On le croyait admis à la retraite méritée après une longue carrière dans les banques commerciales privées avec comme point d’orgue la Banque Centrale du Congo. Que non ! L’homme a juste changé de siège pour se retrouver comme conférencier et animateur des forums internationaux financiers et bancaires. Jean-Claude MASANGU Mulongo, car, c’est de lui qu’il s’agit, se trouve depuis le week-end dernier à Kampala comme invité de la Banque centrale de ce pays pour animer une conférence sur les micro-finances. Où il va certainement croiser d’autres spécialistes dans ce domaine très prisé en ces temps des crises de confiance dans le système des crédits.
Convaincu que l’inclusion financière constitue un enjeu mondial pour le développement, l’ancien Gouverneur de la Banque centrale du Congo pendant près de seize ans va saisir cette occasion pour démontrer que près de 2,5 milliards d’hommes et femmes sur la planète terre n’ont pas accès à un compte en banque, au crédit, à une assurance, à un produit d’épargne, au transfert ou autre moyen de paiement. Ce crédo qu’il cultive depuis son entrée dans ce métier ingrat de banquier quitté. Il va donc l’exploiter à fond dès lors que ce créneau représente l’offre de services financiers de base pour des consommateurs généralement exclus du système financier et bancaire traditionnel.
Après ses études d’ingénieur civil mécanicien au Worcester Polytechnic Institue, Jean-Claude Masangu avait choisi, à la surprise de tous les siens, de s’inscrire à la fameuse Louisiana State University om il décrocha le diplôme très prisé de MBA of Finance en 1980. Une fois de retour au pays de ses ancêtres, c’est la Citibank, une banque américaine qui lui ouvrit ses portes et lui permit de gravir tous les échelons, pendant 16 ans et cinq mois, jusqu’au grade très envié de Directeur Général. La Citi est une multinationale américaine spécialisée dans les services bancaires et financiers. Dans ce secteur, Citibank est classée dans le top 10 au monde employant 332.000 personnes et disposant d’environ 200 millions des clients dans plus ou moins 100 pays au monde. Sa clientèle est composée des sociétés commerciales privées, des gouvernements et des institutions publiques.
Riche et longue expérience bancaire
A Kampala et face à un auditoire impitoyable et trié sur le voler, Jean-Claude Masangu aura fort à faire. Son expérience de quinze ans et dix mois à la tête de la Banque centrale du Congo, un pays à, peine sorti d’une longue guerre d’agression, sera l’un des points saillants des débats qui s’annoncent palpitants et intéressants. Pour rappel, il est entré dans cette banque au lendemain de l’avènement de l’Adfl au pouvoir à Kinshasa. Quelques quinze mois après, c’est la guerre du RCD caractérisée par une partition du pays avec ce que cela comporte comme conséquences sur le plan bancaire, financier, économique et social. Il va garder le cap jusqu’à la réunification en 2003 où les dirigeants des différentes entités politico-militaires vont lui renouveler leur confiance ne le maintenant au poste de gouverneur de la Banque centrale. Ce qui lui donnera l’occasion de transformer la Banque centrale pour en faire une institution moderne et de pointe jouissant d’une image de marque nationale et internationale.
Pendant son mandat, il va réaliser des réformes radicales qui ont permis de redonner une modernité et un dynamisme à la monnaie nationale et aux finances publiques congolaises. L’économie du Congo va se remettre sur les rails et retrouver la croissance. C’est fort de ces résultats qu’il va être désigné pour présider le groupe des vingt-quatre ou le G-24 qui regroupait à l’origine 130 pays en développement et émergents membres du Fonds Monétaire International et de la Banque Mondiale repartis dans les cinq continents. Le rôle de l’ancien gouverneur a été de défendre les projets de réformes des institutions internationales lancées à l’époque par Dominique Strauss-Kahn.
A Kampala, l’ancien gouverneur de la Banque centrale va certainement reprendre les points saillants de ses conférences tenues successivement à Londres en octobre 2013 sur le Financial inclusion 2020 A Global Forum, en juin à Dakar sur le forum du Partenariat making Financial work for Africana et en juillet à Lusaka sur le 3ème African Womens economic summit.
Cet auditoire de Kampala sera très attentif sur les questions des banques et finances dans la sous-région des Grands lacs, du fait que l’orateur y a joué un rôle déterminant en tant que Chairman, à deux reprises, de 2005 à 2006 et de 2012 à 2013, des Banques centrales membres de la CEEAC ou Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale et de l’Association des Banques Centrales Africaines. De 2010 à 2011, Jean-Claude Masangu a été chairmain des Banques membres de la SADC ou la Communauté de développement de l’Afrique Australe et de l’Association des Banques Centrales Africaines ou l’ABCA. Celles-ci, on le sait, est une organisation en charge de la mise en œuvre d’une banque centrale commune, à l’image de la Banque centrale Européenne ou BCE.
D’autres interventions sortiront certainement de ses cinq publications, à savoir « Pourquoi je crois au progrès de l’Afrique, crédo d’un Banquier Africain, Plan stratégique de la Banque Centrale du Congo » (Décentre 2010-2013), Plan stratégique de la Banque Centrale du Congo (Août 2014-2009), « La Banque Centrale du Congo : une rétrospective historique -55 ans (1951-2006) et Contribution à l’Assainissement du système financier congolais » (Août 1997- Août 2004).
F.M.