LA BAD REFUSE TOUT APPUI BUDGÉTAIRE AU PREMIER: MATATA PONYO, LA GRANDE DÉSILLUSION

Vendredi 5 août 2016 - 12:50
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La RD-Congo traverse une passe extrêmement difficile. Beaucoup d’indicateurs économiques sont au rouge, contraignant ceux qui détiennent les cordons de la bourse à se tourner vers les instances financières internationales dans l’espoir de faire bénéficier le pays d’une grosse bouffée d’oxygène.

Les démarches amorcées en direction de la Banque africaine de développement -BAD- sont en train de se terminer en eau de boudin
C’est officiel. La Banque africaine de développement -BAD- vient de réserver une fin de non-recevoir à la demande pressante du gouvernement RD-congolais. Selon l’agence Bloomberg, la BAD affirme ne pas être en mesure d’apporter un soutien au budget du pays jusqu’à ce que les conditions politiques et structurelles requises soient remplies.

Toutefois, la BAD n’a pas rompu le pont car elle entend continuer à travailler avec l’Etat RD-congolais.
L’opinion se souviendra que, déjà au mois d’avril 2016 lors des Assemblées annuelles des Institutions de Breton Woods, le gouvernement Matata avait clairement exprimé ses préoccupations de pouvoir bénéficier des appuis budgétaires de ces bailleurs de fonds. Cette demande pressante de l’ordre de 100 millions de dollars Us au niveau de la BAD et de 500 millions de dollars Us de la Banque mondiale, devrait permettre à la RD-Congo de faire face au choc structurel découlant de la conjoncture économique internationale difficile, marquée notamment par la baisse des prix de matières premières ayant entrainé la réduction des revenus pour les quatre premiers mois de 2016, selon l’agence de presse américaine Bloomberg, reprise par le site RD-congolais zoomeco.

Probable attente du décaissement
Devant les élus du peuple, lors des débats sur le projet de loi budgétaire rectificative en mai dernier, le Premier ministre affirmait qu’il s’agit bien d’une promesse faite par la BAD à son gouvernement. «Une mission de la BAD est attendue dans les prochaines semaines à Kinshasa pour y exercer la possibilité d’accélérer le processus de ce dossier par les instances des décisions de la BAD», avait-il annoncé. Toutefois, cet appui budgétaire de la BAD était assorti de l’exigence de la signature préalable d’un accord des financements à cet effet.
Analysant différents paramètres devant influencer dans un sens comme dans un autre la décision de cette institution continentale, Matata Ponyo, optimiste, gardait encore l’espoir de décrocher cette manne financière. C’est ainsi qu’il a déclaré: «Si aucun obstacle ne survient, le décaissement peut intervenir avant la fin de l’année en cours».
Motivation du refus de la BAD
Le climat politique en RD-Congo demeure incertain. Or, l’argent a peur du bruit. C’est ce qui pousse différents investisseurs potentiels et autres partenaires crédibles à s’entourer des garanties suffisantes avant de s’engager dans le décaissement des fonds sollicités par le gouvernement RD-congolais par les temps agités qui courent.

La BAD reste fidèle à ses engagements et entend continuer à allouer des fonds à l’infrastructure, à l’agriculture et aux projets d’intégration régionale. Elle se dit cependant incapable de fournir un appui budgétaire au gouvernement tant que l’avenir politique immédiat de la RD-Congo demeure incertain. Grande désillusion pour le Premier ministre Matata Ponyo.
C’est clair. «Certaines questions doivent être méthodiquement traitées afin d’ouvrir la voie à une assistance plus structurée, coordonnée et suffisamment complète des partenaires du pays», a déclaré le représentant résidant de la BAD en RD-Congo, Sylvain Maliko, à l’agence de presse Bloomberg. En réalité, le refus d’allouer cet appui budgétaire au gouvernement Matata plonge ses racines dans l’incertitude liée aux fortes tensions politiques à la période pré-électorale.

Ces convulsions politiques assombrissent l’avenir proche et empêchent les donateurs de répondre positivement à l’appel de la RD-Congo pour une assistance appropriée.
Efforts remarquables mais insuffisants du gouvernement Matata
Les efforts du gouvernement Matata sont certes remarquables, mais pas suffisants et méritent d’être accentués davantage.

Si l’Exécutif RD-congolais a réduit les prévisions de croissance économique du pays à 5,3% en juin 2016, à partir d’une estimation de 9% au début de l’année, les experts de la BAD indiquent qu’une réduction supplémentaire est possible. Ce, au regard du déficit budgétaire pour l’année qui se situait à 322 milliards de francs congolais -environ USD 339 millions- au 15 juillet dernier, selon la Primature.
«Le gouvernement a réagi promptement à l’effondrement des prix des produits de base en réduisant les dépenses et en essayant d’augmenter les recettes, mais les conditions sont toujours difficiles», a déclaré Maliko. Si les tendances récentes des indicateurs économiques persistent, elles vont placer la RD-Congo dans une position inconfortable avec le gros risque de se diriger droit vers une récession.

D’où la nécessité pour le gouvernement Matata de se donner une discipline de fer en optant pour une gestion rigoureuse dans tous les secteurs d’activités, avec un programme drastique clairement défini et budgétisé.

La même rigueur est recommandée aux acteurs politiques de toutes les composantes en vue de créer les conditions incitatives à l’attraction des capitaux nationaux et étrangers et autres financements substantiels en cette période cruciale où le pays en a grandement besoin.
AfricaNews

 

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