Après la première semaine consacrée aux confessions religieuses et organisations de la société civile, la seconde réservée aux partis, regroupements et personnalités politiques, les consultations initiées par le chef de l’Etat le 1er juin sont maintenant au niveau des institutions.
C’est le parlement, par la chambre basse, qui a ouvert le bal, hier mardi 16 juin. Joseph Kabila s’est ainsi entretenu avec les députés nationaux sous la conduite de leur président, Aubin Minaku. Lieu de rencontre : Cité de l’Union Africaine (UA).
Pendant pratiquement trois heures de temps, le chef de l’Etat s’est mis à l’écoute des députés nationaux qui s’exprimaient par groupes parlementaires. Une fois la ronde terminée, Joseph Kabila a réagi aux interventions de ses interlocuteurs.
Faisant la restitution aux journalistes qui couvrent les consultations du chef de l’Etat depuis le début, le président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a d’abord loué la patience du chef de l’Etat pour avoir permis à tous les groupes parlementaires présents à la rencontre de la cité de l’UA de s’exprimer.
Abordant les questions évoquées avec le chef de l’Etat, il a cité entre autres le découpage territorial avec à l’affiche l’installation de nouvelles provinces, le calendrier électoral, le dialogue, etc.
Concernant le découpage, le processus doit se poursuivre normalement en dépit des contraintes (technique, budgétaire, matérielle…) qu’on
Quant au calendrier électoral, Aubin Minaku a tenu à rappeler que son élaboration relève des prérogatives de la Ceni en tant que pouvoir organisateur des élections. D’où le soutien de son institution au calendrier global publié par la Ceni en février dernier.
Cependant, il a relevé la nécessité de vider d’abord les arriérés électoraux avant d’organiser de nouvelles élections. Cela veut dire qu’il faut d’abord organiser des locales, urbaines et provinciales qui n’ont jamais été organisées depuis 2006. Puis, viendront la présidentielle et les législatives qui n’ont pas d’arriérés.
Par ailleurs, pour donner à la Ceni l’instrument juridique dont elle a besoin pour organiser lesdites élections, la représentation nationale et le chef de l’Etat ont noté la nécessité de convoquer une session extraordinaire du parlement en vue de voter notamment la loi portant répartition des sièges.
Dans sa recherche de l’information pour mieux servir ses lecteurs, Le Phare a approché quelques députés ayant pris la parole dans la salle au nom de leurs groupes parlementaires. C’est dans ce cadre que les honorables Henri Thomas Lokondo des « Inscrits », Konde Vila Kikanda du « Groupe parlementaire du Renouveau, GPR », Ramazani Shadari du « Groupe parlementaire PPRD » se sont exprimés.
Lokondo pour la libération des membres de «Filimbi»
Prenant la parole au nom des «Inscrits», Henri Thomas Lokondo a réitéré son attachement au dialogue qui est un principe républicain pour régler pacifiquement les différends en politique.
Parlant des problèmes posés généralement par les groupes consultés, en l’occurrence le calendrier électoral et le découpage territorial, il a indique qu’il s’agit des questions constitutionnelles qui n’appellent pas de débat. Leur matérialisation suit la droite ligne de la Constitution.
Mais, a-t-il soulevé, il faut voir clair en ce qui concerne le budget. C’est pourquoi il a suggéré au chef de l’Etat de s’informer également auprès du gouvernement pour qu’il dise aux Congolais s’il dispose des ressources suffisantes pour ce faire. Sinon, rien ne se fera sans budget.
Sur un autre chapitre, il a plaidé pour qu’on libère les deux jeunes gens, Fred Bauma et Yves Makwambala, activistes de l’organisation « Filimbi » arrêtés en mars dernier. L’intervenant a fait voir au président qu’il serait injuste de continuer à les garder en prison pour leur simple affiliation aux organisations « Y en a marre » et « Balai citoyen », aussi longtemps que les responsables de ces dernières ont été relâchés et ont même regagné leurs pays où ils vivent en liberté.
Konde opposé à tout financement extérieur des élections
A son tour, le représentant du GPR a aussi réaffirmé son attachement au dialogue. Konde Vila Kikanda a souligné que lui et son groupe ne souscrivent pas au dialogue pour la circonstance actuelle», mais le dialogue est devenu notre mode de gestion. Depuis la première République, en passant par la seconde et autres Conférence nationale, Dialogue de Sun city… le dialogue a toujours été privilégié pour résoudre les différends». Et de déclarer que le dialogue se fait même dans les pays de vieille démocratie.
Parlant des élections, il a indiqué qu’il revient à la Ceni de fixer le calendrier des élections. Mais, en cas de blocage qui serait dû au budget, elle est censée le déclarer. Pour le moment, constate-t-il, la Ceni n’a jusqu’ici rien dit.
« Les élections sont une matière de souveraineté nationale. C’est le gouvernement qui doit les organiser », a-t-il insisté, soulignent qu’en acceptant un financement extérieur, on ouvre la porte automatiquement à l’ingérence. Parlent du découpage, il a conseiller la prudence, en sa qualité de premier gouverneur de la province du Nord-Kivu, issu d’un découpage sous Mobutu. A son avis, le pays n’a pas encore les moyens de soutenir pareille réforme.
Ramazani Shadari : « pas de facilitateur étranger »
Favorable au dialogue, le président du Groupe parlementaire PPRD a dévoilé l’objectif ou ce que cette rencontre devrait avoir comme contenu. Pour lui, le dialogue devra aider à prévenir les tensions, les conflits, éviter la violence avant, pendant et après les élections. Le dialogue devra également aider à créer un climat apaisé au pays en cette période électorale.
Concernant les élections, le président du groupe PPRD qui est en même temps Secrétaire général adjoint du parti présidentiel n’est pas d’accord avec ceux qui veulent qu’on commence par la présidentielle et les législatives nationales, et reporter à plus tard les élections primaires.
Pour Ramazani Shadari, on doit d’abord vider tous les arriérés qui remontent à 2006 et 2011, puis organiser la présidentielle et les législatives pour la suite.
Sur ce chapitre électoral, il a fait remarquer que ceux qui s’opposaient au recensement de la population, la réalité les a rattrapés, notamment en ce qui concerne l’enregistrement de nouveaux majeurs.
A ce sujet, il indique que les nouveaux majeurs ne doivent pas être pris en compte pour les locales et provinciales parce qu’il s’agit d’arriérés. Mais, ils le seront seulement pour la présidentielle et les législatives nationales à venir.
Quant au découpage, il salue et soutient le processus, avant de renseigner qu’il serait déjà en marche à l’Equateur et en Province Orientale.
Revenant sur le dialogue, particulièrement sur la question du facilitateur qui divise les protagonistes, R. Shadari s’y oppose farouchement car les élections sont une question de souveraineté nationale. S’il y a des problèmes, il revient aux Congolais eux-mêmes de s’asseoir autour d’une table en vue de trouver de solutions. Faire appel à un étranger serait brader la souveraineté.
Ce matin, ce sera le tour des Sénateurs d’être reçus par Joseph Kabila.
Dom