Pékin entend participer à la transformation du potentiel de la RDC en dynamique de développement , souligne le conseiller/Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères.
Pékin, vendredi 8 mai, 9h°°. Cinq responsables de médias rd congolais, en tête desquels le Président de l’Union nationale de la presse du Congo (UNPC) franchissent le portillon de l’imposant immeuble qui abrite le ministère chinois des Affaires étrangères. Dans ce saint des saints de la diplomatie de ce pays membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies et , par ailleurs deuxième puissance économique mondiale , le conseiller au département des Affaires africaines , qui nous reçoit , est tout sauf emprunté . Hu Changchun connait bien à la fois le Continent, les médias et l’univers francophone. Cet homme svelte comme le sont la plupart des chinois a officié à l’ambassade du Gabon pendant 3 ans dans les années 1990. Il s’est occupé, cinq ans durant, des médias à la chancellerie chinoise à Paris avec le titre de conseiller d’ambassade. C’est donc ce diplomate qui a déroulé les nouvelles mesures et orientations de la politique africaine de la Chine avec en prime les relations sino-congolaises.
Signe que la RDC est et demeure à l’agenda chinois, le conseiller/Afrique, Hu Changchun lâche : " la Chine est disposée à développer un partenariat stratégique avec la RDC ". Ces dernières années, note ce diplomate, les relations entre nos deux pays ont maintenu une bonne dynamique de développement. La Chine et la RDC ont mené une coopération fructueuse dans des domaines aussi variés que l’agriculture, la construction des infrastructures, l’énergie et les échanges humains, se réjouit-il. Ce, avant de relever que la Chine est devenue le premier partenaire commercial de la RDC et un investisseur important. En 2014, le volume commercial a été de 4,1 milliards USD. Soit une augmentation de 12,6%.
De fait, souligne Hu Changchun, les six domaines et trois réseaux énoncés par le Premier ministre pour la coopération avec l’Afrique sont aussi prioritaires pour la RDC. Dans le droit fil des principes édictés par le Président Xi Jinping, le Premier ministre Li Keqiang a défini six domaines de coopération que sont les transports, l’industrie, les finances, la lutte contre la pauvreté, les échanges humains ainsi que la paix et la sécurité.
Fort de ce champ de coopération défini par les plus hautes autorités chinoises, le Conseiller /Afrique cible trois domaines prioritaires par rapport à la RDC, à savoir l’exploitation des ressources et la construction des infrastructures ; le renforcement de la coopération dans les ressources humaines et l’amélioration des techniques agricoles.
Se basant sur l’expérience chinoise de ces 30 dernières années, Hu Changchun indique qu’il faut des routes pour créer de la richesse. Sans infrastructures, le développement n’est pas possible. Les entreprises chinoises possèdent des atouts sur le plan technologique et on a un bon début au niveau de l’exploitation des ressources et construction des infrastructures.
Concernant le deuxième domaine qu’est la coopération en matière des ressources humaines, le conseiller Afrique note que " c’est un point phare de notre coopération avec notamment 33000 étudiants venant de la RDC. Plus de 1000 cadres formés dans tous les domaines et l’octroi de 500 bourses aux étudiants congolais." Sur le front de l’agriculture, Pékin a construit un centre de démonstration des techniques agricoles.
La Chine envisage de promouvoir la coopération en matière de capacité de production. A cet effet, " nous pouvons être un bon partenaire pour l’industrialisation de la RDC ", renchérit le diplomate. "Aider à transformer le potentiel de la RDC en dynamique de développement, tel est notre objectif, conclut Hu Changchun.
Depuis 2009, la Chine premier grand partenaire de l’Afrique
Sous des dehors de modestie très chinoise, le poids diplomatique de Pékin va grandissant. Son rôle tout autant. Au grand bonheur des relations entre la Chine et les pays en développement en général et l’Afrique en particulier. Exégèse d’une mutation avec le Conseiller /Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères.
Une constante que répètent dans toutes les langues les officiels chinois : la Chine et l’Afrique sont liées par une relation d’amitié profonde. En Chine, personne n’ignore le rôle joué par l’Afrique dans les années 60 pour permettre à Pékin de recouvrer toute sa place au sein de l’ONU et du Conseil de sécurité.
Lorsque ce vendredi 8 mai, Hu Changchun déclare que le renforcement de la coopération avec les pays africains est un élément de la politique étrangère de la Chine, il est dans les fondamentaux de la diplomatie de son pays. Seulement, avec la fin de la bipolarisation, la Chine entend apporter sa contribution à la paix et au développement dans le monde. Et plus particulièrement en Afrique. " Sur le principe de non ingérence, la Chine participe aux efforts de paix et de sécurité sur le continent africain ", déclare Hu Changchun. " De tous les membres permanents du Conseil de sécurité, Pékin dispose du plus grand contingent de casques bleus, soit 26000 hommes " , renseigne t-il.
" Actuellement, note le conseiller /Afrique, le monde tend vers la multi polarisation. Les pays émergents gagnent en puissance ". L’influence du BRICS - cinq pays émergents à savoir Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud- s’est consolidée. Le droit à la parole des pays africains s’est accru. " Après la politique de réforme et d’ouverture, nous accordons davantage de soutiens aux pays africains car l’influence de la Chine s’est améliorée ", indique le conseiller /Afrique. Et ce diplomate de souligner l’avènement en 2000 du forum sino-africain dont une session se tiendra cette année. Depuis, note-il, la coopération stratégique entre la Chine et l’Afrique s’est bien développée.
Depuis 2009, la Chine est le premier grand partenaire de l’Afrique.
L’Afrique est la nouvelle destination de l’investissement avec, en 2014, 300 milliards en volume, soit une hausse de 14%. Le volume commercial a été de 220 milliards. Pour ce qui est des échanges humains, en 2013, 1,9 millions de chinois ont visité l’Afrique, soit une augmentation de 80%. Dans l’autre sens, 500000 Africains se sont rendus en Chine. A Pékin, souligne Hu Changchun, l’on est confiant en l’avenir des relations sino-africaines. " Notre communauté de destin et d’intérêt va se consolider " , parie le conseiller /Afrique.
En tout cas, à en juger par le nombre de visites des officiels chinois en Afrique et africains en Chine, nombre d’observateurs seraient enclins à souscrire au pari de Hu Changchun. En 2014, 13 chefs d’Etat et de gouvernement africains sont venus en Chine, rappelle le Conseiller /Afrique au ministère chinois des Affaires étrangères. Sans compter le nombre incalculable de ministres. En la matière, une prémonition de taille existe : en 2013, le Président Xi Jinping a réservé son premier déplacement extérieur à l’Afrique. Plus qu’un symbole, une volonté claire de faire de la relation sino-africaine, l’axe privilégiée de la politique étrangère de la Chine.
José NAWEJ, de retour de Chine