Kinshasa doit se préparer : Crise financière internationale ; le pire est à venir

Mercredi 10 février 2016 - 14:34
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Le Fonds monétaire international (FMI) l’a prédit depuis avril 2015. Georges Soros, le magnat américain de la Bourse, vient de le confirmer dans un forum organisé la semaine dernière au Sri Lanka, en Asie. L’économie mondiale est à la dérive. Elle est au bord d’une crise financière bien plus fatale que celle de 2008. En RDC, les conséquences de cette contraction sont déjà visibles. Les recettes publiques s’effritent. Un arbitrage s’impose. Pourvu qu’il y ait une réelle volonté politique d’aller de l’avant.

 

L‘année 2016 ne sera pas facile à gérer, aussi bien sur le plan politique qu’économique. Si en politique, le dialogue peine à faire l’unanimité en vue d’un processus électoral apaisé, en économie, de mauvaises nouvelles s’accumulent. Le gouvernement a été le premier à tirer la sonnette d’alarme. La Banque centrale du Congo a emboité le pas en faisant part de mauvaises perspectives en 2016. Et comme si cela ne suffisait pas, c’est de l’étranger que nous parvient de mauvaises prédictions sur un probable retournement de la situation économique mondiale qui pourrait être tout aussi fatale pour la République démocratique du Congo.

 

C’est Georges Soros, le milliardaire américain - le même qui a prédit la grande crise financière de 2008 - qui s’est chargé d’annoncer la mauvaise nouvelle depuis Sri Lanka, en Asie, où il participait jeudi dernier à un forum d’investisseurs. Ses prédictions sont apocalyptiques. Elles font état d’une détérioration de la situation qui pourrait déboucler sur une crise financière internationale d’une très forte amplitude. Georges Soros est sur les traces du Fonds monétaire international (FMI) qui présenté les mêmes craintes pour 2016.

 

La planète financière n’est pas à l’abri d’une nouvelle crise, prédisait le très réservé FMI dans son rapport sur la stabilité financière mondiale publié en avril 2015. Georges Soros est donc venu enfoncer une porte déjà entr’ouverte.

 

LES PAROLES PREMONITOIRES DE SOROS

Le spéculateur George Soros, qui avait tiré la sonnette d’alarme avant la crise de 2008, a estimé que tous les ingrédients d’une nouvelle dépression étaient réunis. « Quand je regarde les marchés financiers, je vois une situation sérieuse qui me rappelle la crise que nous avons eue en 2008 », a-t-il déclaré en indiquant que« Cela équivaut à une crise et nous en sommes au début ».

 

Selon lui, le danger viendrait de la Chine. Aussi met-il en garde : « La Chine a un très gros problème d’ajustement, de nombreux choix à faire et peut transférer ses problèmes au reste du monde en dévaluant sa monnaie et c’est ce qu’elle fait ». Le milliardaire américain a tout de suite demandé à ses employés de se montrer « très prudents» lors de leurs prochains placements financiers. C’est tout dire.

C’est qu’il y a vraisemblablement des nuages qui s’accumulent, annonçant de très très forts orages sur l’économie mondiale. Ces nuages font redouter le pire. Le tableau est sombre, bien plus sombre que personne ne sera laissé sur le trottoir. Tous ressentiront les secousses d’un tsunami économique dont des experts se réservent d’en estimer l’amplitude. L’on sait déjà, prédit-on, qu’elle sera bien plus élevée que celle de 2008.

Ce tableau sombre est complété par d’autres signaux, marqués par la chute de principales matières premières. Le baril du pétrole est à son plus bas. Il tourne autour de 30 Usd le baril. Le cuivre, principal produit d’exportation de la RDC, frôle la barre de 4.000 Usd la tonne métrique. Sans compter le cobalt, l’once d’or et d’autres matières premières. Si la chute du baril permet aux, pays consommateurs, comme la RDC, d’alléger leur facture énergétique, c’est néanmoins un indicateur du ralentissement de l’économie mondiale.

 

A ces alertes sur les marchés des matières premières s’ajoutent les difficultés pour les banques centrales de faire face à une nouvelle crise financière internationale. La plupart ont déjà épuisé toutes leurs cartouches pour soutenir la reprise économique et n’ont donc plus beaucoup de marge de manœuvre en cas de nouvelle crise. Tout est réuni pour une détonation financière à grande échelle. Ce qui devait, toutes choses restant égaies par ailleurs, aggraver la propagation d’une nouvelle crise financière à l’économie réelle.

 

LA RDC NE SERA PAS ÉPARGNÉE

Est-ce que la RDC est à l’abri de ce qui se profile à l’échelle mondiale ? Pas du tout. Dans une économie mondialisée, la RDC est un acteur comme tout autre. Rien ne devait l’épargner de la crise dont font part le FMI et Georges Soros. D’ailleurs, en RDC, les conséquences sont déjà visibles.

Compte tenu de l’ampleur de ce qui pourrait advenir à l’économie congolaise, le gouvernement a mis en place une batterie de 28 mesures urgentes pour contrer ces chocs exogènes.

 

Il faut se rappeler qu’entre 2008 et 2010, les conséquences de la crise financière internationale avaient été dramatiques en RDC. Les réserves en devises du pays en avaient pris un sérieux coup. C’était finalement grâce aux interventions de ta BAD (Banque africaine de développement) et du FMI que la RDC avait pu refaire son matelas de devises. Si une autre crise financière internationale survenait, les partenaires extérieurs ne seraient pas en mesure de sauver la RDC. Car, tous seraient, à l’instar des Banques centrales occidentales, en situation de sous-liquidités. C’est ce que prédit Georges Soros.

 

La RDC doit donc se préparer au pire. Le gouvernement a eu raison d’aborder courageusement le sujet. Mais, il faut faire plus. Il ne suffit pas de se limiter à une litanie de mesures. Le plus important est de les mettre en exécution dans un contexte politique apaisé.

Parce qu’« à court terme, nous serons tous morts », ironisait le brillant économiste britannique, John M. Keynes, il faut parer au plus pressé en mettant en place le plus rapidement possible un dispositif de riposte au niveau national.

 

Les régies financières devaient être la première cible. La DGDA, la DGI et la DGRAD, principales régies financières de la RDC, doivent être soumises à un régime drastique en vue de limiter le plus possible le coulage des recettes.

 

Car, en 2016 - année électorale par excellence - l’effritement des recettes publiques consécutives à une contraction de l’économie mondiale pourrait servir de prétexte à un quelconque report des élections. Pour rappel, en 2011, soit trois ans après la sortie de la crise financière de 2008, la RDC est parvenue dans un contexte économique difficile à organiser des élections. Cinq ans plus tard, elle est en mesure de rééditer l’exploit. Pourvu qu’il y ait de part et d’autre une réelle volonté politique de libérer a machine électorale.

LE POTENTIEL