On croyait que face aux risques importants d’une propagation de la fièvre jaune à Kinshasa, une mégapole de plus de dix millions d’habitants, les autorités sanitaires nationales engageraient une campagne de sensibilisation de grande envergure. L’on constate
malheureusement sur le terrain qu’une sensibilisation timide est actuellement menée dans la capitale par quelques organisations. Des observateurs craignent que ce genre de sensibilisation visant à faire prendre conscience à la population, des enjeux de cette épidémie pour Kinshasa et tout notre pays, ne puisse pas produire les effets
escomptés. Car avant fièvre jaune ne devrait pas être égal à la période de la fièvre jaune.
Dans toutes les communes, l’on note que les populations se comportent
comme avant que la fièvre jaune se soit signalée dans notre pays. Non
seulement les règles élémentaires d’hygiène ne sont toujours pas
respectées, mais l’insalubrité bat son plein dans la plupart des
quartiers où ont été aménagées de petites poubelles l’espace d’un
matin et des dépotoirs publics à ciel ouvert. Ces montagnes de
détritus, véritables nids des moustiques, qui exhalent des odeurs
nauséabondes et empestent l’atmosphère du matin au soir, sont vidés
une ou deux fois par semaine.
Faute d’une campagne de porte-à-porte ou des avenues, les habitants
se comportent comme si rien ne se passe à Kinshasa sur le plan
sanitaire. Les gens mènent leur train-train de vie comme par le passé.
Les cours d’eau qui traversent des quartiers continuent de recevoir
des charriots entiers d’immondices, des cadavres de chien et de chats,
et autres ordures ménagères. N’est-ce pas là un déficit de notions
d’hygiène auquel devrait s’attaquer la campagne de sensibilisation !
Pour bien d’observateurs, les campagnes vigoureuses et intensives
devraient être aux responsables des organisations et structures en
contact permanent avec la population. L’on gagnerait énormément en
efficacité, si ce sont les pasteurs et les prêtres des églises, les
bourgmestres, les chefs de quartiers, les directeurs des écoles, les
responsables de marchés totalement relayaient le message dans leurs
milieux.
Nécessité pour l’intensification de la campagne de sensibilisation
contre lépidémie
Limitée à quelques petits groupes d’individus, une telle campagne de
sensibilisation connaîtrait un faible taux de pénétration au sein de
la population kinoise. Sur un territoire à la taille d’un petit Etat,
composé de 24 communes qui s’étale du nord au sud, d’ouest en d’est,
Kinshasa avec sa population de plus de dix millions d’habitants,
mérite une campagne de sensibilisation intensive à laquelle devraient
être associés tous les médias. Des observateurs souhaiteraient que
pour mieux circonscrire l’épidémie, pendant qu’il est encore temps,
des panneaux sur des messages de prévention devraient arborer les
grands artères, et des spots publicitaires taperaient l’oreille dans
les chaines de radiodiffusion et chatouillerait l’œil dans des chaines
de télévision.
Il devrait en être de même dans la presse écrite où des bandeaux
devraient lancer des conseils de prévention sur la fièvre jaune et les
recommandations sur les principes élémentaires d’hygiène à observer
dans la ville de Kinshasa et les autres provinces.
Pour bien des observateurs, que la campagne de sensibilisation contre
la fièvre jaune se limite à quelques discours et à la distribution de
quelques toiles de moustiquaires imprégnés d’insecticide, risque de ne
pas atteindre les objectifs visés, notamment sensibiliser davantage
des masses, les amener à adopter de nouveaux comportements
hygiéniques, de respect de l’environnement et de la salubrité. Sans
oublier, la consommation de l’eau potable et l’assainissement de
certaines habitations.
Comme on le voit, les autorités sanitaires nationales ont tout
intérêt à lancer des campagnes de grande envergure auxquelles elles
pourraient associer des partenaires techniques et financiers et
réussir ainsi le défi de sensibilisation qui s’il n’est pas relevé
aujourd’hui, notre pays resterait toujours opposé aux risques majeurs
de propagation de l’épidémie, surtout pour la densité de la
population, la promiscuité dans les marchés, les arrêts de bus, les
transports, les églises et les écoles.
J.R.T.