En Ouganda, un veuf d'une cinquantaine d'années a affronté le crocodile mangeur d'hommes de plus de sept mètres de long qui avait dévoré son épouse enceinte de huit mois.
Parfois, un fait-divers rejoint la légende et le mythe. C’est le cas de l’aventure tragique et héroïque de Mubarak Batambuze en Ouganda relatée par BBC World News. Tel un moderne saint Georges, il a terrassé un «dragon» pour venger la mort de son épouse enceinte de huit mois.
Il y a quatre mois, Demeteriya Nabire s’est rendue sur les bords du lac Kyoga où les femmes des villages alentours viennent quotidiennement puiser l’eau qui sert à l’entretien de la maisonnée. Mais c’est la mort qui l’attendait sous la forme d’un monstrueux crocodile. Demeteriya a été horriblement déchiquetée et le bébé qu’elle portrait n’a pas survécu. D’après les habitants de la région, le crocodile, long de plus de sept mètres, n’en serait pas à sa première victime : il aurait déjà tué six femmes et enfants au cours des derniers mois.
Le monstre était sur la rive comme s’il attendait son adversaire
Terrassé par le chagrin pendant plusieurs semaines, Mubarak Batambuze a finalement décidé de se venger après avoir appris que le monstre avait fait une nouvelle victime.
Il s’est rendu chez le forgeron du village et lui a demandé qu’il lui fabrique une lance pour affronter son ennemi juré. Mubarak fournit des instructions très précises à l’artisan: il veut que la lance soit équipée de barbillons afin que l’arme reste enfoncée dans les chairs de l’animal.
Puis, accompagné de quelques amis courageux, il s’est rendu au bord du lac. Le monstre, facilement reconnaissable à sa taille démesurée, était sur la rive comme s’il attendait son adversaire. «Je songeais à ma femme et je n’avais pas peur de mourir» confie Mubarak à la BBC. Pendant que ses camarades détournent l’attention du crocodile en lui lançant des pierres, le veuf se précipite sur le reptile et lui perce le flanc de sa lance. Alors qu’il a plus de 50 ans, Mubarak fait preuve d’une force et vivacité à peine croyables. Il échappe de justesse aux terribles mâchoires et parvient à limiter les mouvements de l’énorme reptile en l’enroulant dans une corde. Malgré l’épieu planté dans sa chair et la corde qui l’entrave, le crocodile n’est pas vaincu. Le combat se poursuit pendant une heure et demi, jusqu’à ce qu’enfin, le saurien épuisé, expire.
Dans l'estomac du crocodile, des vêtements et des restes humains
Mubarak et ses compagnons ont ramené l’immense carcasse au village. Dans son estomac, ils ont découvert des vêtements et des restes humains. Mais plusieurs morts ainsi que celle de l’animal auraient sans doute pu être évitées. Les habitants des villages autour du lac Kyoga avaient averti à plusieurs reprises l’Uganda’s Wildlife Authority (UWA), l’organisme en charge de la gestion de la vie sauvage, qu’un crocodile menaçait la population locale dont la vie est indissociable de l’écosystème lacustre. L’UWA délocalise les crocodiles devenus trop dangereux dans des zones non peuplées. Mais, en cette occasion, les appels au secours des villageois sont restés sans réponse.
Quant à Mubarak Batambuze, bien qu’il ait été accueilli en héros, il n’a cure des témoignages d’admiration : «J’ai perdu mon épouse et mon enfant à naître. Au fond de moi, je suis un homme brisé» dit-il.