Encore des ratés

Lundi 15 septembre 2014 - 10:53

Les faits en journalisme sont sacrés. Libres sont les commentaires. Le samedi 13 septembre, une marche de l‟Opposition pro-dialogue avait été annoncée. Cette marche devrait partir de la Gare centrale pour la célèbre et historique Place des Artistes, au rond-point Victoire. Qu‟a-t-on vu le jour-j? Pas grand-chose. Une forte présence policière sur les lieux indiqués. Quelque deux centaines de militants de l‟Opposition, pas plus, à la sauve qui peut, sur le Boulevard du 30 juin, prêts à détaler à la moindre vue des éléments des forces de l‟ordre. Bref; la grande marche anti-révision constitutionnelle n‟a pas eu lieu. Encore des ratées. La marche de l'Opposition a échoué pour plusieurs raisons. D‟abord, le flou entretenu autour de l‟autorisation, par l‟Hôtel de Ville, de la manifestation. Jusqu'à vendredi 12 septembre, au soir, aucun ténor de l‟Opposition n‟était en mesure, comme c‟était le cas pour le meeting de Sainte Thérèse de N‟djili, début août, une copie de lettre d‟autorisation du Gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta. C‟est seulement plus tard, dans la soirée, que le ministère provincial de l‟Intérieur va réserver une fin de non-recevoir à la marche des opposants, au motif que la ville n‟était pas en mesure d‟assurer la sécurité de deux activités, à la fois. Voici la raison officielle. Deux manifestations, en effet, étaient prévues le 13 septembre. Dans son fief de Lemba, Lisanga Bonganga, avec son Front populaire, tenait un meeting anti-révision constitutionnelle. Au centre-ville, parallèlement, l‟Udps, l‟Unc et leurs alliés avaient choisi de battre le macadam. L'hôtel de ville a préféré autoriser le meeting de Lemba et interdire la marche de la gare centrale. Ensuite, les organisateurs ont multiplié des signes d‟incohérence et d‟indiscipline qui ne vont pas dans le sens de renforcer l‟unité de la plate-forme. Comme si la plate-forme “Forces politiques et sociales pour l‟unité d‟actions” n‟était pas constituée de bases solides. C'est comme si les différents acteurs de la plate-forme ont, chacun, un objectif précis qui n‟est forcement pas celui des autres. L‟idée qu‟on s‟en fait, c‟est que le groupe est bourré d‟individualistes dont certains ont un égo plus gros que le globe. Cela n‟apporte pas la preuve que l‟Opposition a, jusque-là, des difficultés à élaborer un programme commun. Que l‟Opposition a du mal à s‟organiser autour d‟un Chef, avec une stratégie bien ficelée de conquête du pouvoir d‟Etat. Qui plus est, l‟Opposition ne donne-t-elle pas l‟impression qu‟elle n‟a pas encore suffisamment travaillé sur l‟élaboration de mots d‟ordre mobilisateurs ? Pour mettre massivement les Congolais dans la rue, il ne suffit pas de les convoquer. Ne dit-on pas que ce qui met l‟homme en mouvement lui passe par le cerveau ? Peut-être que les organisateurs des marches réfléchiront deux fois avant de solliciter l‟appui du peuple. Le peuple congolais ne se lèvera jamais pour sauver les intérêts égoïstes des gens au pouvoir ou de leurs opposants. Le peuple congolais se mettra débout pour défendre ses propres intérêts. Selon toute vraisemblance, le débat actuel autour de la révision ou non de la Constitution n‟intéresse pas grand monde. L‟étendue du pouvoir, fait-on savoir, ne confère pas à celui qui le détient ou veut le détenir l‟art de s‟en servir.

 

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