatrique, neurologie pédiatrique, endocrinologie pédiatrique, pneumologue pédiatrique, gastro-entérologie pédiatrique, infectiologie pédiatrique et chirurgie pédiatrique n’existent pas. Seules la pédiatrie générale et la néonatologie sont fonctionnelles. Les cas de néonatologie et de prématurité compliqués sont souvent redirigés vers d’autres hôpitaux de la ville.
* Les seuls services fonctionnels du département de médecine interne à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa sont les services de néphrologie, cardiologie, neurologie et pneumologie, les spécialistes n’étant disponibles qu’à temps partiel. Les services de rhumatologie, infectiologie et endocrinologie n’existent pas. Aucun gastro-entérologue disponible plus de deux ans après l’ouverture de l’hôpital.
* La chirurgie laser, la chirurgie esthétique non invasive de la peau, la chirurgie bariatrique, la chirurgie digestive, l chirurgie cardiaque et la chirurgie thoracique n’existent pas. Seuls les services d’urologie, orthopédie, chirurgie générale et chirurgie maxillo-faciale sont opérationnels.
* Vos observateurs auraient confondu le service de kinésithérapie avec le centre de médecine sportive qui n’a jamais existé dans cet hôpital.
* Le recrutement du personnel congolais n’obéit pas aux prescrits du code du travail comme vos observateurs l’affirment. A moins que vous trouviez normal que le Gestionnaire indien de l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa impose au personnel médical et autres personnels congolais travaillant au sein de cet établissement publique hospitalier de signer un contrat de sous-traitance avec une société de gardiennage dénommé « Force Security ».
* Les violations récurrentes du code du travail par le gestionnaire indien de l’hôpital sont de coutume. Des licenciements abusifs du personnel congolais sous prétexte que l’ordre viendrait des autorités. Celui-ci répond à quiconque souhaite l’application du code du travail d’aller à Ndjili ou Ngaliema ; pas l’’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa.
* Contrairement à ce qui a été affirmé dans votre article, on relève une certaine inexpérience chez la plupart des médecins, infirmiers et laborantins indiens travaillant à l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa.
On observe très souvent des attitudes thérapeutiques qui renforcent les doutes sur les qualifications des médecins indiens.
* Les médecins indiens exercent illégalement depuis 2 ans car n’étant pas inscrits au tableau de l’ordre des médecins de la République démocratique du Congo.
* L’organisation et le fonctionnement de l’Hôpital du cinquantenaire de Kinshasa dans sa forme actuelle ne ressemble en rien à celui d’un hôpital de niveau tertiaire. L’organisation des services de santé laissent à désirer.
Deux ans après son ouverture, l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa n’est toujours pas en mesure de remplir la mission qui lui a été assignée. Pour cause, l’inexpérience flagrante en matière de gestion hospitalière, de l’équipe indienne ayant à sa charge la gestion de ladite institution, avec comme conséquence une gestion calamiteuse.
Le collectif du Personnel congolais de l’Hôpital du Cinquantenaire de Kinshasa